Nous avions déjà rendu hommage au grand réalisateur d’origine autrichienne (comme Erich von Stroheim) : Josef von Sternberg.
Entretiens avec Josef von Sternberg (Pour Vous 1929 et 1932)
Mais beaucoup de ses films étant très difficile à voir en France (encore plus en format DVD ou Blu-ray), il nous a paru important d’insister avec ce long article consacré à sa carrière. Que l’on songe qu’aucun éditeur n’a édité ici ces films majeurs du Muet que sont Les Nuits de Chicago ou Les Damnés de l’océan ! (même pas en VHS ??). C’est incroyable ! Comme si ce qu’il avait réalisé avant L’Ange bleu n’existait pas…
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Bref, cet article est paru dans la prestigieuse revue Cinéa, fondé par Louis Delluc, dont c’est l’un des derniers numéros. Malheureusement il n’est pas signé mais vu le peu de collaborateurs de cette revue, on peut raisonnablement penser qu’il est l’oeuvre de l’un de ses directeurs : Jean Tedesco ou Pierre Henry.
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Bonne lecture !
Les Grands réalisateurs : Josef von Sternberg
paru dans Cinea de septembre-octobre 1931
Parmi la foule nombreuse et éphémère des réalisateurs cinégraphiques mondiaux, il en est bien peu dont l’œuvre porte vraiment l’empreinte d’une personnalité. Toutefois, c’est le cas d’un Chaplin, d’un Stroheim, d’un Pabst, d’un René Clair.
C’est pourquoi il nous parait intéressant de retracer ici les étapes de la formation de la personnalité de l’un d’eux, Josef von Sternberg.
Comme son compatriote Stroheim, Sternberg est né à Vienne. Fils d’un industriel, il naquit en 1893 et n’avait que sept ans lorsque son père, ruiné, émigra aux Etats-Unis où l’avaient précédé plusieurs membres de sa famille. Le petit Josef alla tout d’abord à l’école communale de New-York. En 1905, il vint poursuivre ses études dans un lycée de Chicago, de sorte que son éducation fut purement américaine. Fin 1911, il revint en Europe pour y achever ses études aux Universités de Berlin et de Vienne, Le théâtre l’attirait déjà à cette époque et l’on rapporte qu’il fit même, pour s’amuser, de la figuration au Burg-Theatre de Vienne.
De 1914, année de son retour aux Etats-Unis, jusqu’à 1924, armée où il réalisa son premier film, nous ne savons qu’imparfaitement ce que fut son activité.
On dit qu’il fut tour à tour employé de commerce, ouvrier, contremaître dans une usine. D’autre part on sait qu’il composa, en anglais, des poèmes, des nouvelles, et même un roman Filles de Vienne, qui fut, parait-il, édité dans sa ville natale.
Ce qui est sûr, c’est qu’il s’intéressa de bonne heure à l’art naissant du film.
L’une des grandes oeuvres de Josef von Sternberg : Les Damnés de l’Océan avec Evelyn Brent.
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Vivant à New-York, il appartint successivement à l’ancienne succursale américaine de la Compagnie Eclair, à la Vitagraph, à la World Film. Son métier de réalisateur, il l’apprit en exerçant successivement l’emploi de figurant, chef de figuration, costumier, électricien, accessoiriste, directeur des éclairages — emploi inconnu en Europe, mais courant dans les studios américains et dont l’expérience devait par la suite l’aider puissamment.
Vers 1920, Sternberg vint de New-York à Hollywood, où le gros de la production se concentrait. Il y devint bientôt assistant-metteur en scène.
Quatre années durant, il exerça cet emploi pénible, mal rétribué et sana gloire, il collabora à d’innombrables productions réalisées par des hommes qui lui étaient la plupart du temps très inférieurs à tous égards. Malgré toutes ses déceptions, Sternberg vivait avec l’espoir de devenir un jour metteur en scène lui aussi et de s’imposer à son tour.
L’âpreté des rivalités, la strict hiérarchie copiée sur l’organisation militaire, l’insolence et la servilité pratiquées respectivement à l’égard des inférieurs et des supérieurs, tous les vices de ce petit monde des studios ont été découverts plus tard par von Sternberg dans Crépuscule de Gloire avec l’âpreté d’un homme qui en a personnellement souffert.
A force de vivre parmi les prolétaires du cinéma, il acquit une érudition photogénique peu commune. Il fut bientôt en mesure d’apprécier infailliblement les qualités photogéniques de chaque visage, de chaque corps, « Il me suffit, déclare-t-il, de voir un homme deux minutes pour dire s’il est capable ou non de faire du cinéma ».
Mais nous voici en 1924. Josef von Sternberg va enfin pouvoir — avec des moyens de fortune — réaliser son premier film.
L’une des grandes oeuvres de Josef von Sternberg : Les Damnés de l’Océan avec Georges Bancroft.
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Voici comment se décida la réalisation de The Salvation Hunters (c’est le titre du film). George K. Arthur, un jeune acteur anglais qui avait tourné à Londres, pour la Stoll, le Kipps de Wells, était venu chercher fortune en Californie. Là, il s’était vite trouvé sans emploi, après avoir paru dans un seul film, Hollywood, de James Cruze, où il interprétait le rôle du fiancé campagnard.
C’est alors qu’il eut l’idée de composer un scénario comportant un rôle intéressant pour lui, et de le tourner purement et simplement lui-même. Le scénario composé, il demanda à Sternberg d’en écrire le découpage.
Les idées de scénario de G. K. Arthur ne devaient pas être bien remarquables, car cinq jours plus tard, Sternberg lui rendit son manuscrit et lui proposa un scénario de sa composition ; c’était l’idée première des Salvation Hunters.
Cette idée était venue à Sternberg alors qu’il se trouvait dans le port de San-Pedro, à trente kilomètres de Los Angeles, Là, parmi les éclaboussures de fange, il avait contemplé le travail d’une grue dont la benne, pesant neuf tonnes, transportait de la boue extraite du fond d’un canal vers la berge où elle la déversait. A ce spectacle assistaient tout une galerie d’être misérables, vraies épaves humaines. La boue de la vie était partout, s’était incrustée dans l’âme de ces hommes. La boue serait le symbole du film de Sternberg, Le jeune homme, la jeune femme, l’enfant que l’on verrait dans son film sortiraient d’une boue pour aller s’empêtrer dans une autre boue ; le film aurait pour thème la lutte d’un groupe de personnes pour s’évader d’une ambiance néfaste.
Mais si Sternberg avait toute l’inspiration et tout l’enthousiasme voulus pour mener à bien son projet, il manquait de capitaux. A, George K. Arthur, promoteur du projet, fut confiée la tâche délicate de réunir les capitaux. On fixa la somme minima indispensable à cinq mille dollars.
G. K. Arthur commença par diviser cette somme en seize « parts » de 281 dollars (soit 4.496 dollars) et avança le reste sur ses propres économies ! Il allait s’agir d’intéresser suffisamment au film seize personnes pour qu’elles consentissent à le financer.
II n’y parvint qu’après de longues démarches ; mais, ayant fini par vendre une de ces parts de capital à Robert Mac Intyre, directeur des distributions aux studios Goldwyn, Arthur avait trouvé une référence qui le servit beaucoup auprès des commanditaires possibles des autres parts.
Les jeunes audacieux louèrent alors un studio pour cinq jours ; c’était le vieux studio Asher, à peu près désaffecté. On utilisa d’anciens décors très simples qu’ils meublèrent eux-mêmes avec ce qu’ils possédaient. Le studio leur fut compté soixante-seize dollars par jour, la lumière et le personnel étaient comptés en plus.
L’interprétation ne comprenait que des amis de Sternberg et Arthur, intéressés eux aussi à la réussite du film. C’était Georgia Hale, une simple figurante qu’on n’avait guère pu voir auparavant que dans un film de Madge Bellamy où elle avait obtenu un petit rôle ; Otto Matiesen, un jeune artiste danois qui avait été distingué auparavant par Rex Ingram, qui lui avait confié un petit rôle dans Scaramouche ; Nelly Bly Baker, l’étonnante masseuse de l’Opinion Publique ; le petit Bruce Guérin ; et enfin George K. Arthur dans le principal, rôle masculin.
Mais le réalisateur voulait « un nom » dans sa distribution. On parvint à décider Stuart Holmes, « villain » notoire à prêter son concours — rétribué — à l’œuvre commune. On l’engagea pour une journée, une journée qui commença à huit heures du matin et finit à minuit, et au cours de laquelle on lui fit tourner toutes les scènes où son personnage devait paraître. Holmes avait consenti à tourner, mais à condition d’être payé comptant ; ce fut fait, mais, humoriste malgré tout, G. K. Arthur le paya en dollars d’argent, et non en billets ; et ce salaire était de cent dollars…
N’ayant pas le moyen de rengager pour une autre journée, Sternberg dut employer un amusant subterfuge pour faire paraître Holmes tout de même, en dépit de son absence, dans quelques scènes qu’on n’avait pu tourner. Il revêtit lui-même un costume à peu près identique à celui de l’artiste et, c’est l’ombre de Stuart Holmes qui parut dans les scènes qui restaient à tourner.
Un grand nombre de figurants parurent dans The Salvation Hunters ; et pourtant ils prêtèrent gracieusement leur concours au réalisateur. Il est vrai qu’ils ne le savaient pas, étant filmés à leur insu, par une ouverture pratiquée dans la palissade d’un kiosque de l’antique Plaza espagnole de Los Angeles.
Le film achevé, Sternberg, Arthur et leurs camarades connurent de pénibles heures, car nul ne voulait de leur film. Enfin, par l’intermédiaire de Nelly Bly Baker, The Salvation Hunters furent projetés devant Charlie Chaplin, qui, enthousiasmé, montra à son tour le film à Douglas et Mary. Il fut décidé que le film serait édité par leur société, les United Artists.
Tandis que Georgia Bale était engagée par Charlie Chaplin, qui en fit sa partenaire dans La Ruée vers l’Or et George K. Arthur par Metro-Goldwyn, Josef von Sternberg entrait en pourparlers avec Mary Pickford pour lz réalisation de la nouvelle production de celle-ci.
Les pourparlers, après quelques mois, n’aboutirent pas, la personnalité de Sternberg et celle de Mary n’étant pas de celles qui pouvaient s’accorder. Sternberg entra donc à son tour chez Metro-Goldwyn.
Ceci se passe durant l’été de 1925. On lui donne tout d’abord à diriger la réalisation de The Escape, avec Conrad Nagel, Renée Adorée et Paulette Duval, film dont l’action se déroulait en France.
Fin 1925, la M. G. M. confie à Sternberg la réalisation de The Masked Bride, avec Mae Murray et Francis Bushman, film dont l’atmosphère est également parisienne.
De même que Stroheim lorsqu’il la dirigeait dans La Veuve Joyeuse, Sternberg ne peut s’entendre avec Mae Murray et finit par laisser un autre metteur en scène, Christy-Cabanne, achever le film à sa place.
Dans les premiers mois de 1926, Sternberg tourne aux studios Metro-Goldwyn un troisième film, dont l’action se déroule une fois de plus à Paris. C’est The Exquisite Sinner.
Durant l’été de 1926, Sternberg quitte la Metro-Gooldwyn.
Charlie Chaplin lui a offert de diriger le deuxième film dramatique d’Edna Purviance (le premier fut L’Opinion Publique). Sternberg accepte et prépare un scénario ; ce sera The Sea Gull (La Mouette).
Six mois phis tard, au début de 1927, Sternberg part pour l’Allemagne, Brouillé avec la Metro-Goldwyn, brouillé avec Chaplin qui, mécontent du film, a décidé de ne pas l’éditer, Sternberg passe plusieurs mois à essayer de tourner en Allemagne, mais, sans succès.
Une scène du dernier film de Josef von Sternberg : Une Tragédie Américaine avec Sylvia Sydney.
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En avril 1927, il revient à Hollywood et a la chance de trouver un engagement chez Paramount, qui lui confie la réalisation d’Underworld (Les nuits de Chicago).
Le succès de ce film fut énorme, tant en Amérique qu’en Europe. Outre Sternberg, ce film « lança » définitivement George Bancroft, qui n’avait jusqu’alors eu droit qu’aux rôles de second plan.
Le deuxième film de Sternberg pour Paramount fut The Last Command (Crépuscule de Gloire), avec Jannings et Evelyn Brent.
Au début de 1928, Sternberg tourna The Drag Net (La Rafle), avec Bancroft et Evelyn Brent. Ce film, sorte de réplique aux Nuits de Chicago avec, cette fois, Bancroft dans un rôle de policier, n’était pas de la même valeur que son devancier.
Entre temps, Sternberg avait composé, en collaboration avec Benjamin Glazer le scénario de The Street of Sin dont les premiers rôles étaient tenus par Jannings et Fay Wray et dont le regretté Mauritz Stiller, assuma la réalisation.
C’est aussi Sternberg qui fut prié par la Paramount de reprendre le montage définitif de The Wedding March de Stroheim. Ce dernier avait, en effet, tourné environ trente mille mètres et ne pouvait se résoudre à pratiquer dans son oeuvre les multiples coupures qui auraient permis d’arriver à un métrage permettant de passer le film en une ou deux représentations. Sternberg parvint toutefois à tirer de cette montagne de pellicule deux films d’environ deux mille mètres, qui ont ensuite reçu une synchronisation musicale sur disque et que nous avons en France sous les titres : La Symphonie Nuptiale et Mariage de Prince.
Inutile d’ajouter que cette solution n’a pas satisfait Stroheim… et que Sternberg et lui, quoique compatriotes, ne sont pas précisément dans les meilleurs termes.
Une scène du dernier film de Josef von Sternberg : Une Tragédie Américaine avec Sylvia Sydney et Philips Holmes.
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Fin 1928, Sternberg réalise ce qu’il faut sans doute considérer comme son chef-d’œuvre : The Docks of New-York (Les Damnés de l’Océan), scénario de John M. Saunders, avec Bancroft et Betty Compson.
En 1929, c’est The Case of Lena Smith (Le Calvaire de Léna X…), l’un des films les plus curieux de Sternberg en ce sens qu’il parvint à rafraîchir le thème pourtant rebattu de la fille-mère et de ses malheurs. Ce film était interprété par Esther Ralston, James Hall et Seyffertitz.
Fin 1929, le film parlant s’est imposé en Amérique. Sternberg s’y essaie avec un film nettement reminiscent des Nuits de Chicago ; c’est Thunderbolt, avec Bancroft, Fay Wray et Richard Arlen. Nous avons vu ce film en version muette sous le titre l’Assommeur.
Disposant en 1930 de six mois de vacances, Josef von Sternberg en profite pour aller à Berlin, où la U.F.A. et Erich Pommer lui demandent de réaliser le premier film parlant allemand de Jannings. Ce sera Die Blaue Engel (L’Ange bleu), adapté du roman de H. Mann, avec Marlène Dietrich dans le rôle de Lola-Lola,
Sternberg, qui avait déjà lancé Bancroft contribua de la même façon au succès foudroyant de Marlène Dietrich.
L’an dernier, Sternberg l’amenait à Hollywood et lui faisait tourner deux films : Morocco et Dishonored.
Morocco, qui a reçu en France le titre ronflant de Cœurs Brûlés, compte parmi les très bons films de Sternberg et a pour vedettes, outre Marlène Dietrich, Gary Cooper et Menjou.
Dishonored est plutôt de la veine de Calvaire de Lena X.. C’est un bon film moyen qui permet à Marlène Dietrich d’affirmer ses brillantes qualités.
Josef von Sternberg au travail. Aux studios Ufa de Berlin, pendant la réalisation de l’Ange Bleu.
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Le tout dernier film de Sternberg est An American Tragedy, adapté de l’œuvre de Théodore Dreiser. Ce scénario fut d’abord proposé par Paramount au fameux réalisateur russe Eisenstein ; il en prépara un découpage qui accusait encore le côté politique de l’œuvre et en faisait un film de propagande anti-capitaliste qui eut comblé d’aise Moscou.
La Paramount confia donc à Sternberg le soin d’en faire un film dramatique, mais sans tendances. C’est ce que ce dernier vient de réussir à la perfection, paraît-il. Son film est interprété par Philip Holmes et Sylvia Sydney. Cette dernière — révélée par le City Streets de Mamoulian — confirme dans An American Tragedy des dons dramatiques de premier ordre.
Josef von Sternberg au travail. En conférence avec Jannings et Erich Pommer.
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Josef von Sternberg est au physique, un être plutôt petit, voûté, de tempérament maladif. Avec son cou toujours enfoncé dans quelque vaste fourrure, ses moustaches dédaigneuses et tombantes, ses cheveux désordonnés, flottant autour de ses yeux bridés au regard pointu, un tantinet sournois, il fait penser à quelque cérébral asthmatique.
Il est évident que, au physique comme au moral, les dures années de début, les déboires, la gêne dans laquelle il a longtemps vécu, ont laissé sur cet homme une empreinte durable.
La fatalité rôde dans ses films, traverse les bouges crasseux, les ruelles sombres, les quais brumeux et froids, parmi l’ivresse et la bestialité. Dramaturge puissant, il jette un regard pitoyable vers une humanité déchue ou misérable et découvre au milieu des pauvres, des réprouvés et des fous, un peu d’amour et de bonté. Son art lourd, chargé de haine, porte le sceau de la détresse et du malheur. Il atteint à une densité remarquable grâce à son génie puissant, robuste, violent parfois, mais qu’une architecture solide, savamment équilibrée maintient dans une rigueur toute classique. Outre cela, Sternberg manifeste une maîtrise incomparable dans le maniement des lumières, dans la composition des éclairages et crée une plastique étonnante qui ajoute singulièrement à l’expression de ses idées.
Josef von Sternberg au travail. Pendant la réalisation d’un extérieur d’Une Tragédie Américaine ; au volant Frances Dee et Philips Holmes.
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Josef von Sternberg est sans conteste l’un des grands réalisateurs d’aujourd’hui et ses films consolent ceux qui aiment le cinéma de l’actuelle médiocrité des productions du film trop parlant.
D‘ailleurs, Sternberg n’a-t-il pas déclaré à ce sujet :
« Les paroles ne sont rien de plus que l’orchestration d’un film. Elles ne devraient être utilisées que comme des notes de musique, leur importance ne devrait pas dépasser celle d’une draperie, par exemple. C’est ainsi que dans l’Ange bleu, il n’y avait pas un seul mot que le spectateur fût censé devoir se rappeler ».
Une scène de Morocco.
Et, à propos des films à thèse soviétiques :
« Je ne crois pas qu’une œuvre d’art doive jamais prêcher une doctrine quelconque. Une œuvre d’art doit se suffire à elle-même.
« Les fleurs qui nous entourent n’apportent aucun « message », comme disent les Américains. Elles poussent au hasard, sans raison, à l’ombre, au soleil. En plein champ ou dans notre intérieur, elles se suffisent à elles-mêmes. Je les mets dans un vase et leur donne une signification, cette signification est dans mon esprit et non en elles…
« C’est ainsi que tout film devrait être. L’Ange Bleu par exemple, n’avait pas de signification particulière. C’était une histoire. Un million d’esprits lui donneront un million de significations. Ce n’est pas à moi de les influencer. L’œuvre d’art idéale est une toile blanche, sur laquelle chaque imagination, à son tour, viendra peindre sa propre image… ».
Non Signé (Jean Tedesco ou Pierre Henry ?)
Gary Cooper et Marlène Dietrich dans Morocco.
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Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Pour en savoir plus :
La notice biographique sur Josef von Sternberg sur le site de Ciné-Ressources.
Exceptionnelle masterclass en 1969 de Josef von Sternberg (archive de la télévision belge).
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“Josef von Sternberg : surfaces et sortilèges”. Conférence de Jérôme Momcilovic (2016) à La Cinémathèque française sur Vimeo.
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Les Nuits de Chicago /Underworld (1927) est disponible en intégralité sur Youtube.
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Les Damnés de l’océan /The Docks of New York (1928) est disponible en intégralité sur Youtube.
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Analyse (en anglais) du sens de la mise en scène chez Josef von Sternberg par Laura Ivins.