A l’occasion de la mort tragique de Max Linder le 31 octobre 1925 il y a 90 ans, nous souhaitons lui rendre hommage à travers plusieurs articles.
Le premier est à lire ici.
Cette fois-ci nous avons souhaité nous replonger dans la presse de l’époque au moment de la mort de Max Linder et voir comment elle fut perçue.
Ainsi vous allez lire des articles que nous avons trouvé grâce à Gallica dans : Comoedia, Le Gaulois, La Presse, Le Matin, L’Humanité, La Rampe, Paris-Soir, Le Temps.
Du rire à la mort – La fin tragique de Max Linder
paru dans Comoedia daté du 1 novembre 1925
Le célèbre artiste de cinéma, le comique aimé du public, a voulu mourir. Lui et sa femme se sent ouvert les veines et ont absorbé un violent poison.
C’est un drame terrible, dont on ne connaîtra sans doute jamais les premières causes, pas plus que les ultimes détails. (La vérité, la voilà, dans sa brutalité : une jeune femme de vingt et un ans, belle, riche, mariée à un artiste d’une renommée universelle, est morte : son mari est mourant, tandis que l’enfant née de ce mariage dit « ultra parisien » au moment de sa célébration (2 août 1923) et tenu pour un mariage d’amour, la délicieuse petite Maud, est orpheline et sourit à la vie.
Que s’est-il passé ou. plutôt que se passait-il depuis quelque temps dans le ménage Max Linder ? Des nuages, des orages même avaient troublé cette union. Quelques amis avaient reçu des confidences. Max vous les faisait bouleversé, la voix étranglée, les yeux en larmes, vraiment malheureux, effondré, désespéré. On le plaignait. Quelques heures après, on rencontrait le beau couple, élégant, paré, souriant, dans un restaurant à la mode ou dans un cabaret de nuit. La femme dansait si joliment ! Max causait avec des amis avec sa verve ordinaire, sans le moindre embarras ou la moindre préoccupation. Et l’on pensait la paix est revenue, l’orage n’était qu’une averse, le nuage une fausse teinte, et le couple Max Linder continuait son film de Parisiens en vue, comblés des dons de la fortune et amoureux quand même.
Je les avais vus l’un et l’autre, il y a une douzaine de jours. Mon entretien avec Max seul dura plusieurs heures. Je le trouvai alternativement exalté, abattu, tendre, tyrannique, furieux envers sa femme dont il ne voulait plus entendre parler, pas plus qu’il ne voulait entendre parler de nouveaux films :
— Regardez comme j’ai maigri me dit-il. C’est le chagrin — et l’amour — qui creusent mes rides. Bientôt, le maquillage le plus savant n’y pourra rien faire.
En vain essayai-je de le remonter.
— Je suis fini, je suis fini, répétait-il obstinément. Si je pars pour la campagne, comme vous me le conseillez, je n’y resterai pas deux jours, vous savez bien ce qui me fera revenir.
Il me téléphonait jeudi matin, très calmement, très brièvement, me parlant d’un de ses derniers films, Le Roi du cirque, dont la carrière reprenait, brillante, avec la nouvelle saison.
Ce même jeudi — il y a trois jours — M. et Mme Max Linder passaient la soirée au Casino de Paris ou ils avaient causé avec Armand Massard, le plus ancien, le plus fidèle ami de l’artiste. Celui-ci, sans se montrer plus optimiste qu’à l’ordinaire, ne manifesta pas de découragement, bien qu’il ait dit, mi-gouailleur, mi-tragique :
— Armand, c’est la dernière visite que je te fais.
Venons en à la journée d’hier, celle du drame que rien, la veille, ne semblait annoncer si proche.
M. et Mme Max Linder étaient sortis jeudi soir, comme à l’ordinaire, lui en smoking, elle en grande toilette. Leur automobile les avait laissés devant un café du boulevard et le couple avait regagné, en taxi, son domicile, l’hôtel Baltimore qui l’abritait, tandis que se poursuivait à Neuilly l’installation de l’hôtel particulier acheté il y a six mois et dont Max, complaisamment, préparait, enparoles, du moins, la crémaillère.
Hier matin, à 9 heures, de son appartement, Max téléphonait priant qu’on ne les dérangeât sous aucun prétexte. La consigne fut respectée quand vers 10 heures, Mme Peters, mère de la jeune femme, arriva. Elle devait avoir avec son gendre et notre confrère Mandement, qui avait écrit à Max, un entretien très important. Mme Peters s’en vint frapper à la porte de ses enfants. Silence complet d’abord, puis on entendit des soupirs et des râles. Le personnel prévint le directeur qui manda simultanément le commissaire de police du quartier, M. Viaud, et un serrurier. Il fallut enfoncert la porte, et l’on trouva Max et sa femme étendus sur leur lit respectif, sans connaissance ; du sang inondait les couvertures et les draps ; il provenait de blessures au poignet que Max et sa femme s’étaient faites avec un rasoir tout neuf resté bien en évidence. Le directeur de l’hôtel, avec une présence d’esprit qu’on peut louer, se mit aussitôt en devoir de pratiquer, avec une ficelle, une ligature au bras des bléssés en attendant l’arrivée des médecins.
Ceux-ci prescrivirent le transport des deux victimes à la clinique de la rue Piccini où on les admit d’urgence.
A 8 heures, j’allai aux nouvelles ; je n’ai pas besoin de dire avec quelle émotion j’interrogeai la garde..
— Les deux malades donnent. On a procédé au lavage de l’estomac, mais ils ont absorbé une telle quantité d’aconit qu’on peut se demander si le poison n’a pas déjà étendu son effet.
En réalité, Mme Max Linder, qui avait eu une hémorragie plus forte que celle de son mari, avait succombé sans avoir repris connaissance.
Quant à lui, transporté à la clinique de la rue Piccini; il y reçut des soins empressés mais, hélas ! inutiles. Les médecins, après avoir jugulé l’hémorragie, tentèrent de soutenir le blessé avec des piqûres d’éther et des inhalations d’oxygène. Vers onze heures- et demie, on pouvait espérer encore donner au malade, des forces suffisantes pour lui permettre d’atteindre la matinée et opérer alors une transfusion du sang. Mais, à minuit et demi, Max Linder, exsangue, épuisé, le cœur ralenti, succombait sans avoir pu prononcer une parole intelligible.
Il faut ajouter que lui et sa femme avaient avant de mourir écrit plusieurs lettres à divers amis pour faire connaître leur détermination.
Comœdia s’incline respectueusement devant l’immense douleur de Mme Peters et adresse aux deux familles ses profondes condoléances.
S’il est permis, en ces minutes de tristesse d’évoquer les temps heureux, rappelons que Max Linder s’était marié à Saint-Honoré-d’Eylau, le 2 août 1923, dans la plus stricte intimité, disions-nous dans Comœdia le lendemain. tout en constatant que l’église était comble.
Les fiançailles du jeune couple avaient été précédées des incidents romanesques — et délicieux — d’un enlèvement retentissant.
La famille ne pouvait s’opposer longtemps à cette union. Elle donnait pour épouse à Max Linder, Mlle Hélène-Marguerite Peters. La lune de miel ne dura guère si on se rappelle qu’à Vienne où Max tournait son film Le Roi du Cirque, une première fois le couple avait tenté de se suicider en absorbant une énorme quantité de véronal. C’est-d’ailleurs cette dose excessive qui sauva les désespérés.
Le bruit court, nous le donnons sous toutes réserves, que Max aurait ouvert les veines de sa femme, avec son consentement d’ailleurs, et se serait ensuite coupé le poignet, non sans avoir au préalable absorbé le contenu d’un flacon de teinture d’aconit. dont sa femme avait bu la moitié.
Jean-Louis Croze
La Carrière de Max Linder
On excusera la sécheresse des quelques lignes qui vont suivre, écrites dans la hâte, quelques instants avant la mise en page de ce journal, et écrites surtout sous le coup de l’émotion qui m’étreint, devant la triste nouvelle de la mort de Max Linder — de notre ami Max Linder — car il était notre ami, à tous, et tous ne sauront que rendre hommage à l’esprit de camaraderie qui était un des charmes du caractère de Max Linder. Il devait cet esprit à ses débuts modestes, car, au contraire de la plupart des « parvenus », il n’avait « pas oublié », lui. Nous ne l’oublierons pas, nous.
Très jeune, Max Linder s’était senti attiré vers le théâtre et, à 17 ans, nous le trouvons a Bordeaux, sa ville natale, suivant des cours de diction — que donnait M. Caillard, qui devait devenir, par la suite, un estimable metteur en scène de cinéma, le collaborateur et l’ami de son ancien élève. Max Linder débuta, sur la scène, en jouant Les Fourberies de Nérine, Les Romanesques et Le Baiser et, entre temps, il travaillait les classiques, désireux qu’il était d’être admis aux concours du Conservatoire de Paris. Il ne le fut pas, mais, point découragé, réussit à se faire engager au Théâtre de l’Ambigu, où il parut dans Le Tour du Monde d’un Gamin de Paris, Le Crime d’Aix.
C’est de là qu’il passa au Théâtre des Variétés, où il jouait des utilités et c’est alors qu’il débuta en 1905, par l’entremise d’un ami, chez Pathé, où on lui fit tourner un petit film, intitulé La première sortie d’un collégien. Il affirma, tout de suite de réelles qualités comiques, un tempérament bien personnel et tourna, par la suite, toute une série de films très courts : Le premier cigare d’un collégien, Les débuts d’un patineur, etc.
Engagé un jour par un imprésario espagnol, de passage à Paris, pour aller jouer un sketch à Barcelone, en compagnie de Napierkowska (Stacia), Max Linder eut, hors frontière et pour la première fois, la révélation de sa popularité mondiale. Cela lui fut confirmé encore, peu après, quand il alla jouer un autre sketch au Wintergarten de Berlin et, plus conscient de sa valeur, Max Linder obtint de Charles Pathé, à part de plus importants appointements, une plus grande indépendance, dont il profita pour augmenter considérablement la série de ses films. Les titres de ceux-ci rempliraient au moins une colonne de ce journal. Leur qualité ? On en peut juger en apprenant qu’ils sont encore projetés à l’étranger et que leur succès est toujours aussi vif, après plus de dix ans !
Mobilisé en 1914, Max Linder fit la guerre et, plusieurs fois blessé, fut réformé en 1916.
Dès sa démobilisation, il reçut d’intéressantes propositions d’Amérique. Très patriote, il hésita longtemps à les accepter, puis signa tout de même avec l’Essanay Co, un royal contrat pour tourner douze films. Il n’en tourna que trois — Max part en Amérique, Max veut divorcer et Max et son taxi — et, malade, revint en France. Rétabli seulement après de longs mois, il fit sa rentrée à l’écran dans le rôle principal du Petit Café, adaptation cinégraphique de la fameuse pièce de Tristan Bernard. Il partit de nouveau en Amérique, où il tourna Sept ans de malheur, Soyez ma femme et L’Etroit Mousquetaire, tout en faisant pour le film français aux Etats-Unis la plus active, la plus intelligente et la plus désintéressée propagande.
Revenu en France, toujours souffrant, il resta de longs mois sans rien produire : puis, en collaboration avec une firme de Vienne, réalisa Le Roi du Cirque qui triomphait tout dernièrement sur les Boulevards et fait encore actuellement son tour de France, Il y a quelques mois, il avait commencé de tourner un nouveau film : Barkas le Fol, qu’il poursuivait malgré d’incessantes difficultés et une santé précaire..
Tels sont les grands points de la magnifique carrière de Max Linder, l’un des rois du cinéma international ; de Max Linder, qui, s’il a connu la chance à ses débuts et le succès persistant, le doit surtout à un grand et courageux travail et à la foi profonde qu’il avait dans cet art muet, servi fidèlement jusqu’à la fin.
Henry Lepage
La hantise du néant : Tel était le mal de Max Linder
paru dans Comoedia daté du 2 novembre 1925
Max Linder et sa femme se sont suicidés. La nouvelle nous parvenait avant-hier dans l’après-midi et notre rédacteur J.-L. Croze, qui était un ami intime de Max Linder, nous demanda de l’accompagner rue Piccini et à l’hôtel Baltimore. Des praticiens tentaient alors l’impossible pour sauver les malheureux époux. On voulait espérer, on n’osât pas croire que la mort vînt si tôt ravir deux êtres jeunes encore, dont seuls les amis comprendront la fin tragique et prématurée car tout semblait pour eux n’être que du bonheur. Jusqu’à la dernière minute l’espoir retint les seuls journalistes, avertis du suicide, de téléphoner ou d’écrire.
Ce fut enfin la fatale nouvelle : Max Linder et sa femme n’étaient plus.
Comment expliquer cette mort ? Et chacun d’apporter à en démêler les causes une ingéniosité déplacée. La vérité est simple, et il faut admettre comme les seules vraies les raisons que donnaient, hier. MM. Armand Massard et J.-L. Croze.
Nous sommes devant un drame atroce mais qu’il est facile de reconstituer. Neurasthénique au point de perdre tout courage, effondré, désespéré, Max Linder n’attendait plus rien de l’existence ; on aurait pu croire que sa jeune épousa le délivrerait de cette obsession et qu’elle ramènerait le calme dans son pauvre cœur tourmenté; mais voici qu’au contact du mal qu’elle subit et dont elle souffre, gagnée par la contagion, devenue elle-même neurasthénique, la malheureuse désespère aussi de la vie et leur foyer retentit d’interminables scènes ; la violence des scènes redouble ; l’amour, la présence d’une délicieuse fillette, l’amitié, rien ne peut plus guérir deux êtres tenaillés par une psychose, qui leur interdit le bonheur. C’est l’impasse.
L’idée de la mort les dominera bientôt, elle s’emparera de leur pensée, elle régnera soudain en maîtresse. Voilà tout le drame, il n’y en a pas d’autre. Tout le confirme : les confidences faites à plusieurs amis, deux tentatives de suicides ces temps derniers, les détails de cette fin…
Vendredi soir, Max Linder et sa femme vont a la Gaîté-Lyrique. Leur chauffeur, sur la demande de Max Linder, les dépose sur le boulevard, proche du Gymnase.
— Nous rentrerons en taxi, lui dit-il.
Et, en effet, une demi-heure plus tard, ils rentrent en taxi à l’hôtel Baltimore.
Samedi matin, comme nous le disions hier Max Linder téléphone au bureau de l’hôtel : « Nous avons passé une mauvaise nuit, qu’on ne nous dérange sous aucun prétexte. »
Il est 9 h. 30. Vers 10 heures, Mme Peters, la mère de Max Linder, vient les voir et pressentant la funeste décision, frappe à leur porte et n’obtenant pas de réponse, ordonne qu’on fasse sauter la serrure. Une horrible vision l’attend. Max Linder et sa femme, le poignet gauche sectionné d’un coup de rasoir, agonisent dans leur lit. Sur la table de nuit on retrouve un rasoir neuf tâché de sang et deux flacons de morphine, deux flacons tout pareils, contenant une quantité telle de stupéfiant, que l’effet fut sans doute la véritable cause de la mort
Chacun avait son flacon, ce qui démontre clairement que la mort fut voulue et acceptée par les deux malheureux.
D’après les constatations d’usage faites par les médecins, il ressort que Max Linder et Mme Max Linder ont d’abord pris de la morphine, puis Max Linder sectionna le poignet de la jeune femme avant de se frapper lui-même. Après quoi, ils attendirent la mort.
Sur les corps, nulle trace de lutte, nulle ecchymose, nulle meurtrissure. Dans une lettre laissée par Max Linder on peut lire cette phrase ; « Ma femme me demande de mourir ensemble. J’accepte. »
Le permis d’inhumer a dû être accordé hier dans la soirée. Oui, voilà tout le drame.
Avant de mourir, Max Linder a écrit à sa mère, à sa sœur, à son frère M. Levielle, à Mme Peters, à M. Armand Massard, à M de Meaux, notaire; au président de la Société des auteurs, à M. Durand-Villette, chargé de ses intérêts.
De son côté, sa femme a laissé deux lettres pour Mme Peters, sa mère.
La famille de Max Linder qui habite Saint-Loubès, à quelques kilomètres de Bordeaux, a été prévenue télégraphiquement, mais elle ne pourra très vraisemblablement arriver à Paris que ce matin, en raison de l’heure où est parti le télégramme.
Les deux corps reposent maintenant au quatrième étage de la clinique de la rue Piccini, dans deux chambres contiguës.
Une légère gaze dissimule le bas du visage de Max Linder.
Le visage de sa femme est d’une pâleur de cire, très calme.
Des œillets pourpres, blancs et rouges, dans des vases. Deux infirmières veille les corps.
Nous quittons la clinique. Dehors la nuit tombe et une légère vapeur ensoleillée traine dans les arbres de l’avenue du Bois. Les bruits de Paris nous reprennent, mais nous ne pouvons nous empêcher de songer à Maud, la petite orpheline, laissée par deux malheureux êtres qu’il faut plaindre de tout notre cœur.
Jeau-Pierre Liausu
De Thalie à Melpomène
paru dans Comoedia daté du 6 novembre 1925
L’artiste universellement connu pour ses fantaisies désopilantes et pour son rire vient de périr volontairement dans la plus affreuse des tragédies. Le scénario d’idylle qui, depuis plus de deux années, avait retiré de la vie de l’écran la silhouette populaire, a trouvé son dénouement dans un de ces cadres d’hôtel où s’inscrivent trop souvent la brutalité et la banalité des atmosphères modernes. Cette mort à la Pétrone nous apparaît baignée d’un reflet à la fois mystérieux et cru, comme si les projections d’un éclairage artificiel avaient voulu accompagner jusqu’à sa tombe celui qu’elles illuminèrent si longtemps.
On épiloguera sans doute sur les circonstances et sur les détails de ce drame, mais il est bien à penser que nous en pouvons déjà situer assez fidèlement les conjonctures exactes et les données psychologiques. L’amour, le « dur amour » du poète antique, avait tyrannisé sans doute la raison de l’artiste, non point, comme on l’a dit, au point d’en faire un maniaque de la jalousie mais un martyr du doute. On frémit à l’idée de ces deux êtres, promis à la fortune et à l’amour, et chez lesquels la neurasthénie, se frayant un chemin tenace, installa son poison dissolvant, et sa lassitude désespérée. Nous sommes poursuivis par la vision de cette main de femme, faite pour la dévotion des baisers, et qui ne fut plus, sous la coupure hideuse, qu’une plaie de pourpre par où toute une jeune vie s’échappait, et pourtant nous savons que l’aconitine et le véronal ont contribué surtout à unir définitivement dans la mort deux cœurs torturés.
Ainsi les stupéfiants ont ajouté au décor l’envoûtement obligé de notre époque. Pour Max Linder et sa jeune femme leur absorption fut le prélude de l’anéantissement éternel en vue duquel ils avaient déjà conclu, à vaincre, un pacte de rupture avec la vie.
Bien que se soient produites, de tout temps, et dans tous les milieux, de douloureuses horreurs, celle du 31 octobre est symptomatique d’une ambiance où le testament humain, autant que la vie sociale, sont étrangement désaxés. On nous révèle, avec une sorte d’étonnement qui surprend, que le sens comique, dont les noms de Max Linder demeurera revêtu aux yeux de tous, était sinon un masque à un rideau, du moins le dédoublement contraint de sa personnalité.
Celui qui nous a divertis par tant de bonne humeur inlassable, par, la mobilité sardonique de ses lèvres toujours animées de gaîté ardente, portait, dans le privé, des scrupules maladifs sur les plus chétifs événements de l’existence humaine et sur le contrôle de sa pensée. Trop souvent, hélas! l’amuseur des foules, l’éveilleur multiple d’idées et de sensations d’art, offre un sacrifice perpétuel au public. Nous connaissons ces secondes vies parmi les plus grandes : chez un Balzac, un Greuze, un Molière. Et voici que la sensibilité d’un artiste dont le talent fut si riche, et qui procédait, par toutes ses fibres, du besoin de plaisir de notre siècle, a senti peu à peu les trépidations de son activité cérébrale se muer en idée fixe. Le vertige de la publicité, l’instabilité du cadre social, l’exacerbation des rancœurs, des soupçons et des craintes, sont le propre des mœurs actuelles, et provoquent des périls de dérèglement qui demandent à être surveillés.
Le cinéma tend à devenir une véritable expression d’art, et Max Linder, Français de Gascogne, l’y a aidé puissamment. Père spirituel de Charlie Chaplin, ses farces et sa joie, nuancées désormais, d’atroce amertume, étaient une des meilleures saveurs de notre troupe cinématique. Il a souffert affreusement, sans doute, avant d’obéir à une obsession dont il serait vain de rechercher les causes obscures. Dans cet. hôtel Baltimore qui porte le nom de la ville où naquit et mourut Edgar Poe, deux formes exangues, consentantes devant l’appel fatal, ont allongé, comme pour une nouvelle « Histoire extraordinaire », l’union indissoluble de leur couple glacé.
L’enjouement de Max Linder nous apparaît maintenant tragiquement paradoxale. Pourtant, l’écran, plus fidèle que la scène, concrétise le souvenir, et nous représentera longtemps encore celui qui égaya notre jeunesse. celui dont la clientèle appartenait à tous les âges.
Nous songeons à la petite Josette (sic!), l’orpheline, à ses amis que l’affreuse chose a atterrés. De même que jadis, après les jeux du cirque, ne laissons pas deux corps exposés à la curiosité du public. Peut-être a-t-il un peu de part dans les réflexes intimes qui provoquèrent le drame, et, devant cette finale qui ne lui appartient pas, une élémentaire prudence lui interdit d’être spectateur.
Gaëtan Sauvoisin
Le dernier film de Max Linder
paru dans Le Gaulois daté du 02 novembre 1925
Max Linder — le beau Max — est mort ! Et dans quelles tragiques circonstances!… Pour ceux de notre génération, qui avons vu naître et grandir le cinéma, il était devenu un peu le souvenir symbolique de nos premières joies éprouvées devant l’écran, celui que l’on applaudit et que l’on aime parce qu’il verse l’inépuisable générosité du rire. Qui ne connaissait son visage expressif et mobile où la proéminence noire des sourcils, les narines un peu dilatées, l’entrebâillement sardonique des lèvres composaient un ensemble synonyme de gaieté ardente ? Il était le père spirituel de Charlie Chaplin, sa clientèle se recrutait dans tous les âges, et les yeux des enfants s’emplissaient des souplesses légendaires et des farces impayables qu’il offrait sans lassitude à leurs regards médusés.
Gabriel Lavielle, dit Max Linder, Gascon d’origine, semblait avoir emprunté à cette Gironde qui l’avait vu naître la joie pétillante de ses vins. Dans une carrière où l’exotisme des artistes et des productions impose parfois des renommées trop tapageuses et des exhibitions critiquables, il apportait en se jouant la note heureuse de chez nous, la blague gouailleuse et parisienne. Gavroche, adulte, faisant du scénario.
Depuis 1905 — il avait vingt et un ans alors — sa destinée et sa verve allèrent de pair, se soutenant sans défaillance, et les œuvres qu’il a interprétées avec son brio unique atteignent un nombre considérable. La France l’avait révélé, l’Amérique le consacra, et, pour une fois, des qualités françaises purement artistiques reçurent aux États-Unis la reconnaissance du dollar. On ne peut songer sans un certain vertige à la commercialisation outrancière, à la renommée mondiale des gestes de cet homme. Mais envisage-t-on aussi que, malgré la prédestination «photogénique» des traits et des attitudes, malgré les dons innés qu’il manifesta en «tournant» devant l’appareil, il a bien fallu aussi, jadis (après un échec au théâtre, chose curieuse), qu’il fournît de longues heures d’apprentissage, de patientes séances de pose, avant ses trouvailles géniales ? L’étude est indispensable à la base des effets de comique, d’effroi ou de pitié qui situent l’émotion unique dont la foule partagera ensuite les vibrations indéfinissables.
Comme, pour certains, le sort des vedettes du film est d’apparence enviable ! Certes, un véritable Pactole coule vers leurs mains quand le succès a récompensé leurs efforts et couronné leur flamme intérieure. Ils sont alors promus à ce genre de dignité spéciale — rêvé par tant de spectateurs et de spectatrices — que l’époque actuelle porte plus facilement aux artistes de l’écran qu’aux acteurs de théâtre. La qualité des préférences est loin d’être la même, et il y a là une ample matière d’observations psychologiques; mais le sujet est autre aujourd’hui. Les noms de Douglas Fairbanks, Sessue Hayakawa, Mary Pickford, Raquel Meller, Huguette Duflos, Signoret, Charlie Chaplin — le Charlot de tout le monde! — celui, désormais recouvert de deuil et de pourpre, de Max Linder composent une tresse chatoyante comme les rampes à l’éclat brutal où leurs syllabes papillotent dans nos rues.
Le soir, sur cet asphalte où l’affluence des gens aux guichets des salles cinématographiques allonge ses théories pressées, on évalue facilement, aux recettes devinées, ce qu’est aujourd’hui, et dans une certaine acception, la gloire.
La popularité, c’est la gloire en gros sous, a dit Victor Hugo, mais elle est aussi la grande impudique dont parle Auguste Barbier. Elle est l’indiscrète, la tyrannique et, souvent, l’incompréhensive. Elle ne peut accepter l’idée que, sous l’habit de soirée du gentleman qu’on exhibe à l’écran, sous les maintiens composés des épisodes peuvent exister et frémir des sentiments autres que ceux proposés en spectacle. Comme vous et moi, malgré la fortune, en dépit des acclamations et du visage reproduit à des milliers d’exemplaires, les artistes les plus en vogue sont tributaires du désir, de la souffrance et du découragement.
Pourquoi est-il besoin de deux corps exsangues pour énoncer de telles vérités premières ? C’est qu’une certaine forme de naïveté volontaire est inséparable de la crédulité publique. Ceux qu’elle hisse sur le pavois doivent, selon elle, être heureux, surtout lorsque, comme Max Linder, ils ont en partage l’argent et l’amour. Il faut, en effet, qu’ils lui représentent un peu de pouvoir magique apporté dans la banalité quotidienne. Et une stupéfaction, mêlée de je ne sais quelle complaisance trompée, nous saisit quand il faut se redire que, pour les rois de la faveur publique comme pour le plus modeste de leurs admirateurs, la vie, au fond, n’est pas drôle tous les jours.
Les affiches multicolores, les caractères lumineux, les interviews sensationnelles prises à l’ «as du film» au hasard des gares ou des paquebots, tout cela semble loin déjà, et aussi le mariage à Saint-Honoré d’Eylau. Plus rien. Pour ici-bas, c’est l’anéantissement tragique. Et nous voyons combien la ténacité de la souffrance peut atteindre d’horreur dans la lumière crue où se meuvent les célébrités modernes.
Il semble que la communion mortelle de Max Linder et de sa jeune femme ait été le résultat d’une entente définitivement conclue. La décence élémentaire interdit d’agiter le voile qui les recouvre maintenant de silence. Dieu seul a le droit de juger un acte que la religion réprouve, et la condamnation que la foi dicte à la raison ne saurait être obscurcie par la pitié humaine.
Gaëtan Sanvoisin
La Carrière de Max Linder
paru dans La Presse daté du 2 novembre 1925
C’est dans de bien dramatiques circonstances que le cinéma français vient de perdre son plus ancien et plus glorieux pionnier. Max Linder, auteur de films interprète et metteur en scène, avait tourné plus de six cents films. Nombre d’entre eux étaient de véritables petits chefs-d’oeuvre d’humour, d’esprit et de finesse.
Depuis son mariage, son activité cinématographique s’était ralentie. Il n’avait produit qu’un film « Le Roi du Cirque ».
Max Linder avait subi dernièrement deux grosses déceptions relatives à des films qu’il devait tourner, l’un « Le Chevalier Barkas » dont le scénario était dû à la collaboration de nombreux écrivains contemporains, l’autre « Le Chasseur de chez Maxim’s ».
Pour des raisons d’ordre intime, il n’avait pu réaliser ses projets et se montrait extrêmement affecté de rester inactif. Sa santé s’altéra et délaissant une superbe propriété qu’il s’était fait construire à Neuilly ; le malheureux artiste habitait depuis plusieurs mois dans de luxueux hôtels parisiens.
La mort de Max Linder, qui se suicide tragiquement à l’âge de 41 ans entraînant sa jeune femme dans la tombe, met en deuil le cinéma mondial et creuse dans ses cadres un vide irréparable.
R. BERNER.
Souvenirs sur Max Linder
paru dans La Presse daté du 19 décembre 1925
J’ai connu Max Linder dans des circonstances bien curieuses. Il venait de terminer son dernier film. Son nom revenait en vedette. Il était, après dix-huit ou dix-neuf ans de métier, l’homme du jour. Une interview s’imposait.
J’obtins, par hasard, une communication rapide. Je ne connaissais de Max Linder que son image de l’écran, ombre silencieuse dont l’éloquence était dans le geste. J’attendais lai révélation de sa voix séparée de lui-même par le téléphone. C’est par morceaux que j’ai connu Max Linder et à travers les artifices, de la science moderne. J’essayai aussitôt de faire la synthèse : mettre cette voix avec cette image. II ne m’en laissait pas le temps.
Jamais je n’ai été plus sincèrement, plus passionnément, comment dirai-je ? attrapé… mettez sans crainte le terme énergique… La raison ? J’avais publié la semaine précédente dans un journal cinématographique, un article sur les grands comiques de l’écran et je ne l’avais pas cité. A vrai dire, j’étais impardonnable et Max me passa une de ces semonces qui font date dans les états de service d’un journaliste.
Tout pantois, je finis par obtenir quand même l’interview désirée. Pour une fois que je disais du bien des Américains, c’était mal tomber !…
Max habitait à ce moment-là au Champs-de-Mars. J’étais exact, il faisait un temps superbe et j’avais préparé un petit discours très bien pour expliquer mon étourderie. J’avais aussi emporté une collection complète de mes articles pour justifier ma sympathie pour les films et les artistes français.
Ma première impression fut : « Comme il est petit ! » Puis : « Comme il est ridé ! » C’était un peu triste. Une patte d’oie très marquée aux tempes et un profond sillon vertical coupant les joues. Un bon sourire et la poignée de main d’un homme dont les paumes sont durcies par les agrès. Très élégant dans le veston de maison vert et noir, pochette de soie, cheveux et moustaches impeccables, oeil vif et geste nerveux. Cette fois, voici la voix et voici l’homme.
Sur son bureau je remarque des spécialités pharmaceutiques pour le traitement des maladies d’estomac. Il parle d’ailleurs de sa santé qui est mauvaise.
Nous nous quittâmes les meilleurs amis du monde. Sans peine je m’étais aperçu que Max Linder, homme charmant, n’avait pas l’énergie qu’il affectait dans ses paroles. C’était un être sans volonté et pour peu qu’on lui tînt tête, il s’effondrait aussitôt. Il le savait et s’efforçait de cacher cette faiblesse.
Et pourtant quel amour du travail !
Je le revis assez régulièrement par la suite. Tout malentendu était définitivement dissipé. Il me parlait de son prochain film Le Chevalier Barkas avec un enthousiasme juvénile.
Puis il émigra au printemps dernier, à Neuilly où il s’était fait construire un hôtel particulier. Sa santé s’altérait de plus en plus II me parla au mois de juillet d’un film sur l’histoire de la Légion d’honneur, projet d’un jour auquel il ne donna pas suite. Peu de temps après il part en Suisse. Six semaines sans nouvelles. Une brève lettre. Retour à Paris. Je le vis pour la dernière fois un matin du mois de septembre dans un palace de la rive gauche…
Le soir du même jour, nous étions quelques camarades réunis après une présentation autour d’un modeste souper. Quand vint le moment d’échanger quelques derniers « tuyaux » je leur appris que Max Linder ne tournerait pas Barkas, qu’il ne tournerait pas Le Chasseur de chez Maxim’s, parce que Max Linder, qui fut le roi des comiques français, se mourait d’une effroyable neurasthénie.
Une tristesse passa sur nous.
Raymond Berner
LES ETOILES MEURENT : Max Linder s’est suicidé avec sa femme
paru dans L’Humanité le 1 novembre 1931
Max Linder, le roi du rire, a voulu que le film de sa vie finisse autrement qu’au cinéma où, tout finit dans le bonheur.
Le bonheur, il l’avait connu il y a trois ans sur la Côte d’Azur, où il s’était enfui avec une charmante compagne, qui avait quitté pour lui sa famille. Les deux amoureux, comme sur l’écran, s’étaient mariés. Depuis lors, on n’avait guère entendu parler d’eux. Et voici que l’idylle s’achève en mélodrame.
Hier après-midi, à l’Hôtel Baltimore, avenue Kléber, Max Linder et sa jeune femme ont attenté à leurs jours. Après avoir absorbé un narcotique, ils se sont sectionnés les poignets. La femme du célèbre artiste a succombé. Quant à Max Linder il a été transporté agonisant dans une clinique de la rue Puccini. Ainsi la vie parfois s’amuse comme les metteurs en scêne, à « découper » les plus beaux scénarios pour en former de sombre drames où l’incohérence le dispute à l’horreur.
Dramatique suicide de Max Linder et de sa jeune femme
paru dans Le Matin daté du 01 novembre 1925
Ils se sont empoisonnés après s’être ouvert les veines. L’artiste est décédé quelques heures après sa femme.
Max Linder le joyeux Max, s’est suicidé hier matin, à côte de sa jeune femme. Tous les deux sont morts.
Encore un exemple de ces artistes comiques qui ont tant fait rire les foules et qui, brusquement, deviennent héros de tragédie.
Max Linder de son vrai nom Max Leuvielle, était originaire du Sud-Ouest. Il venait de terminer de sérieuses études au lycée de Bordeaux, lorsqu’il fut attiré par le cinématographe, alors à ses débuts. Il fut le premier à inventer et à jouer pour l’écran des comédies gaies et charmantes qui consacrèrent vite sa célébrité.
Alors qu’il se reposait à Chamonix, il y a trois ans, il fit, on s’en souvient, la connaissance d’une charmante jeune fille, Mlle Peters. Elle avait 18 ans, lui 38, et le roman d’amour se termina par un mariage qui fut célébré en l’église Saint-Honoré d’Eylau. De cette union naquit une délicieuse fillette aujourd’hui âgée de 18 mois.
[…]
Un grand deuil pour l’écran français
Le cinéma français perd plus qu’un grande artiste un bienfaiteur et un promoteur. Max Linder s’était fait le champion du film français en Amérique où il était allé tourner et où il avait su conquérir rapidement l’estime et l’amitié de toutes les grandes vedettes. Charlie Chaplin, notamment, l’aimait autant qu’il l’admirait et se plaisait à saluer en lui, disait-il, « son maître et son initiateur ».
Mais ses camarades ne prisaient pas seulement la grande vedette, ils aimaient l’homme loyal, bon et généreux, accueillant à toutes les détresses, auquel les oeuvres de solidarité ne firent jamais vainement appel.
Non signé.
En Souvenir de Max Linder DU THÉATRE AU CINÉMA
paru dans La Rampe daté du 15 novembre 1925
Un soir, à l’Ambigu, on jouait La Grande Famille, que l’on va reprendre ces jours-ci. J’étais allé, pendant un entr’acte, faire visite à quelques-uns des camarades et interprètes d’Arquillière et je me trouvais, dans la loge d’Etiévant, en compagnie de Louis Gauthier et de Geneviève Chapelas, lorsqu’un jeune acteur, nouveau venu dans la maison, passa devant la porte de la loge demeurée ouverte.
— Entre donc, Max, lui dit Chapelas. Puis, se tournant vers moi, l’aimable comédienne ajouta :
— Je te présente Max Linder. Le mois dernier, dans Paillasse, il jouait un rôle muet. Mais, dans La Grande Famille, il parle. Ecoute-le, regarde-le. Fais-lui un bon article !
Et voilà dans quelles conditions je fis la connaissance du pauvre ami disparu, l’autre jour, si tragiquement.
De l’Ambigu, Max Linder passa aux Variétés. Il y doubla – plutôt mal – Max Dearly. Sa principale création fut celle du jeune mitron qui paraît au premier acte de Miquette et sa mère. Après n’avoir guère brillé boulevard Saint-Martin, le jeune artiste s’éteignit totalement boulevard Montmartre.
Amicalement, je lui en exprimai un jour ma surprise :
— Vous avez tout à fait le physique de votre emploi, lui dis-je. Votre voix est claire, elle est gaie ; elle porte loin et net. Vous êtes extrêmement intelligent. Alors quoi ?
— Alors, le cinéma me reste ! me répondit, sans conviction, Max Linder. Sans conviction, j’insiste sur ces deux mots.
Max Linder n’alla pas d’enthousiasme au ciné. Longtemps – toujours peut-être, qui sait ? – il regretta le théâtre. Et pourquoi le théâtre laissa-t-il partir Max Linder ?
Hélas! la réponse est bien simple! Parce que le théâtre n’a jamais cherché à retenir ses comédiens. Ce sont eux qui tiennent à lui et non pas lui qui s’intéresse à eux.
Trouvez-moi – Antoine mis à part – un seul directeur qui ait su découvrir, faire travailler et mener jusqu’au succès définitif un jeune acteur ou une jeune actrice ! Si la jeune actrice, si le jeune acteur ont réussi, cela n’a jamais été par la volonté du directeur. Le succès est venu. Le directeur en a profité. C’est tout.
Fernand Samuel, que j’ai beaucoup connu, dirigeait la plus admirable troupe du Boulevard. Comment songer sérieusement à préparer l’avenir, lorsque le présent est merveilleux et paraît devoir durer jusqu’à la consommation des siècles ?
Fernand Samuel avait déjà réuni – ou maintenu – aux Variétés, lorsque Max Linder s’y présenta, des bouffons admirables : Baron, Albert Brasseur, Guy, Max Dearly, auxquels venaient s’adjoindre les Prince, les Emile Petit et les Moricey. Avec de pareils acteurs – et une pièce de Robert de Flers et Caillavet par an – Fernand Samuel tenait le succès en laisse ! Il avait pu accueillir Max Linder ; il n’avait aucune raison de tenir essentiellement à lui. Alors, Max Linder partit !
Si les grands patrons du cinéma français n’atteignent pas encore à la cheville de leurs confrères d’Outre-Atlantique en l’art de «lancer» leurs étoiles, il n’en pas moins vrai que dès l’époque de ses premiers essais, l’art muet sut «recruter» et qu’il eut l’intelligence de présenter –et de payer – ses recrues de façon à considérer très vite le théâtre comme la réserve, ou la resserre, où il lui serait désormais permis de puiser à son gré.
Le cinéma ouvrit ses portes à Max Linder avec autant d’empressement que le théâtre avait pris soin de les fermer au nez ! Max, que l’insuccès paralysait, se sentit pousser des ailes devant la réussite. Il eut, dès lors, toutes les initiatives, toutes les audaces. Le petit acteur devint un grand artiste.
Charlie Chaplin considéra Max Linder comme son maître !
Et Max Linder est mort ! Bien pis, il s’est tué et il a tué ! Pauvres que nous sommes !
Jean Raphanel
LE SUICIDE DE MAX LINDER
paru dans Paris-Soir du 2 novembre 1925
Un drame de l’inquiétude «Ma femme me demande de nous suicider, j’accepte ! »
Pourquoi Max Linder, et sa femme se sont-ils suicidés ?
Il est facile d’imaginer des raisons compliquées. Le public qui ne croit pas aux causes simples sera étonné d’apprendre que les deux désespérés avaient pour eux l’amour, la santé physique, la fortune. Max Linder et sa femme sont morts parce qu’ils avaient envie de mourir.
C’est qu’on ne vit pas sans danger une vie dense et tumultueuse. Ils étaient tous les deux torturés par ce mal mystérieux dont les premières manifestations remontent aux lendemains du premier empire et qui, favorisé par l’époque trouble, a ces temps derniers repris tant d’acuité. Il semble bien en tous les cas que le suicide ne fut imposé ni par l’un, ni par l’autre, mais proposé par la toute jeune femme et accepté immédiatement par l’artiste.
Les lettres adressées à Mme Peters, à l’ami anonyme qui veilla sur leurs corps, au notaire et qui concernent particulièrement le sort de la petite fille née de leur mariage, n’ont pas toutes été ouvertes. Dans l’une d’elles pourtant, celui qui fut le joyeux Max, aurait écrit : « Ma femme me demande de nous suicider. j’accepte. »
Ç’aurait alors été la tentative réussie après celles manquées de Vienne et de Suisse. Mais on ne pourra être fixé définitivement qu’à l’ouverture de toutes les lettres.
La famille de Max Linder doit arriver à Paris ce matin.
D’ores et déjà toutes les interprétations du suicide autres que celles dues à un commun désespoir, doivent être écartées.
Il est invraisemblable, comme on l’a dit, que Max Linder ait profité du sommeil de sa femme pour lui trancher les veines. Quant à faire état du véronal qu’ils auraient pu prendre avant leur détermination, n’est-il pas logique de croire qu’ils ont voulu trouver dans un sommeil provoqué, un adoucissement à l’agonie et peut-être le courage de ne pas appeler dans un dernier sursaut d’instinct de la conservation.
On ignore encore quel jour et dans quel lieu les deux époux iront reposer dans le calme que leur refusaient leurs cœurs passionnés et leurs cerveaux inquiets. Il serait inadmissible en tout cas, que, par des commentaires gratuits, on trouble la retraite de ceux qui, l’amour ne les ayant pas consolés, cherchèrent dans la mort ce que d’autres trouvent dans le cloître, dans l’alcool, dans « l’opium immense ».
La mort de Max Linder
SEULE LA THESE DU DOUBLE SUICIDE LIBREMENT CONSENTI EST ADMISSIBLE
paru dans Paris-Soir du 3 novembre 1925
Voici bientôt sept ans quand Max Linder tournait Sept ans de malheur il dut briser force miroirs, accomplir maints gestes de mauvais augure. Il évoquait ce temps, il y a quelques mois, et ne pouvait se défendre d’y voir un sinistre présage et d’y trouver un aliment de plus à sa neurasthénie. Les temps sont révolus. La vie de Max Linder est terminée et l’on peut en mesurer l’horreur de contraste, le romantisme de sa destinée, le tragique de sa conclusion.
Mais les sept ans ne sont point écoulés. Ce que son apparence terrestre gagne en calme, sa mémoire devra-t-elle le payer des pires calomnies ?
Une thèse est répandue: Max Linder, avant de se tuer, aurait tué sa femme sans le consentement de celle-ci. On essaye d’interpréter dans ce sens l’absorption de stupéfiants et de narcotique. Nous avons dit hier ce qu’il fallait en penser.
Mais ce que l’hypothèse du crime ne saurait expliquer, ce qui l’infirme même complètement, c’est que Mme Linder ait écrit une lettre à sa mère. On s’explique ce qu’elle pourrait lui dire d’autre que sa détermination puisqu’en principe elles devaient se voir ce samedi matin ; Mme Peter n’a d’ailleurs eu cette lettre qu’hier soir et l’on ignore encore qu’elle contient.
On dit encore que Mme Linder était trop jeune pour penser à la mort. Quel âge avaient-ils donc les Werthers improvisés du sièclc dernier ? Quel âge ont-ils le plus souvent les déséspérés de l’heure actuelle ? Sont-ce les gens de quarante ans qui cherchent à redonner un sens à « la douceur de vivre » ou ceux qui naquirent à l’aube du siècle ?
Les parents de Max Linder sont arrivés à Paris. Il est fort probable qu’ils ramèneront le corps à Bordeaux. Il reste encore des questions notariales à régler.
Etant mort en effet après sa femme, Max Linder, en hérite avant de transmettre à son tour sa fortune à sa fille. Seule la preuve improbable du crime pourrait modifier la procédure.
De même, on ignore encore si l’Eglise accordera aux désespérés la pompe qu’elle leur refuse d’ordinaire. Si Max Linder a reçu les sacrements, il n’en est pas de même pour son épouse. Puis, toutes ces questions réglées, le silence, et la paix qui n’ont que trôp tardé à les accueillir, contraindront les hommes survivants, du moins nous l’espérons, à une réserve dont la curiosité, et même la sympathie n’auraient pas dû les faire se départir.
Divorce posthume
paru dans Paris-Soir du 5 novembre 1925
Le testament laissé par Linder ne contenant aucune volonté particulière relative aux obsèques, la famille du malheureux artiste et la mère de la jeune femme défunte ont pris, chacune de son côté, des dispositions pour l’inhumation des victimes du terrible drame. Le corps de Max Linder sera transporté jeudi à Saint-Loubès, près de Bordeaux, où les siens possèdent un caveau. Quant à Mme Linder, elle reposera dans un cimetière parisien.
C’est, nul n’en doute, à des sentiments profondément humains et fort respectables qu’ont obéi les parents en deuil. Après le tragique dénouement du drame, chacun s’est hâté de reprendre son malheureux enfant pour le garder désormais auprès de soi. Peut-être aussi a-t-on voulu effacer de cette manière jusqu’au souvenir d’un mariage funeste.
Hélas ! faut-il le dire ? La décision inspirée par la douleur aux deux familles a singulièrement déçu et attristé l’opinion publique. Parmi les clichés servant de titre aux faits divers, il y a une expression qui désigne d’une façon éloquente le cas des amants désespérés : Unis dans la mort. Nul n’a le droit de séparer ceux qui ont manifesté avec autant de force le désir de demeurer unis dans la mort. Transgresser leur volonté suprême, c’est prononcer une sorte de divorce posthume que n’approuvera jamais le bon peuple, cet éternel sentimental qui verse encore des larmes sur les malheurs fictifs de Roméo et Juliette et qui se dérange pour aller voir le tombeau, d’ailleurs vide, d’Héloïse et Abélard.
Le Goût de la mort
paru dans Paris-Soir du 14 novembre 1925
Il y a quinze ou vingt ans, quand le cinéma était encore dans l’enfance, on voyait parfois sur l’écran des scènes tournées dans un mouvement accéléré. Les personnages s’agitaient comme des épileptiques et accomplissaient les gestes les plus ordinaires avec une vitesse vertigineuse. La fin tragique de Max Linder a réveillé en moi le souvenir de ces films. Il m’a semblé que leur cadence précipitée symbolisait la vie même du disparu et celle de beaucoup de nos contemporains.
Car le drame de Neuilly, où disparut Max Linder, est l’une des mille manifestations de cette angoisse humaine étudiée par Maurice de Fleury dans son beau livre. Pour définir l’état d’esprit des hommes de l’après-guerre un mot suffit : l’inquiétude. Nous sommes, bon gré, mal gré, emportés dans un tourbillon d’agitation qui nous épuise chaque jour davantage.
Le hasard m’a mis trois fois en présence de Max Linder, et ces trois rencontres m’ont laissé le souvenir d’un neurasthénique inguérissable.
La première eut lieu au restaurant. C’était à l’époque où commençait à s’affirmer la jeune notoriété de Max. Il venait de faire une chute en tournant un film sportif et avait encore la tête bandée. Sa pâleur presque maladive, sa nervosité, ses gestes fébriles me frappèrent, et je songeai à ces « embrasés » dont Michel Corday a peint la brève et douloureuse existence. Les années passèrent. En 1916, je revis Max Linder au théâtre, dans la loge d’une camarade. II s’était vu réformer le matin même par une commission spéciale et manifestait une fébrilité extrême : « Que va-t-on penser de moi ? gémissait-il. Le joyeux Max, l’athlète complet incapable de faire un soldat ! On dira que je me suis fait embusquer ! ». Il suffisait de le regarder pour s’assurer que sa réforme était justifiée.
De nouveau, la vie nous avait séparés quand, voici quelques mois, je reçus une lettre de Max Linder me priant de l’aller voir pour examiner un projet de scénario. Je le trouvai couché et la mine défaite. Une angoisse secrète perçait sous la courtoisie charmante de son accueil. Nous parlâmes d’abord théâtre et cinéma ; mais bientôt l’entretien dévia et Max me confia que sa santé lui donnait de graves inquiétudes.
« Soignez-vous, reposez-vous », lui dis-je. Il eut un rire navrant et me répondit simplement : « Me reposer, comme c’est facile à dire ! »
Je ne devais jamais le revoir.
« Comment un homme riche, aimé, célèbre, un homme que le sort a comblé, peut-il songer à se tuer ? » Cette phrase, combien de fois l’ai-je entendu répéter depuis lors ! Ceux qui la prononçaient ignoraient-ils donc ces deux fléaux qui guettent l’homme moderne : la neurasthénie et la folie — deux mots presque synonymes ? Ils oubliaient que jamais on n’a tant demandé à l’intelligence, au cerveau, à la « matière grise ». Encore une fois, notre époque de civilisation à outrance nous enveloppe d’une atmosphère morbide où nous respirons sans nous en douter les miasmes les plus dangereux. A un moment donné, le surmenage — joint aux mille complications de l’existence — peut faire craquer les cerveaux les plus solides. Comment le pauvre roi de l’écran aurait-il pu résister longtemps, lui qui dépensait sans compter toutes ses réserves d’énergie ? Les années d’Hollywood comptent triple dans la vie d’un homme. Je dirai un jour ce
qu’elles sont !
Des sceptiques hausseront les épaules et diront qu’avec un peu de volonté on a tôt fait de se guérir. La volonté ? Quel enfantillage ! Elle est sans force contre ce goût de la mort — un des symptômes les plus typiques de la neurasthénie — qui pousse un être au suicide aussi sûrement que la folie du jeu conduit de pauvres diables à risquer leur dernier sou sur une table de baccara.
Fils de médecin, attiré moi-même de bonne heure par les problèmes de la psychiatrie, j’ai pu me rendre compte du peu de différence qui existe entre l’homme normal et le fou. La limite qui les sépare n’est pas définitive ; elle est mouvante, aussi incertaine et trompeuse que ces frontières tracées par l’arbitraire de certains politiques. Au fond, tous ou presque, nous avons en nous ce petit grain de sable qui peut, du jour au lendemain, arrêter net le beau mécanisme de la raison. J’ai vu plus d’un « nerveux » passer de l’équilibre à la démence ; il m’est arrivé de me trouver là, à la minute même où se produisait la fêlure.
J’ai vu Gilles de la Tourette, un des plus remarquables aliénistes de son temps, frappé par le mal inexorable au cours d’une conférence qu’il faisait à l’Odéon pour présenter au public ma pièce La Dormeuse. Et je n’oublierai jamais ce régisseur de l’Ambigu lâchant brusquement son manuscrit, en pleine répétition, et répétant avec des larmes de désespoir : « Je ne peux plus. Je ne peux plus ! » Le lendemain, il se brûlait la cervelle.
Contre les ravages d’un tel fléau la science demeure impuissante. Les neurologues ergotent à perte de souffle sur des « cas ». Ils n’en ont guéri jusqu’ici qu’un bien petit nombre. Seuls, peut-être, les traitements physiques, qui font sourire certains docteurs, ont obtenu des résultats. Car la neurasthénie n’est parfois qu’une affection locale produite par des toxines et sur laquelle des remèdes appropriés pourront agir efficacessement. C’était du moins l’avis d’un grand savant, Alfred Binet, qui consacra toute sa vie à l’étude des maladies mentales.
— « Pour triompher de la neurasthénie, me disait-il, toutes les armes sont bonnes. Cette angoisse sans cause qui torture un homme au point de lui faire voir la mort comme une délivrance, y a-t-il au monde quelque chose de plus atroce ? Ne soyez donc pas surpris si les malades cherchent parfois dans les stupéfiants un dérivatif à leurs souffrances. Comment pourrait-on les blâmer ? Certes, il faut traquer — et sans aucune pitié — ceux qui ne voient dans la drogue qu’un moyen d’assouvir leurs curiosités malsaines. Mais les autres, les perpétuels suppliciés, au nom même du respect de la vie, croyez-vous qu’on ait le droit de leur interdire cette suprême consolation ?»
Quand je revois par la pensée le visage pâle et tourmenté de Max Linder, quand j’entends les sarcasmes qui n’ont pas épargné sa tombe fraîchement ouverte, je songe malgré moi aux paroles d’Alfred Binet. Naguère, elles me scandalisaient presque. Aujourd’hui, je suis tenté de donner raison au vieux maître et il me paraît difficile de conclure autrement que lui quand on a le courage d’être sincère.
L’article non signé du 3 novembre 1925 de Paris-Soir fait référence à certains articles diffamatoire qui soupçonne Max Linder d’avoir tué sa femme dans son sommeil avant de se suicider. Sans doute cet article fait référence à celui paru dans Le Temps la veille .
Mort tragique de M. et Mme Max Linder
paru dans Le Temps du 2 novembre 1925
Mr Max Linder et sa jeune femme sont mort hier, dans des circonstances dramatiques. Ils occupaient, depuis quelques jours, un appartement dans un hôtel, 88 bis, avenue Kléber. Vendredi soir, le célèbre artiste de cinéma avait donné aux domestiques l’ordre de ne pas le déranger. En dépit de cette consigne, sa belle-mère, Mme Peters, étonnée de ne pas recevoir de réponse au téléphone, insista, hier matin, pour qu’on frappât à l’appartement de son gendre, dont la neurasthénie lui inspirait des inquiétudes. Ne recevant pas de réponse, les domestiques forcèrent la porte. Etendus sur le lit ensanglanté, M. et Mme Max Linder respiraient faiblement. Tous les deux avaient le poignet sectionné. Ils avaient absorbé des cachets de véronal et s’étaient fait des piqûres de morphine à dose massive. Près d’eux on trouva un rasoir ensanglanté. Les deux moribonds transportés dans une clinique, ont succombé.
Malgré ses succès et sa fortune. l’artiste donnait, depuis deux ans, les signes d’une tristesse et d’une inquiétude maladives. Agé de trente-neuf ans, il avait épousé, en 1923, Mlle Peters, qui n’avait que dix-huit ans. Après quelques mois d’une union parfaite, de pénibles dissentiments s’élevèrent. M. Max Linder croyait que sa femme ne l’aimait plus et confiait son chagrin à ses intîmes. Plusieurs fois il avait exprimé le désir de mourir avec elle.
A Vienne, l’année dernière, ils avaient été trouvés, inanimés dans leur chambre d’hôtel, ayant absorbé une trop forte dose de véronal. Depuis quelques mois, ils étaient séparés. Mr Max Linder voyageait, s’efforçait de se guérir ; il y a quelques jours il était allé chercher sa femme en Suisse, où elle avait passé l’été avec leur petite fille. Il devait, hier quitter définitivement Paris pour aller s’installer, seul, auprès de sa mère, à Bordeaux.
On présume que M. Max Linder a tué sa femme en profitant de sa torpeur et s’est suicidé ensuite.
L’artiste, de son vrai nom Levielles, avait commencé sa carrière au théâtre de Bordeaux ; puis il avait joué à Paris, à l’Ambigu et aux Variétés. Il apparut au cinéma en 1905 et connut tout de suite le succès. On sait qu’il s’était spécialisé dans le genre comique ; En 1916, il fit un voyage triomphal aux Etats-Unis et commença d’y réaliser une fortune qu’il a accrue, depuis en Europe.
Il avait un demi-million de contrats en porte-feuille. Il venait de gagner un million net, en quarante-cinq jours de travail. Le 13 du mois dernier, il avait donné sa démission de président des auteurs de cinéma, sous des prétextes si vagues que ses amis en prirent une certaine inquiétude, il était visible que la neurasthénie aggravait son œuvre.
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Pour en savoir plus :
Le site consacré à Max Linder (allemand).
Un bel article sur Max Linder et sa fille Maud sur le blog la culture entre 2 chaises.
REGARD 151 – Entretien avec Maud Linder – RLHD.TV par regardezleshommesdanser[youtube width=”420″ height=”315″]https://youtu.be/zMrzNdzmi7s[/youtube]
Max Linder dans ses oeuvres.
C’est une fois de plus une collections de documents inestimables que vous nous faites partager aujourd’hui pour cet anniversaire triste et tellement étrange à la fois.
Sans vous il serait passé inaperçu pour un grand nombre d’entre nous je l’avoue.
Merci donc pour la publication de ces documents “à chaud” sur ce grand du Cinéma qu’est, que reste Max Linder, homme, artiste tellement différent de l’image que nous gardons de lui au fil du temps…