Le premier numéro de Pour Vous du 22 novembre 1928


Il y a tout juste 90 ans, jour pour jour, sortait le premier numéro de la plus importante revue de cinéma des années trente : Pour Vous.

Si vous êtes des réguliers de ce site, vous savez que régulièrement nous publions des articles extraits de cette revue qui sont bien souvent remarquable et nous renseignent mieux que nul autre sur la manière dont était perçu le cinéma dans les années trente. Ce qui est le but de ce site.

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Un mois auparavant était paru le premier numéro du rival de Pour Vous, la revue Cinémonde, auquel nous avons rendu hommage avec ce post du 26 octobre 1928 à propos de Maurice Chevalier.

« Je vais faire du cinema » par Maurice Chevalier (Cinémonde 1928)

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Pour Vous avait comme rédacteur en chef  le romancier, futur membre de l’Académie GoncourtAlexandre Arnoux. Mais il fut aussi scénariste pour Jean Grémillon (Maldone, 1928), G.W. Pabst lors de son séjour en France (L’Atlantide, 1932 ; Don Quichotte, 1933 ; Le drame de Shanghaï, 1938) et Julien Duvivier (remake de La charrette fantôme en 1940) comme l’a relevé l’historien Christophe Gautier.

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Voici ce qu’en dit le site de référence Ciné-Ressources :

Soutenu par un groupe de presse puissant – celui du grand quotidien du soir L’IntransigeantPour vous peut se permettre une certaine indépendance : sans publicité, c’est le plus luxueux des journaux populaires de l’époque, avec une iconographie exceptionnelle.

Films racontés, confidences de stars, concours : on retrouve les rubriques traditionnelles du magazine pour grand public, mais le niveau est bien meilleur.

La sélection des films racontés est excellente, et le courrier des lecteurs donne l’occasion à ceux-ci de donner leur appréciation sur les films (“La parole est aux spectateurs”).

La critique est également présente (textes de Jean George Auriol, Roger Régent, Nino Frank), ainsi que des informations sur les activités professionnelles en France et à l’étranger, des dossiers techniques, thématiques, des enquêtes.

Pour vous ouvre également ses colonnes à des personnalités extérieures au cinéma : Blaise Cendrars, Pierre Mac Orlan, Marie Laurencin, Jean Giraudoux, Henry de Montherlant.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Le sommaire de ce premier numéro.

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Nous avons donc retranscrit la quasi intégralité de ce premier numéro de la revue Pour Vous. Cliquez sur les articles suivants pour y accéder directement.

1 – J’ai vu, enfin, à Londres un film parlant” par  Alexandre Arnoux

2 – “Jacques Feyder va partir pour l’Amérique” de Nino Frank

3 – “Une tasse de thé chez Lil Dagover” de J-V Bréchignac

4 – Marie Laurencin devant l’écran

5 – “L’aventure au cinéma” par Pierre Mac Orlan

6 – “CINEMA, ou vingt ans de vie moderne” par Alexandre Arnoux

7 – “Studios et plein air” de Roger Régent

8 – Hommage à Stiller

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Signalons que nous avions déjà retranscrit l’article d’Edmond T Gréville au printemps dernier.

Piccadilly (1929) de E. A. Dupont et Le Cinéma muet anglais par Edmond Gréville (Cinémagazine 1928)

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Bonne lecture et à suivre.

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Dans l’article suivant, Alexandre Arnoux écrit ses premieres impressions à propos du premier film parlant qu’il a vu, The Terror, réalisé par Roy Del Ruth. Le film utilisait le procédé Vitaphone utilisé par la Warner Bros à l’époque.

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J’ai vu, enfin, à Londres un film parlant par  Alexandre Arnoux

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Je reviens de  Londres où j’ai vu The Terror, le premier film parlant qui ait été donné en Europe. Je dis bien film parlant et non film sonore simplement accompagné de musique enregistrée, de cris, de chœurs, de ronflements de moteurs, d’abois de chiens et de ces mille bruits divers qui peuvent commenter une action, la rythmer, en créer l’atmosphère, sans prétendre cependant en offrir une traduction directe. Ce qui caractérise le film parlant, c’est l’importance du dialogue. The Terror répond parfaitement à cette condition essentielle. Le texte récité par les acteurs remplirait bien, je pense, une petite brochure, la valeur approximative d’une demi-pièce de théâtre en trois actes.

Je n’ai pas l’ambition, dans cet article écrit rapidement, sous l’impression directe, de jouer au prophète. Je ne suis ni un optimiste béat qui éclate de joie et d’espérance chaque fois que l’homme invente une petite mécanique nouvelle. Je ne suis pas, non plus, un annonciateur de calamités, un Cassandre qui croit l’univers englouti si l’on dérange ses habitudes. J’ai vu et entendu un film parlant, un vrai. Je vous donne, en vrac, mes réactions. Elles valent ce qu’elles valent. Voici un fait tout neuf, la bande dialoguée ; je vous informe. Si je hasarde une opinion, nul, moins que moi, ne s’étonnerait que l’avenir l’infirmât.

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

The Terror, à Londres, n’a pas obtenu un très vif succès. Salle assez clairsemée, au bout d’un mois à peine de représentations, et dans une ville où une opérette tient aisément l’affiche plus d’une année. N’en concluons rien. The Terror me semble, en effet, et du pur point de vue cinématographique, une bande assez faible. Scénario très anglo-saxon, trame policière selon la recette habituelle, mêlée de quelques bouffonneries spirites ; interprétation d’une bonne qualité moyenne, sans plus. Cette bande, privée de l’attrait de curiosité que lui confère la voix des acteurs, ferait honorablement sa semaine dans une salle de second plan. L’application des procédés inédits n’a pas suffi à la galvaniser, à lui insuffler une vertu d’attraction que sa valeur seule ne lui prêtait pas.

L’effet général est assez déconcertant tout d’abord. Le haut-parleur installé derrière l’écran ne changeant jamais sa place d’émission, la voix, quel que soit le personnage qui parle, vient toujours du même point. Synchronisme parfait sans doute, mais qui laisse à l’auditeur une gêne confuse. Si on analyse cette gêne, on s’aperçoit bientôt que la concordance du mouvement des lèvres et des syllabes prononcées renforce, par sa réalisation même, les exigences de la vraisemblance et commande un repérage dans l’espace, le rend absolument indispensable, Sinon, on se trouve devant une comédie étrange, dont les acteurs mimeraient étroitement, avec leurs bouches, les répliques, cependant qu’un choryphée mystérieux et ventriloque, rigoureusement immobile au centre de l’écran, à une certaine profondeur, se chargerait de la partie sonore de leurs discours muets.

Pour pallier à ce défaut, sans doute, et peut-être aussi à cause des difficultés techniques, le metteur en scène a évité, autant que possible, les changements de plan, les recherches d’angles de prises de vue, tout au moins pendant les conversations. D’où une extrême monotonie cinématographique, une continuité lourde, un statisme qui nous ramène directement au théâtre, au texte proclamé devant la rampe. Dès que l’acteur est libéré de l’obligation de la parole, l’intérêt rebondit. On peut se demander si la voix n’enlève pas plus d’éléments à l’expression qu’elle ne lui en apporte.

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

J’ai été vivement frappé également de la médiocrité du jeu des protagonistes pendant les dialogues, de la bonne qualité, au contraire de leur interprétation dès que ne pèse plus sur eux la contrainte de se faire entendre. Acteurs spécialisés de l’écran, peut-être, dressés au silence et déconcertés ? Je ne le crois pas. Au cinéma, c’est une règle absolue, et à laquelle ont bien du mal à se plier les gens de théâtre, qu’il ne faut pas si, pour le jeu, on est amené à proférer quelques mots, qu’il ne faut pas, dis-je, articuler. L’articulation des syllabes déforme la mâchoire, fait grimacer le visage, torture la bouche. Au théâtre, cela n’a pas d’importance ; le spectateur est loin. Au cinéma, le spectateur, au moins pour les gros plans, se trouve à deux ou trois mètres à peine d’un personnage grossi au-delà des proportions humaines, vu à la loupe. Une femme criant d’épouvante fonçant sur moi, et je ne vois plus qu’un gouffre noir horriblement contracté, tandis que le haut-parleur, toujours immobile, hurle à vingt pieds. Il me semble que, dentiste de cauchemar, je vais plonger dans la bouche grande ouverte d’une patiente qui a délégué une remplaçante pour pousser des clameurs à la cantonade. Effet assez hallucinant ma foi, mais que les inventeurs de l’appareil n’avaient sans doute pas prévu…

Je m’efforce d’être impartial. Je n’y parviens peut-être guère. Comment voyager et voir sans s’emporter soi-même et ses préjugés ? J’aime le cinéma profondément. Ses jeux de noir et de blanc, son silence, ses rythmes enchaînés d’images, la relégation, par lui, de la parole, ce vieil esclavage humain, à l’arrière-plan, me paraissaient les promesses d’un art merveilleux. Voici qu’une sauvage invention vient tout détruire. Qu’on me pardonne quelque amertume, quelque injustice. Avoir tant travaillé, tant espéré, pour revenir, en fin de compte à une formule aussi éculée que le théâtre, se re-soumettre à la tyrannie du verbe et du bruit, aggravée encore par un intermédiaire mécanique ! Et cependant…

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Nous ne pouvons rester indifférents. Nous assistons à une mort ou à une naissance, nul ne pourrait encore le discerner. Il se passe quelque chose de décisif dans le monde de l’écran et du son. Il faut ouvrir les yeux et les oreilles. Qui aurait prédit, il y à vingt ans, devant ces ridicules bandes si engluées dans la convention scénique, le film d’aujourd’hui, Le Cirque et Le Chapeau de paille d’Italie, La Passion de Jeanne d’Arc et Les Nuits de Chicago ? Seconde naissance ou mort ? Voilà la question qui se pose pour le cinéma.

Telles sont mes premières impressions toutes brutes. Je n’ai le temps ni de les méditer, ni de proposer des anticipations, je reviendrai, du reste, sur ce sujet qui n’a pas fini de passionner le monde de l’écran. Et il faudra bien que je vous conte, je n’en ai pas la place aujourd’hui, l’entrevue que m’a accordée M. Richard Wilcox, directeur de la British International Film Corporation

Alexandre Arnoux

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“Jacques Feyder va partir pour l’Amérique” de Nino Frank

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Jacques Feyder s’en va. Où ? En Amérique. Pourquoi ? La Métro-Goldwyn-Mayer lui offre d’aller travailler là-bas librement. C’est tout.

Et c’est assez grave. Il est le premier : demain on en appellera d’autres. Maurice Tourneur et Harry d’Abadie d’Arrast s’étaient déjà frayé leur chemin à Hollywood. Qui est-ce qui va nous rester, si on n’y prend pas garde ? Le dessous du panier, et ce ne sera par le meilleur.

C’est charmant.

On trouve Jacques Feyder chez lui, plus aisément qu’autrefois. Encore quelques raccords à faire pour les Nouveaux Messieurs, qu’on présentera en petit comité le 21 ou le 24 de ce mois. Mais les malles sont prêtes. Le 28, départ.

Il est grand, svelte, souriant. Trente-cinq ans peut-être. Tout habillé de gris, élégant : des yeux bleus, un regard ferme. Tour à tour insinuant et brutal, et ne se privant pas de dénoncer les choses telles qu’elles sont. Comme il l’a toujours fait d’ailleurs. Maintenant il s’impose même une réserve qu’on ne peut manquer d’apprécier: « Je ne tiens guère à partir en claquant les portes. »

Il n’est pas facile de le faire parler. II me reçoit dans son petit salon, près des Invalides, d’où l’on voit la rive droite imprégnée de pluie, grise à périr d’ennui. Personne n’irait supposer que l’on est chez un homme de cinéma, l’auteur de L’Atlantide, de Gribiche, de Thérèse Raquin. Au mur, Tristan Bernard sourit dans sa barbe, d’une photo. Des images anciennes, un piano à queue. Et Jacques Feyder, assis sur un fauteuil, un mouchoir à la main qui souligne tous ses gestes, les jambes croisées, la voix forte et un peu aigre, sourit, parle. S’anime-t-il ? On oublie qu’il est le réalisateur d’une douzaine de films, on ne voit plus qu’un homme très jeune, plein d’enthousiasme, décidé à tout faire pourvu que ce soit bon, et pourtant prudent, attentif, précis.

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Dix films, dites-vous ? Oui, ceux que j’ai signés. Mais j’en avais fait auparavant dix-sept, qui ne portaient pas une signature. On ne signait pas à cette époque. Je vous parle de 1913, date de mes débuts… Ne parlons pas du passé. L’avenir ? L’Amérique ? …

Il hésite, me regarde, me soupèse.

— Oui, je suis optimiste, malgré tout même en mettant les chose au pire, je ne puis qu’y gagner. Il y a toujours une grande leçon de technique à prendre à Hollywood. Je dois faire trois films pour la Métro : ensuite, ils ont une option. Reviendrai-je en Europe ? Sans doute, dans un ou deux ans. Ce que j’y trouverai ?… L’Allemagne, la Suède sont en baisse. Les Russes sont passionnants ; mais leur œuvre a besoin de se renouveler, et de doses plus larges. Mais ils ont bien organisé tout. On m’avait proposé d’aller chez eux, pour leur servir d’instructeur, dans les Ourals. Mais j’aime mieux aller prendre des leçons à Hollywood qu’en donner dans les Ourals.

Il parle maintenant. il n’hésite plus à me parler franchement :

Je vais tomber à Hollywood au milieu des expériences pour les films parlants et les films sonores. Je n’ai pas d’opinion là-dessus. Mais je serai bien forcé de m’y intéresser. Songez que les deux tiers des capitaux sont investis dans ces expériences. Je crois qu’il y a une tendance qui prévaudra, celle de séparer nettement les films parlants des films sonores, les premiers devant être seulement ceux d’un caractère populaire, destinés à la plus large vente… Enfin, on verra. Mais je vous le répète, je vais là-bas plein d’optimisme : on va ressortir le vieux lieu commun, que j’y perdrai mon originalité, etc… J’en doute : si je fais des concessions, elles me seront dictées par ce que j’y apprendrai. Persuadez-vous bien qu’il faut reviser tous nos jugements sur le monde cinématographique américain ; ils ont acquis une liberté dans les sujets (songer à A girl in every port), dans les détails, qu’ils n’avaient pas auparavant. Savez-vous que c’est en France qu’A girl in in every port a été un peu « arrangé » ? Moi, je suis contre toutes les coupures, délibérément. Mais ajoutez qu’ici on n’a guère de sens industriel, les choses sont faites d’une manière absurde. Cependant nous avons bien des atouts, en Europe. D’ailleurs le cinéma français ne pourra naître que si l’on a recours à des techniciens américains. Et puis il faut faire beaucoup de films ; on ne réussit pas un film comme un sabot. Nos fabricants n’ont pas de sens industriel : c’est comme si la Samaritaine prétendait imposer sa mode à l’univers. Pourquoi ne s’inspire-t-on plutôt de la rue de la Paix ?

On voudrait demander bien d’autres choses à Jacques Feyder, et il répondrait nettement, brutalement : « Je n’ai pas toujours eu de chance avec mes interprètes féminins… » Il sourit, moi aussi. Napierkowska dans le désert, Raquel Meller faisant du crochet… Mais Feyder ne nous en dit rien. Il ajoute : « Heureusement j’ai eu plus de chance dans mes derniers films : Gaby Morlay est un violon délicieux. Vous la verrez… »

Nino Frank

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Une tasse de thé chez Lil Dagover

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Une jolie femme qui était née aux Indes, qu’elle ne connût guère, puisqu’elle les quitta à six mois, traverse la rue à Weimar. Weimar, la ville où Schiller écrivit son poème sur la cloche, celle où Goethe prit une figure patriarcale et que certains prétendent empreinte de sérénité. Un homme passe, l’aperçoit et n’hésite pas à l’arrêter pour lui dire qu’elle a un visage expressif particulièrement distingué pour le cinéma. Ils se quittent après quelques sourires. Le soir même, au cours d’un festival artistique, nouvelle rencontre. La jolie femme se laisse convaincre. Bouts d’essai. Applaudissements. Elle signe un contrat avec la Ufa.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

C’est ainsi que Lil Dagover, à l’heure actuelle grande vedette allemande, interprète pathétique de Madame Butterfly et des Trois lumières, de Fritz Lang ; de la Rhapsodie hongroise d’Erich Pommer, et de trois films qu’elle a tourné en France, est venue au cinéma. Mme Lil Dagover est parmi nous depuis une semaine. Elle tourne son quatrième film français avec Henri Fescourt, à Billancourt : Le comte de Monte-Christo.

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Princière, avec une grande collerette blanche empesée — une véritable fraise de grande dame du XVIe siècle — elle m a confié, devant une table de thé, quelques détails sur ses goûts, quelques opinions sur son art.

Nous avons parlé de l’Allemagne, du cinéma et des bêtes. Car Lil Dagover aime énormément les bêtes.

J’ai deux « chows », m’a-t-elle dit, et deux chats. Mon mari a deux chiens de chasse. J’ai eu un singe auquel je vouais une affection particulière. Nos climats continentaux ne lui ont pas permis de vivre.

» Tout récemment encore, j’avais un guépard : mes amis se sont coalisés pour le faire expédier dans un jardin zoologique. »

— En somme, vous aimez les fauves ?

Ce sont les bêtes les plus belles.

La pensée banale : « Mais tout de même les plus dangereuses », me vient à l’esprit. Abstenons-nous. Mme Lil Dagover a la tranquille assurance d’une souveraine dont la beauté inspire le respect aux créatures les plus féroces.

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— Et alors, madame, le film avec M. Fescourt ?

Je suis ravie de tourner avec lui et avec les camarades que j’ai pour le moment. Ils sont tous charmants.

— Vous avez tourné en Allemagne et en France. Est-il indiscret de vous demander ce que vous pensez de notre production ?

Elle est pleine de promesses. J’aime beaucoup Jacques Feyder, et je considère le Napoléon de M. Gance comme plein d’enseignements remarquables.

» Quant à la Passion de Jeanne d’Arc, de Carl Dreyer, c’est une œuvre splendide qui bouleversera Berlin, j’en suis sure…

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— Notre organisation, nos studios ?

Je suis obligée d’avouer qu’à Neubabelsberg nous avons des moyens plus importants, surtout au point de vue éclairage.

» Mais si je fais cette réserve, c’est d’abord en amie, et d’autre part c’est parce que j’ai la persuasion que « l’œuvre type », la perfection au cinéma, doit naître chez vous… »

En formulant cet espoir et cette amabilité, Mme Lil Dagover m’a une dernière fois dévoilé les plus jolies dents qui soient au monde…

J.-V. Brechignac

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Marie Laurencin devant l’écran

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Je suis allée voir et entendre « Ombres Blanches ». C’est très beau, la photographie surtout est très belle. Quand on entend les petits oiseaux, c’est idyllique. Et comme Monte Blue sait bien siffler ! Il est bien de corps ce Monte Blue, mais sa figure est un peu molle. Un de ses avantages est de nous présenter, au cinéma, un type un peu moins conventionnel. Quant à celui qui fait le bandit, il joue remarquablement. Il avait l’immobilité d’un vrai de vrai, d’un « homme du milieu » de chez nous, d’un « biset ».

J’ai été bien obligée de m’apercevoir que Raquel Torres, elle, n’était pas du pays. Ce qui frappe chez les indigènes c’est leur peau. On la voit magnifiquement cette peau. Evidemment on pense à Moana. Dans « Moana » l’homme est un véritable indigène. Il est très beau et son indolence, sa lenteur sont sympathiques.

J’ai vu aussi « L’Etudiant de Prague ». Conrad Veidt n’était pas assez jeune pour le rôle. Et puis, à certains moments, on voyait trop qu’il avait les yeux verts. Mais sa veste de velours ! Ah ! sa veste de velours ! Elle donnait vraiment quelque chose au point de vue optique. Elle rappelait la mode des femmes en 1890.

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Moi, mon héros au cinéma, c’est Clive Brook. Il est très élégant et très sensuel. Dans les scènes d’amour, il s’approche de la femme mais ne fait pas de gestes. Alors la femme a l’air de lui tomber dans les bras. Et ça, c’est joli.

Je l’ai vu dans un film étonnant qui s’appelait, je crois, « L’Espionne ». Il jouait avec une femme qui était ce qu’il fallait pour lui. Mais elle avait des mains abominables. Les mains… les mains…, on n’y pense pas assez.

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« Chicago » avec Phyllis Haver, c’est très bien joué par tout le monde, sauf par le mari. Mais combien y a-t-il de films américains qui rappellent certains films italiens, du temps où les Italiens en faisaient ? Les femmes américaines, d’autre part, sont mal coiffées. Leurs coiffures sont molles, elles ont trop de cheveux. Ce n’est pas tellement photogénique.

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Raquel Meller au cinéma. Elle a une très belle bouche. On voit souvent aussi des hommes inconnus qui sont très bien.

Mon idole ? Lilian Gish. C’est comme une peinture…

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Je suis passionnée du cinéma. Pour pas mal de raisons. Et puis, c’est noir, on y est tranquille, il n’y a qu’un seul entr’acte.

J’aime la pénombre du cinéma ; la paix et l’ombre.

Marie Laurencin

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

 

“L’aventure au cinéma” par Pierre Mac Orlan

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

A girl in every port, qui passe dans certains cinémas sous le titre de Poings de fer… Cœurs d’or, est une des plus remarquables productions actuelles. Film de la mer, de l’aventure, des bars et des voiliers, nul mieux que M. Mac Orlan ne pouvait le présenter à nos lecteurs.

Ce film émouvant porte le titre d’un livre remarquable d’André Savignon ; paru pendant la guerre, je crois, La ressemblance s’arrête là. Tel qu’il est, ce film offre, non seulement les images mais l’atmosphère de l’aventure.

Une fille dans chaque port, c’est l’une des formes les plus normales de l’aventure dans chaque port. Est-il nécessaire de répéter que l’aventure n’existe que dans l’imagination de celui qui la convoite ? L’aventure ne connaît guère le présent pour mettre au point les forces littéraires qu’elle peut créer. Cette force de création littéraire dont l’aventure semble si riche n’est que l’expression d’un désir ou d’un regret.

Les ports, les grands ports de commerce sont admirablement placés pour réunir et transmettre l’essence la plus pure de ces désirs et de ces regrets. C’est dans les bars, ces bars extraordinaires peuplés de fantômes et d’anticipations que s’opère le miracle qui donne au film sa vie puissante et secrète. Devant le comptoir, l’homme qui va partir laisse derrière lui, entre deux verres, le meilleur de son image et le matelot qui revient, son sac de toile grise sur l’épaule, apporte le meilleur de ce qu’il a vu.

Dans ce décor sans cesse renouvelé d’un port, dans les rues surexcitées où le peuple des aventuriers cherche à tromper ses arrières-pensées, d’étranges personnages guettent un auditeur complaisant. Avec les lumières de la nuit, la confession publique pavoise les quais et les rues du Quartier Réservé.

Ah ! emmenez-moi plus loin que Suez,

dit le soldat de Kipling.

Là où il n’y a pas d‘Décalogue,

Où le bien et le mal se mêlent,

A Mandalay…

C’est l’imagination qui rend tristes et sauvages les matelots et les soldats quand la nuit vient dans les rues qui accèdent au port. Les femmes qui les font boire les connaissent et ne sont point dupes, mais vivent dans la lumière intérieure de ces matelots et de ces soldats.

Pierre Mac Orlan

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

“CINEMA, ou vingt ans de vie moderne” par Alexandre Arnoux

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

IL y a deux sortes d’hommes, les vieux et les jeunes ; le cinéma les partage. Les vieux sont nés avant lui, les jeunes après, j’appartiens au groupe préhistorique. Quand j’épelais mes lettres, quand je traçais sur l’ardoise, en tirant la langue, ces signes alphabétiques dont je devais faire, par la suite, un si étrange abus, nulle projection ne s’inscrivait encore dans le grain crayeux des écrans, dans leur rectangle pale aux coins arrondis ; le temps était le temps et nous ne savions pas accélérer ou ralentir sa marche, accroître ou concentrer la durée de l’univers. On rencontrait déjà, par les villes et les champs, des femmes belles, mais aucune de photogénique.

C’était un monde pauvre que celui de notre enfance ; nous ne possédions que les formes, leurs ombres et leurs reflets ; nous ne régnions pas sur leurs rythmes, enchevêtrés à notre bon plaisir, La caméra ne digérait pas pour nous.

Alors le cinéma a été engendré, presque au cours de la même Olympiade que l’automobile. Les unités de vitesse, de déplacement, de compression et de dilatation des images, ont changé d’échelle. Le visage de l’homme, aux proportions fixées depuis le déluge, est devenu gros plan, le paysage film ; l’invisible, monstrueusement grossi, a joué pour nous, acteur neuf ; l’espace s’est rétracté ; la durée rigide s’est muée en une matière élastique, qu’on peut allonger ou réduire, pareille à celle des rêves, mais soumise à notre pouvoir.

Voilà pourquoi un abîme se creuse entre les vieillards et les enfants. Les premiers lisent les caractères d’imprimerie et congèlent, par vice héréditaire, tout ce qu’ils regardent ; les autres comprennent, d’instinct, les spectacles du ciel et de la terre, du vent et de l’ombre, sans intermédiaire de vocabulaire ou d’écriture, plongent naturellement dans l’écoulement et la fluidité que la raison humaine avait arrêtés pour faciliter sa prise, à qui elle accorde enfin leur délivrance.

Je suis né avant le cinéma, |e chevauche les deux âges. Une ère s’ouvre, qui me tranche au début de ma vie. J’ai un pied dans l’antédiluvien ; j’ai vécu la période épique. Il faut que les enfants m’écoutent, même en bâillant. Je chante les héros de la Genèse, les fantômes grandioses qui ont dominé sur les années de mon adolescence et de ma maturité.

Voici :

Le Premier, au fond d’une baraque de planches, celui qui, avec un rond de feutre, se transforme en juge, en Calabrais, en toréador, en Napoléon.

La locomotive qui fonce sur les spectateurs criant d’épouvante.

L’arroseur arrosé, père des comiques, ancêtre à la postérité innombrable.

Le film d’art, le duc de Guise. Les gestes qui ont, comme les alexandrins, douze pieds. L’impuissance de ne pas vociférer muettement.

Les cow-boys d’Amérique, les Indiens les chevauchées. Thème éternel de la poursuite, repris par les Iroquois à l’Odyssée. Les feuillages et le vent sont réimportés en Europe.

William Hart, le justicier aux yeux clairs par qui le bandit de la frontière mexicaine est branché, pour le salut de la femme blanche.

Sessue Hayakawa, si célèbre qu’on le dit mort, son masque oblique, l’intensité de son visage immobile. Le premier qui ait gardé le silence sur l’écran et se soit absolument passé de mots, même non proférés, pour nous émouvoir.

Max Linder, issu du vaudeville et son fils prodigue d’outre-Atlantique, Charlot.

Charlot, poésie ailée. Idylle aux champs, la danse. Charlot soldat, la guerre, la vraie que nous n’avions pas vue, la faisant. Charlot, le rond de la piste sur la place, le coup de Pied dans l’étoile. Un chapeau melon, une canne, des godillots et, au centre, le Destin toujours manqué de l’homme, cette pitié et cette bouffonnerie énormes : Moi, Vous, LUI.

Douglas Fairbanks, le héros de cape et d’épée, de fouet et de lasso, le chevalier acrobate, fils du Cirque, de la Prairie et du vieux Dumas, celui dont les cinq parties du monde connaissent le rire et les dents.

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Sjostrom, les fjords, la neige, l’innocence. Le renne fuyant la tempête. La Charrette des morts.

Les navigateurs du Pôle, le voilier pris dans la banquise, plus tard Nanouk huileux et ses chiens peu à peu pétrifiés.

Caligari, le sorcier cubiste de foire, au chapeau tromblon.

Lilian Gish, son visage martelé et son tournoiement de bête.

La Roue de Gance, le rail, les bielles, les plaques tournantes, Métropolis et son enfer de machines.

Louis XI, prudent, dévot, paysan royal qui économise la France, province à province.

Les trapèzes volants de Variétés et le drame qui tournoie dans le vide, au-dessus du music-hall chavirant. Le mouvement rapporté non plus au spectateur, mais au spectacle.

La noce du Chapeau de paille d’Italie. Tout est rompu, mon gendre.

Napoléon, le petit chapeau dans la tourmente, la Convention et la mer, les grandes houles.

Chang, le poème de la jungle. Monseigneur le tigre et le troupeau des éléphants, comme une chaîne pressée de montagnes errantes.

Thérèse Raquin, sa noire boutique, les nuits d’insomnie et d’hallucination.

L’Etudiant de Prague. Le duel de l’homme et de son reflet.

Jeanne d’Arc.

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Voici les formes vivantes qui ont peuplé le cerveau des hommes depuis trente ans.

Voici les fantômes, plus substantiels que la matière, dont les règnes se sont succédés.

Et maintenant, les enfants, repos. J’ai achevé ma rhapsodie. Vous savez mieux, vous, ouvrir les yeux que les oreilles.

Je vous ai appris, homme comblé de mémoire, les noms de ceux du passé.

Regardez ceux qui vont bondir dans l’existence, lancés par dessus vos têtes, ivres, bourdonnants parmi les poussières dorées du faisceau à quatre angles de la projection.

Ceux que vous aimerez ressusciteront chaque soir.

Ceux qui n’auront pas le bonheur de vous plaire mourront dans la pellicule, larves en bobines.

Comme jadis, comme toujours, vous décidez du sort des héros.

Alexandre Arnoux

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Alexandre Arnoux, rédacteur en chef de Pour Vous

Studios et plein air

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Voulez-vous que je vous présente un studio.

Voici.

D’abord chacun de ces grands halls possède une personnalité bien établie. Il en est d’amusants, de tristes, d’ennuyeux, de curieux ; d’autres sont austères, d’autres accueillants, sympathiques. On pénètre dans certains le dos courbé, la tête enfoncée entre les épaules, craintif : nh a peur qu’ils se fâchent ! Dans d’autres, un indéfinissable ennui vous gagne dès le seuil, tandis que lorsque l’on franchit la porte de quelques-uns, une bonne humeur vous envahit, comme ça, sans savoir pourquoi, comme si l’on vous souhaitait la bienvenue !

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Ce qu’est un studio ? Mon Dieu, quelque chose comme le morceau d’une autre planète qui se serait détaché, serait tombé sur la terre, et qu’une grande enveloppe de fer et de verre serait venue coiffer. On ne vit pas comme ailleurs dans ces îlots extra-terrestres. Il y règne une atmosphère de puissance, de force, d’usine. De douce intimité aussi. Et la création dans ces salles de machines de délicats poèmes d’images n’est-elle pas un beau miracle ? Tout est contraste au cinéma. Tandis qu’une larme glisse des yeux de l’ingénue, le matériel électrique gronde, les marteaux cognent, les praticables roulent, les machinistes s’interpellent. Il faut une foi prodigieuse en l’œuvre d’art, une rare confiance en soi pour détacher un chant pur d’un ensemble aussi discordant, et un talent d’une belle souplesse à la jeune sportive casquée qui descend de sa Bugatti et qui, dans vingt minutes, sera Catherine de Médicis ou Jeanne d’Arc.

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Mais le studio fait ces miracles. Il transfigure. C’est une personnalité vivante du cinéma, quelqu’un à qui l’on est tenté presque de dire bonjour, de serrer la main. Malgré ses apparences de garage, il laisse les plus fragiles tempéraments manifester leur sensibilité. Je vous dirai jeudi prochain comment cela se passe, nous pénétrerons ensemble jusqu’en ses coins les plus secrets, mais laissez-moi vous dire dès aujourd’hui que même s’il est austère ou bourru, comme je vous le disais tout à l’heure, le studio-personnage est tout de même un brave type !

Roger Régent

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Au studio de la rue Francœur, Richard Oswald tourne Cagliostro, avec Han Stüwe, Charles Dullin, Koval Zamhorski, Mmes Suzanne Bianchetti, Rina de Liquoro. Les opérateurs sont Kruger et Desfassio, l’assistant M. Kourotchkine et le décorateur W. Férenzi. Des éprouvettes, des tubes, des alambics, des cuves de verre ; il parait que toutes les vitres du quartier sont assurées contre les explosions.

Explosions d’un autre genre à Joinville, où Henri Roussel a commencé un nouveau film : Paris-Girls. De charmantes personnes se disputent le plateau : là non plus les vitres ne sont peut-être pas en sûreté ! Dans le studio voisin, René Hervil poursuit la réalisation du Ruisseau d’après Pierre Wolff. Louise Lagrange, Olga Day, Lucien Dalsace, Tony d’Algy interprètent, tandis que Fernand Lefebvre assiste et que Aubourdier et Lafont photographient. « C’est la première fois que je suis malheureux en amour, dit Dalsace. Au cinéma, évidemment car… » Personne ne souhaite bonne chance à Lucien Dalsace pour de semblables débuts ! Quelques extérieurs de nuit vont être prochainement réalisés à Fontainebleau.

Au Studio Gaston Roudès, à Neuilly, Gaston Biard a commencé les intérieurs d’un nouveau film : Une vieille histoire. Mona Goya, la principale interprète, plus espiègle que jamais, est l’enfant terrible. Au fait, avons-nous en France beaucoup d’enfants terribles ? Voici un emploi qu’il conviendrait peut-être de développer chez nous. Personne ne paraît y penser. Nous ne manquons pourtant pas d’artistes jeunes. Quant à être terrible… Cela doit s’apprendre plus facilement que la sagesse.

Toujours aux Cinéromans, Jacques de Baroncelli a commencé La Femme et le Pantin. Qui n’a pas lu le roman de Pierre Louys ? C’est à Mlle Conchita Monténégro (une jeune Espagnole) que le rôle de Concha a été finalement attribué. Lourde tâche pour une débutante ! (Mais d’abord, y a-t-il vraiment au cinéma, des nouveaux et des anciens ? Il y a peut-être, seulement, ceux qui ont du talent et ceux qui n’en ont pas…).

Rue de la Villette, dans les Studios Gaumont, Maurice Gleize poursuit les intérieurs de Tu m’appartiens. Francesca Bertini, à la plastique toujours impressionnante, évolue dans un décor représentant un bateau. Tout est remarquablement reconstitué et l’atmosphère est si exacte que je crois bientôt ressentir les premières indispositions du mal de mer. Qui dira la puissance d’évocation des réalisateurs de films ?

Au montage, à Billancourt, nous avons trouvé, ciseaux en mains, Marcel l’Herbier qui termine l’Argent, Jacques Feyder préparant aussi le sous-titre fin pour ses Nouveaux messieurs, et Jean Bertin, commençant l’assemblage de La Vocation. Trois œuvres d’importance que nous verrons prochainement et dont la réalisation aura coûté de longs mois de travail.

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

On dit aussi qu’André Hugon va réaliser Le Phalène, d’après Bataille, et que Louise Lagrange serait la principale interprète.

Jean Renoir, cependant, vient de terminer Le Tournoi dans la Cité, (encore un grand film en perspective), pour lequel il a fait d’importantes prises de vues aux fêtes du bi-millénaire de Carcassonne. Les réjouissances qui égayèrent, la cité durant plusieurs semaines, l’été dernier, ne resteront pas sans lendemain. Le film de Jean Renoir nous les fera revivre, et le fameux tournoi de chevaliers nous apportera une belle tradition française. Souhaitons que les images du metteur en scène soient plus qu’un simple récit historique et qu’elle nous donnent l’une des plus belles pages de notre passé.

A Nice, un violent orage a causé d’importants dégâts dans les studios de l’Estérel. Vénus ne fut pas épargnée… (Vénus est le titre du film que tourne Louis Mercanton pour les Artistes Associés avec Constance Talmadge en tête de la distribution). Les studios de Saint-Laurent du Var furent aussi très éprouvés, et Georges Pallu, qui réalise là le Certificat prénuptial, dut avoir recours pendant quelques jours à des moyens de fortune pour certains intérieurs.

Le prochain film de René Clair serait un drame. Après la comédie dramatique, la comédie et la farce, voici le drame. René Clair n’est pas… un timide ; il a raison.

André Berthomieu va tourner un film intitulé : Broadcasting, tiré d’une nouvelle de Maurice de Marsan. Interprète masculin : Thomy Bourdelle. Il est possible que Lilian Costantini soit la vedette féminine. Opérateur : Emile Pierre. Le principal personnage du film est un poste de T.S.F.

Un de nos confrères du Picturegoer, de Londres, ayant demandé à Dolorès del Rio, lors de son récent séjour en Europe, si elle tournerait dans un film parlant, la belle étoile mexicaine a répondu : « Jamais. Je considère la venue du film parlant comme un événement terrible. D’ailleurs pas un seul metteur en scène, pas une vedette, à Hollywood, n’aiment vraiment les « talkies »

A Billancourt. où Frescourt tourne le Comte de Monte-Christo, Jean Angelo (Edmond Dantès), est entouré de J. Toulout, Henri Debain, Gaston Modot, Pierre Batcheff, François Rozet et de Lil Dagover, Mary Glory, Michèle Verly. Les opérateurs sont Rieugel et Barreyre, tandis que M. Armand Salacrou est l’assistant. Le décor représente un très vraisemblable intérieur d’armateur marseillais.

II est question de transposer à l’écran, Six Personnages en quête d’auteurs, de Pirandello. L’auteur dramatique italien partirait lui-même bientôt pour Hollywood.

Mme Bérangère, l’interprète des Mystères de Paris, du Perroquet vert, de Belphégor et de maints autres films, est morte lundi, après une douloureuse maladie. C’était une comédienne habile, consciencieuse, toute dévouée à son art.

Au Studio Gaumont, Jean Choux vient de tourner les dernières scènes de Chacun porte sa croix. Nous avons assisté à une prise de voile dans l’atmosphère sombre d’un couvent. Dans la chapelle, des religieuses passent : Leva Ginelly, la nouvelle, vient de quitter le monde.

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STILLER

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

A-t on suffisamment rendu hommage à l’œuvre de ce grand artiste finlandais qui vient de mourir ?

Le Trésor d’Arne est probablement le sommet de son œuvre ; mais combien d’autres œuvres de classe à côté de ce monument ? Wolo (qui parut en France pendant la guerre), Le vieux Manoir, La Légende de Gosta Berling, Dans les Remous, Les Emigrés.

Comme tant d’autres, l’Amérique le prit ; il réalisa là-bas, entre autres, Hôtel Impérial, avec Pola Negri.

Rude à l’ouvrage, terrible pour les artistes qu’il dirigeait, Stiller donnait quelquefois des preuves du grand cœur qu’il cachait, C’est l’une des plus grandes figures du cinéma suédois qui disparaît. S’éteindront-elles ainsi, une à une, sans que la jeune génération Scandinave reprenne le flambeau porte si haut par ses aînés ?

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

La programmation des salles parisiennes mise en avant dans ce premier numéro de Pour Vous.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Les conseils culturels de Pour Vous pour la semaine du 23 au 29 novembre 1928.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

La déclaration d’intention parue en seconde page du premier numéro de Pour Vous.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Une partie de la prestigieuse rédaction de Pour Vous.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Le recto du numéro 1 de Pour Vous du 22 novembre 1928 avec Jacques Feyder et Gaby Morlay sur le tournage des Nouveaux Messieurs.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

Le verso du numéro 1 de Pour Vous du 22 novembre 1928 avec Brigitte Helm.

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paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

paru dans Pour Vous du 22 novembre 1928

L’encart parue dans L’Intransigeant (à qui appartenait Pour Vous) annonçant ce premier numéro, daté du 23 novembre 1928.

paru dans L'Intransigeant du 23 novembre 1928

paru dans L’Intransigeant du 23 novembre 1928

 

Source : Bibliothèque numérique de la Cinémathèque de Toulouse

Pour en savoir plus :

Retrouvez sur le site de Calindex l’intégralité des couvertures de Pour Vous.

Grâce à la Cinémathèque de Toulouse, retrouvez l’intégralité des numéros de Pour Vous numérisés. J’en profite pour les en remercier. C’est une source inépuisable de matière pour ce site et cela m’évite ainsi de scanner les numéros de ma propre collection. Merci à eux.

 

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