Au début de l’année 1929, le journaliste Georges Charensol, l’auteur de Panorama du Cinéma (l’un des premiers ouvrages encyclopédique sur le cinéma) publia dans la revue Pour Vous une série de trois articles sur les Salles d’exception.
Georges Charensol parle de l’émergence de ces salles spécialisées, appelés plus tard salles d’art-et-essai, qui popularisèrent auprès des cinéphiles ces grands films qui sont restés dans l’histoire du cinéma ainsi que ceux qui ont fait partie de l’avant-garde ou “cinéma pur“.
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Dans cette série d’articles, Georges Charensol évoque ces salles emblématiques dont la plupart ont disparu :
le Ciné-Opéra, 8 boulevard des Capucines, 75009,
le Carillon, 30 boulevard Bonne-Nouvelle, 75010,
le Vieux-Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, 75006,
le Studio des Ursulines, 10, rue des Ursulines, 75005,
et le Studio 28, 10, rue Tholozé, 75018.
Signalons que les deux derniers existent toujours !
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Nous avons ajouté un autre article paru quelques mois après dans lequel Georges Charensol évoque d’autres “salles spécialisées” :
le Studio Diamant, 2 avenue Portalis, 75008 (géré par le cinéaste Henri Diamant-Berger),
l’Oeil de Paris, 4bis rue de l’Etoile, 75017,
et les Agriculteurs, 8 rue d’Athènes, 75009.
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Quelques années plus tard, Georges Charensol sera le co-fondateur du prix Louis Delluc, et participera à la fameuse émission Le Masque et la Plume avec Jean-Louis Bory.
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Nous vous renvoyons vers le site officiel de Georges Charensol qui contient de nombreuses informations sur sa longue carrière, même s’il est assez daté maintenant.
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Pour finir, nous avions publié cet article de Georges Charensol sur le cinéma en couleurs au printemps 2018 :
Enquête sur le cinéma en couleurs par Georges Charensol (Pour Vous 1938)
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Bonne lecture !
Salles d’exception par Georges Charensol – part 1
paru dans Pour Vous du 24 Janvier 1929
Salles d’exception. Cinémas d’avant-garde. Ces mots n’avaient aucun sens il y a quelques années. Le changement hebdomadaire des programmes dans tous les cinémas de France semblait alors un dogme intangible. Quand un Louis Delluc, un Jean Morizot :— pour ne citer que les disparus — insinuaient que le succès d’un film pourrait peut-être commander le nombre de ses représentations, les directeurs des plus somptueuses salles boulevardières eux-mêmes haussaient les épaules.
Ces temps, qui nous paraissent préhistoriques, ne sont vieux pourtant que de cinq ou six années.
C’est en 1922, en effet, qu’un directeur, bravant le mépris de ses confrères, osa composer un programme qui ne fût point un de ceux que les grandes firmes distribuent en série chaque vendredi.
Ce directeur était celui d’une petite salle du boulevard des Capucines qui se nommait le Ciné-Opéra.
Le retentissement qu’avait eu en Allemagne les recherches des expressionnistes commençait alors à passer la frontière. Une des bandes les plus représentatives de ces tentatives fut importée en France, et c’est au Ciné-Opéra, au mois de mars 1922, sous le nom du Cabinet du Docteur Caligari, qu’elle fut présentée aux Parisiens.
Le public restreint qui avait accueilli avec enthousiasme Le Lys brisé, Une Idylle aux Champs et les premiers films suédois, commençait alors, grâce aux efforts de quelques critiques groupés, pour la plupart, autour de Cinéa et de Bonsoir à manifester sa vitalité. Le succès que cette jeune élite fit à Caligari fut tel que le film de Robert Wiene resta durant plusieurs mois à l’affiche du Ciné-Opéra.
Le premier étonnement passé, on songea à exploiter cette veine imprévue. Les voyages outre-Rhin se multiplièrent, et les bonnes affaires aussi : le premier acheteur des Trois Lumières revendit cette bande avec quelque cinq cent pour cent de bénéfices à la firme qui l’exploita au Madeleine-Cinéma, alors naissant.
Le Ciné-Opéra n’eut garde de laisser fuir le succès. Sans trop se préoccuper de la valeur esthétique des films, il s’efforça de découvrir des œuvres curieuses, capables de satisfaire un public qu’on croyait seulement épris de sensations violentes et de drames grand guignolesques. Il se trouva que, parmi les bandes répondant à cette définition, plusieurs constituaient d’incontestables chefs-d’œuvre, en particulier : La Rue, de Carl Grüne ; La Nuit de la St.-Sylvestre, de Lupu-Pick — qui reste, peut-être, la plus haute expression du film allemand — et Le Docteur Jekyll et M. Hyde, bande américaine, dans laquelle John Barrymore fit sa plus saisissante création.
Le succès ne semblait pas devoir abandonner cette petite salle à laquelle les amis du cinéma doivent tant de joies quand, dans l’été de 1924, le Ciné-Opéra disparut : le vestibule de stuc vert était remplacé par les étalages envahisseurs d’un grand magasin.
Mais cette succession ne resta pas longtemps ouverte ; bientôt une autre salle, récemment installée sur les ruines d’un cabaret de chansonniers, s’efforça de renchérir encore sur le parti-pris d’étrangeté du Ciné-Opéra. Si le Carillon ne doit pas laisser dans notre souvenir des traces aussi profondes que son aîné, cela tient sans doute à ce que la première nouveauté du film allemand était alors à peu près épuisée. L’expressionnisme montrait la corde et l’on en était réduit à sortir des bandes de second ordre comme Raskolnikoff ou le Golem. Il y aurait quelque injustice pourtant à ne pas signaler que c’est au Carillon que nous pûmes revoir maints films remarquables que nul alors ne songeait à rééditer.
Grâce à ces deux salles, la preuve était faite qu’il était possible de garder, plusieurs semaines durant, le même programme, et qu’il existait un public important pour les œuvres d’exception. C’est ainsi que timidement d’abord, puis avec plus d’assurance, les palaces du boulevard entrèrent dans la voie qui devait les conduire aux deux milles représentations consécutives de Ben-Hur.
La partie fut définitivement gagnée quand M. Jean Tedesco transforma en cinéma le Vieux Colombier et s’y maintint si bien que Myrga et Tallier purent ouvrir, avec un succès non moins grand, leur Studio des Ursulines, annonçant ainsi le Studio 28, les Agriculteurs et le Studio Diamant.
On a déjà beaucoup parlé du rôle que jouent ces diverses salles : d’une part, elles constituent le laboratoire dans lequel les essais les plus hasardés peuvent se manifester ; elles remplissent au cinéma le rôle que tient au théâtre L’Atelier ou la Comédie des Champs-Elysées. C’est là que débutèrent Cavalcanti, Chomette, Autant-Lara, Grémillon, Lacombe et d’autres. Désormais, un cinéaste point trop ambitieux peut espérer amortir les frais d’un film quel qu’il soit.
D’autre part, tant d’œuvres étrangères auxquelles leur caractère exceptionnel interdisait l’accès des salles populaires : Les Rapaces, Figures de Cire, ou qui eussent passées inaperçues dans la production courante : A girl in every port, Club 73, purent ainsi toucher le public auquel elles étaient destinées.
Charensol
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Salles d’exception par Georges Charensol – part 2
paru dans Pour Vous du 21 Mars 1929
SI la création de ces cinémas spécialisés, que nous avons appelés dans un récent article « Salles d’exception » est récente, leur importance ne doit pas se mesurer à leur ancienneté. L’évolution du cinéma est si rapide que ces salles, dont hier on ne pouvait prévoir la création, connaissent aujourd’hui le plus grand succès, et auront sans doute demain une action réelle sur la production cinégraphique.
On ne saurait donc trop louer M. Jean Tedesco d’avoir eu la hardiesse de transformer dès 1924 le théâtre du Vieux-Colombier déserté par Jacques Copeau, en salle de projection. Pour hasardée qu’elle fût, son entreprise connut un rapide succès qui ne s’est point démenti durant ses quatre années d’existence. Si bien que Jean Tedesco a pu développer son action et fonder un théâtre de prise de vues dans lequel furent tournées quelques documentaires et La Petite Marchande d’allumettes.
Il n’est pas douteux que Jean Tedesco ait surtout porté ses efforts du côté du répertoire. Il a si bien réussi que le Vieux-Colombier est rapidement devenu une sorte de Comédie-Française du film, dans laquelle on va revoir Caligari, Zorro ou L’Opinion publique, tout comme les amateurs de classique vont écouter Phèdre, Le Mariage de Figaro ou les Caprices de Marianne.
Le Vieux-Colombier est aussi un peu la maison de Charlot. Il a passé une douzaine de films de l’auteur du Cirque, et il n’est pas rare de voir sur une copie de L’Emigrant ou de Charlot fait une cure, passant dans une salle de quartier avec la mention : « Répertoire du Vieux-Colombier ».
Parmi les oeuvres que nous eûmes une joie particulière à revoir, citons, pour l’Amérique : Zorro avec Douglas ; L’Opinion publique et La Ruée vers l’Or de Chaplin ; Comédiennes de Lubitsch ; Le docteur Jekyll avec John Barrymore ; Le Lys brisé de Griffith ; Chang ; Les Nuits de Chicago de Sternberg. Pour l’Allemagne : Caligari de Robert Wiene ; Le Rail et La Nuit de la Saint-Sylvestre de Lupu-Pick ; Les trois Lumières et La Mort de Siegfried de Fritz Lang. Pour la Suède : Le Trésor d’Arne de Stiller ; La Charrette fantôme de Sjostrom. Pour la France : Cœur fidèle et La Belle Nivernaise de Jean Epstein ; Crainquebille de Feyder ; Un Chapeau de paille d’Italie de René Clair.
L’actif du Vieux-Colombier, au titre des œuvres nouvelles, est moins imposant.
Toutefois c’est dans cette salle que le nom de Jean Grémillon nous fut révélé avec Tour au large, celui de Marc Allégret avec Le Voyage au Congo ; celui d’André Sauvage avec La Traversée du Grépon et Les Images de la Grèce.
Le cinéma romanesque nous a donné au Vieux-Colombier : Ménilmontant de Kirsanoff ; En Rade de Cavalcanti, et l’Horloge de Marcel Silver pour la France. Hors de France : Le Canard sauvage et Le dernier Fiacre de Lupu-Pick ; Les Figures de Cire de Léni ; L’Etudiant de Prague d’Erick Galien ; Le Démon des Steppes de Scheffer.
J’ai nommé tout à l’heure la charmante fantaisie que Jean Renoir et Jean Tedesco réalisèrent d’après Andersen : La Petite Marchande d’allumettes.
Charensol
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Salles d’exception par Georges Charensol – part3
paru dans Pour Vous du 28 Mars 1929
Si le Vieux-Colombier s’est surtout attaché aux œuvres du répertoire, e’est peut-être parce que son public aime que ses programmes soient fréquemment renouvelés. Les salles d’exception, en réagissant contre les procédés habituels de distribution des films, se heurtent à des difficultés considérables. Si certains programmes peuvent parfois susciter des critiques, c’est que les directeurs sont souvent forcés de prendre ce qui se trouve libre quand le moment est venu de renouveler leur affiche.
Ces difficultés, Myrga et Tallier, les directeurs du Studio des Ursulines, ne les connaissent pas. Le succès leur est si rapidement venu que leurs spectacles tiennent l’affiche plusieurs mois durant, quelle que soit leur composition. On peut attribuer ce résultat à l’excellence des films présentés ; toutefois le snobisme qui, dès son ouverture, en janvier 1926, découvrit les Ursulines, n’est sans doute pas étranger à cette heureuse vogue. Bien que cette entreprise ait été quelquefois tentée, un éloge du snobisme reste à écrire. On ne pourrait mieux l’illustrer que par l’exemple de cette petite salle qui, sans l’appui de son public un peu particulier, ne fût point parvenue sans doute à prendre la tête du mouvement qui tend à se former autour des « salles d’exception ».
Les films que Mlle Myrga et M. Armand Tailler — excellents acteurs que nous vîmes en particulier dans Jocelyn — nous ont présentés étaient presque tous inédits. Leur premier programme nous révéla cet émouvant tableau de la vie viennoise au lendemain de la guerre qu’est La Rue sans Joie de Pabst. Ce fut ensuite Le Voyage imaginaire, la si curieuse fantaisie de René Clair ; puis les cruels Rapaces de Stroheim.
Nous eûmes la joie de voir Jazz qui nous révéla James Cruzes, humoriste. Six et demie onze de Jean Epstein est une bande un peu mince. Les Mystères d’une Ame de Pabst sont une étude de psychologie fort habile. Les brutalités de A qui la faute ? déconcertèrent quelques-uns. La Glace à trois faces n’est pas une des meilleures œuvres de M. Epstein. Mais La Tragédie de la Rue connut le grand succès. Trois heures d’une Vie inaugure la grande série des films américains qui nous valut ces deux chefs-d’œuvre que sont : A girl in every port et Lonesome.
A côté de ces grands films figurent des essais ou des documentaires presque tous de très bonne classe. Surtout Les Jeux des Reflets et de la Vitesse d’Henri Chomette ; Emak Bakia et L’Etoile de Mer de Man Ray ; Les Amours exotiques de Léon Poirier ; La Coquille et le Clerqyman de Germaine Dulac, et La Zone, si émouvante et si parfaite de Georges Lacombe.
Signalons les reprises d’Entr’acte, de Baruch et du Rail, et surtout celle de films d’avant-guerre : actualités ou drames noirs, cpii ne contribuèrent pas peu à mettre à fa mode le Studio des Ursulines.
Charensol
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Les nouvelles salles spécialisées
paru dans Pour Vous du 6 Juin 1929
Le mouvement qui s’est créé autour des salles d’exception s’intensifie si bien que leur nombre croît sans cesse. Qui eût dit que l’innovation tentée par le petit Ciné-Opéra aurait d’aussi profondes conséquences ? Même le succès que remportèrent dès leur ouverture le Vieux-Colombier et le Studio des Ursulines, n’inspira pas immédiatement la concurrence. C’est seulement au début de 1928, exactement le 10 février, qu’une troisième salie spécialisée fit son ouverture à Montmartre.
C’était la première manifestation de la conquête de la rive droite par le cinéma d’avant-garde. M. Jean Mauclair choisit pour cette salle un nom assez mystérieux : Studio 28, et s’efforça d’innover, d’abord en généralisant l’emploi du triptyque de Gance, ensuite en donnant sur ses murs pendant l’entracte des projections fixes ; ce procédé, dont bénéficia très heureusement l’art photographique, fut ensuite abandonné.
Le morceau essentiel du premier spectacle du Studio 28 était un film russe dans lequel on eût peut-être tort de voir une image réelle des moeurs dans la Russie soviétique : Trois dans un sous-sol. Le deuxième programme était également très international avec Kate, film suédois, et La Rose de Puchui, film chinois. La Chute de la Maison Usher, de Jean Epstein, film dont on a dit trop de bien et trop de mal, leur succéda. Ensuite, La puissance des ténèbres, film allemand réaliste, ne connut pas un grand succès. Par contre, Club 73 enthousiasma les fanatiques du film américain. Par cette bande, Howard Hawks se classait non loin du Sternberg des Nuits de Chicago. Le Dernier avertissement est également une aventure policière, mais d’un genre très différent. Ces deux spectacles sont les meilleurs que nous ayons vus jusqu’ici rue Tholozé. Club 73 était en effet accompagné d’un Buster Keaton d’une étourdissante fantaisie : Frigo Frigoli et de la Nuit électrique, d’Eugène Deslaw, Avec le Dernier avertissement nous fut révélée une courte bande d’une très haute qualité plastique : Le pont d’acier, de Joris Ivens.
Le spectacle actuel comprend un film américain remarquable dans sa première partie. : Sur les cimes d’acier, un étourdissant Mack Sennett et un « film de montage » allemand sur l’eau, qui révèle une intelligence et une sensibilité également rares.
Les efforts faits par M. Miguel Duran dans sa petite salle du quartier latin méritent d’être soutenus. Le premier à Paris, le Ciné-Latin s’est attaché, en effet, à constituer véritablement un répertoire du cinéma.
La reprise des bandes consacrées par le succès, des « classiques » de l’écran, n’est pas sans offrir quelques inconvénients. On sait que le meilleur film peut vieillir en trois ou quatre ans jusqu’à devenir ridicule. Les rééditions du Ciné-Latin ne furent pas toujours favorables même aux œuvres d’une réelle valeur. Parmi les films qui supportèrent le mieux les effets de l’évolution si rapide du cinéma, il faut citer trois bandes qui ne doivent presque rien à la technique : Les Proscrits, de Sjostrom, Paris qui dort, de René Clair, et Baruch de Dupont.
Mais il est impossible de citer toutes les reprises faites dans la petite salle de la rue Thouin depuis plus de deux ans.
Citons au hasard des souvenirs : Nosferatu, Le Trésor d’Arne, La Charette fantôme, Caligari, Premier amour, avec Charles Ray, Le signe de Zorro, avec Douglas, l’Inhumaine, et l’Inondation, de Delluc, Eldorado, de L’herbier, L’Image, de Feyder, J’accuse et La Roue, de Gance. Entr’acte et Le Voyage imaginaire, de Clair, Jazz, La Rue, Polikouchka, Le montreur d’ombres et la plupart des « Charlot ».
Un des plus intéressants spectacles du Ciné-Latin était celui qui comprenait récemment l’étonnante Nuit mystérieuse, de Griffith, et deux courtes bandes d’Harry Langdon, l’émouvant auteur de Papa d’un jour.
Revenons de la rive gauche pour pénétrer dans l’élégant sous-sol où s’est installé le Studio-Diamant, salle très élégante qui semble s’être donné pour tâche de confronter les productions des divers pays : l’Allemagne commença avec Crise, de Pabst, une bande pour laquelle on s’est montré singulièrement injuste. Le Japon nous envoya ensuite Jijuro, qui restera comme une des révélations de la saison dernière. Puis Un cri dans le métro nous apprit que nous allions avoir à compter avec le cinéma anglais. Enfin, l’Amérique a fourni les deux plus récents spectacles avec Les vieillards en folie et Silence.
Parmi les documentaires présentés en même temps que ces grands films, il faut signaler La Pieuvre, Bernard l’Hermite et La Daphnie, de Jean Painlevé, et surtout Les Iles de Paris, un des fragments du film d’André Sauvage sur Paris, qu’une de nos salles spécialisées se doit de présenter quelque jour intégralement.
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L’oeil de Paris est un nouveau-né. Son premier spectacle tient encore l’affiche à l’heure où j’écris. Il est intéressant. Finis Terrae, sans être de la classe de Cœur fidèle, nous permet d’accorder quelque crédit à Jean Epstein.
Maintenant qu’elles sont nombreuses, les salles spécialisées commencent à rencontrer de sérieuses difficultés pour se procurer des films susceptibles de satisfaire un public épris de nouveautés. Ces difficultés se sont cruellement imposées à la première direction de la Salle des Agriculteurs. Forcée de renouveler fréquemment ses spectacles, elle n’eut guère la main heureuse que le jour où elle projeta Shanghaied, la très jolie bande de Ralph Ince.
Mais depuis quelques jours, les spectacles sensationnels se succèdent dans la salle de la rue d’Athènes. C’est La Passion de Jeanne d’Arc et c’est Moana, c’est un Chapeau de paille d’Italie et c’est Les Nuits de Chicago, c’est Jazz et c’est La Tour, de René Clair.
Car Mlle Myrga et M. Tallier n’ont pas craint de bouleverser toutes les habitudes du public en renouvelant chaque soir leur programme : formule extrêmement heureuse et qui nous permettra, souhaitons-le, de réviser bien des valeurs.
Les prochains spectacles nous donneront : A girl in every port, l’Aurore, Solitude, Le Vent, La Foule, Le chant du Prisonnier. Souhaitons aussi que Greeds, Paris qui dort, Baruch, L’Eventail de Lady Windermere, Les quatre Fils, L’Heure suprême, La chair et le Diable, Jijuro, Thérèse Raquin, Faiblesse humaine, Le pont d’acier, Chanq, La Zone, les films d’Harry Langdon, ceux de Raymond Griffith et quelques autres ne soient pas oubliés.
Charensol
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Source : Bibliothèque numérique de la Cinémathèque de Toulouse
sauf encarts publicité pour les salles de cinéma : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Pour en savoir plus :
Le site officiel de Georges Charensol.
Le site de l’Association Française des Cinémas Art et Essai, créé en 1955.
La liste des cinémas parisiens disparus ou en activité sur le site de Paris-Louxor.
Georges Charensol évoque ses souvenirs en 1973 dont ceux avec René Clair (à partir de 14′).