Les entretiens de Damia dans Cinémonde (1928 – 1933)


A l’occasion de la diffusion sur Arte du documentaire de Carole Wrona sur la chanteuse réaliste (et comédienne) Damia le dimanche 22 janvier 2017 (à 17h25), nous en profitons pour mettre en ligne les trois entretiens qu’elle donna à Cinémonde dans les années trente.

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En effet, outre la grande chanteuse de l’entre-deux guerre qu’elle fut, Damia a également été actrice dans quelques films où elle est remarquable. Personnellement, il m’est impossible de l’oublier dans le rôle de la femme lasse dans La Tête d’un homme, ce grand film de Julien Duvivier en 1932.

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Le premier article est un texte qu’elle a écrit en 1928 dans lequel elle évoque le cinéma et le music-hall après sa figuration dans le Napoléon d’Abel Gance dans lequel elle personnifie la Marseillaise.

Dans le second, elle vient de jouer et de chanter le thème principal du film d’Henri Diamant-Berger :Tu m’oublieras.

Et pour finir, dans le troisième elle évoque les débuts de sa carrière et sa manière de concevoir son tour de chant : “dès que j’entre en scène, j’ai l’impression d’évoluer dans une zone feutrée, étanche, d’être dans une sorte, d’état de grâce.”

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Le documentaire “Damia, la chanteuse était en noir” sera disponible en replay durant 7 jours sur le site d’Arte et en VOD.

Bonne lecture et bon visionnage ensuite !

 

Le cinéma chanson de gestes par Damia

paru dans Cinémonde du 9 Novembre 1928

 Cinémonde du 9 Novembre 1928

Cinémonde du 9 Novembre 1928

Après Maurice Chevalier qui nous a fait part de ses projets, et Mistinguett, qui nous a conté ses souvenirs, Mlle Maryse Damia, la célèbre chanteuse réaliste qui a été appelée à tourner deux films et qui est sollicitée en ce moment pour en tourner d’autres, souligne, ici, le rapport de la chanson et du cinéma.

 Cinémonde du 9 Novembre 1928

Cinémonde du 9 Novembre 1928

Je me rappelle la première fois que j’ai tourné, dans Le Lys de la Vie, le film dont la Reine de Roumanie avait écrit le scénario. C’était dans le Midi, où la pauvre Loïe Füller avait emmené son Ecole de Danse, qui devait figurer. Je les accompagnais, mais simplement en touriste.

Elles figuraient bien, ces petites, mais ne pouvaient jouer un rôle. Un jour, il fallut absolument quelqu’un pour tourner une vieille pêcheuse qui dit à une jeune fille de ne pas laisser échapper le bonheur, et lui raconte sa propre histoire, un beau sujet pour une chanson bretonne. On devait la voir jeune, sur le bord d’une falaise, regardant disparaître à l’horizon le bateau qui emportait son amoureux pour ne le lui rendre jamais. Loïe Füller me demanda de tourner ce bout de film. Je l’ai fait.

 Cinémonde du 9 Novembre 1928

Cinémonde du 9 Novembre 1928

Et je suis restée longtemps sans retourner au studio. Les propositions ne manquaient pas, mais l’objectif me fait un peu peur. Je ne sais pas pourquoi ; mais interpréter un film est tellement différent de chanter une chanson, de jouer une pièce. Il ne faut plus, au cinéma, composer un personnage, il faut “entrer dans sa peau”, et surtout, ne pas penser que l’on joue.

Ici, comme dans la chanson, ce sont les silences de gestes où l’on doit chercher tout son effet. Je crois qu’il faut garder longtemps ses expressions, et ne pas les laisser passer en éclair sur le visage ou dans les mouvements, comme au théâtre ; car les expressions sont au jeu de l’artiste de cinéma ce que sont les intonations aux chanteurs, aux acteurs. Savoir écouter, ce qui est une grande qualité au théâtre, en est une plus grande encore sur l’écran ; car, celui qui écoute doit finir de faire comprendre celui qui parle.

Et les gestes ont une énorme importance.

De dos même, il faut pouvoir exprimer ses sentiments, et un simple haussement d’épaule sera aussi significatif à l’écran qu’un “mot” bien dit à la scène.

Je me suis donc dégagée de tout ce que je sais du théâtre, lorsque j’ai interprété, dans le Napoléon d’Abel Gance, La Marseillaise, qui fut inspirée de l’œuvre de Rude. J’aimais cette évocation, toute d’enthousiasme et de folie guerrière. En surimpression, La Marseillaise apparaissait soufflant l’héroisme, dans la grande salle du Couvent des Jacobins, sur le peuple auquel Danton apprenait la martiale chanson. Et lorsque je vis cette scène sur l’écran, je fus émue comme si je ne l’avais pas connue.

 Cinémonde du 9 Novembre 1928

Cinémonde du 9 Novembre 1928

Damia dans Napoléon d’Abel Gance.

Détail : je jouais, dans la même scène, un rôle de femme du peuple, sorte de Mme Sans-Gêne, une simple figuration. Et, dans la surimpression, je traversais, en Marseillaise, mon propre corps. Le cinéma ! Mais il donne des résultats que n’atteindra jamais l’occultisme !

Bientôt, sans doute, je tournerai. Et je serai heureuse de me donner un peu à cet art, où, plus encore que dans un autre, la personnalité est tout.

Mais je n’abandonnerai pas pour lui la chanson, car la chanson est pour moi la vie ; le Cinéma je l’aime et la chanson je l’adore. Le Cinéma ne me donne pas, il faut l’avouer, toutes les satisfactions que prodigue l’art du music-hall.

 Cinémonde du 9 Novembre 1928

Cinémonde du 9 Novembre 1928

Damia chante Les Deux Ménétriers (photo : studio Lorelle. D.R.)

Quand j’entre en scène, dans l’obscurité rayée par les cônes lumineux des projecteurs, j’éprouve une impression de confiance qui fait toujours disparaître le tract qui m’étreint derrière le portant. Je ne vois pas le public, je n’ose pas le regarder, mais je le sens là, je sais que je l’empoigne, il vibre avec moi. Au studio, je suis devant une froide mécanique et quelque effort qu’on fasse pour créer l’ambiance, la mystérieuse communication entre le public et l’artiste, qui permet les grands cris, les gestes vrais, n’est plus là pour les inspirer.

Il faut se suggérer le public, inventer ses réactions et trouver en soi à la fois les ressources de son enthousiasme et les avertissements de sa critique.

 Cinémonde du 9 Novembre 1928

Cinémonde du 9 Novembre 1928

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Damia vient au talky

paru dans Cinémonde du 16 Octobre 1930

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Elle dit à Cinémonde pourquoi elle n’avait jamais voulu, malgré tant d’instances, accepter de tourner un film muet et quelles révélations lui a apportées le cinéma parlant.

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Une chevelure brune indomptée qui flotte au vent, deux yeux intelligents qui reflètent néanmoins une certaine mélancolie, un faciès tourmenté : Damia.

Tous les habitués de music-hall, voire même ceux plus austères de notre seconde Comédie-Française (j’ai nommé l’Odéon) ont été à même d’apprécier le talent si divers et la personnalité si forte de cette belle tragédienne.

Qu’elle chante la Chanson du Fou, La Veuve, La Complainte des Matelots, de Gantillon, ou qu’elle joue Roucha la Rouge aux côtés de Gémier, on ne peut qu’admirer son art si simple et si proche de la réalité.

Bien qu’étant essentiellement « peuple » par sa façon de traduire les sentiments, elle n’est jamais vulgaire et garde dans ses créations, même les plus faubouriennes, une distinction native de gitane, égarée sur une scène parisienne.

Une personnalité aussi forte devait tenter les réalisateurs et, les films parlants réclamant des visages nouveaux et des talents éprouvés, il était fatal qu’un jour ou l’autre on pensât à Damia.

C’est ce qu’a fait Henri Diamant-Berger qui, pour tourner le prologue de son film Tu m’oublieras, lui a confié le rôle (psychologiquement très important) de la jeune vedette qui abandonne la scène par amour.

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Cinémonde du 16 Octobre 1930

A la nouvelle de cet engagement, nous sommes allé voir l’artiste, dans le ravissant appartement qu’elle occupe dans une rue voisine du Bois.

Oui, nous a-t-elle confié, je fais du film sonore et, de plus, ce sont mes débuts au cinéma. Bien entendu je ne compte pas la silhouette de la Marseillaise que j’ai eu à personnifier dans le film de Gance. Cela représentait à peine quelques mètres de pellicule, il m’était impossible de donner la mesure de mes moyens. Le film muet d’ailleurs ne m’enchantait que médiocrement. C’est pourquoi je me tenais éloignée des studios. Je voulais, en effet, chanter dans mes films, et du temps du film muet, cela m’était impossible.

Donc, dès que j’ai été convoquée par M. Diamant-Berger, je me suis laissée séduire par la possibilité que m’ouvrait l’écran qui maintenant parle et chante. Dans Tu m’oublieras, je suis une vedette de music-hall aimée par deux braves hommes, mais qui, pour son malheur, en aime un troisième qui t’oblige à quitter la scène. Je ne veux pas déflorer le sujet et vous laisse la joie de voir la belle réalisation qu’en a faite Henri Diamant-Berger à l’écran.

Au cours du film je chante une valse dont la musique est de Jean Lenoir et qui donne son nom à la bande. De plus, dans la scène de la reconstitution de l’« Européen » en 1910, je crée une nouvelle chanson de Maurice Aubret et Lenoir intitulée La Rosse ; je suis particulièrement satisfaite d’ailleurs de cette chanson. Je murmure également (toujours dans le film et auprès du lit de ma fille) une vieille complainte : Reviens, veux-tu ?

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Cinémonde du 16 Octobre 1930

Que vous dirais-je encore ? Je suis étonnée et complètement conquise par le film parlant et chantant. D’ailleurs, j’ai une longue option avec la firme pour laquelle je tourne actuellement. Mes camarades sont charmants: mon metteur en scène est l’homme le plus aimable que je connaisse et je dois avouer qu’il me laisse faire tout ce que je veux et lorsque je lui demande : « Est-ce bien ainsi ? » Il me répond :

— Vous avez compris du premier coup, et c’est parfait.

Que puis-je demander de mieux ? Je ne souhaite maintenant qu’une chose, c’est que Tu m’oublieras obtienne le succès qu’il mérite, je crois.

Je souhaite encore partager mon temps désormais entre l’écran et le music-hall que je ne veux pas délaisser et auquel je dois ma renommée et mon succès.

Nous sommes persuadés que Damia saura trouver au cinéma, tout comme au music-hall, l’accueil compréhensif et chaleureux que mérite son talent si simple, si vrai, si émouvant…

Robert Salvat

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Damia par Odile Cambier

paru dans Cinémonde du 16 Mars 1933

Cinémonde du 16 Mars 1933

Cinémonde du 16 Mars 1933

Il n’existait guère, pour rencontrer Damia, de cadre mieux choisi que celui d’un quartier populeux. Damia chantant, en attraction, au cinéma du Capitole, à la Chapelle, c’est là que j’étais venue à la recherche de son vrai visage. Le cœur tremblant d’une déception… L’esprit taraudé par des propos d’esthètes et de pseudo-connaisseurs : « Damia ? Mais elle est fabriquée de toutes pièces ! Sa voix, ses gestes, ses intonations, c’est du chiqué ! Il n’y a rien de musical dans ce qu’elle chante,.. Elle flatte un goût bassement populaire, c’est tout . »

Ah ! Damia, combien de fois vous ai-je défendue avant de vous connaître, combien de fois vous ai-je bâti un rempart de mots et d’enthousiasmes contre ces techniciens de l’art qui sont desséchés par leur culture ! Combien de fois ai-je, à cause de vous, remis tout en question et jeté dans la bagarre des idées de jeune animal instinctif qui voulait sentir battre son cœur avant la ratification de son intelligence… Je ne vous avais pourtant pas encore vue de l’autre côté de la barricade, mais je vous devinai.

Et puis, je suis allée vers vous, un soir, par ce boulevard sinistre avec ses piliers de métro, aux recoins d’ombre, ses hôtels borgnes, ses silhouettes basses et fuyantes. Je vous ai trouvée en train de chanter. Derrière un portant, je vous ai vue « dire » l’un de vos plus saisissants succès : La Veuve. Vous étiez en noir, comme toujours, sans un bijou. Je ne voyais de vous que cette longue ligne de votre corps, la masse cuivrée de vos cheveux, vos bras levés, immobiles. Derrière la barrière lumineuse de la rampe, dans une sorte de brouillard pâle, on devinait des têtes dressées. Vous chantiez…

Elle porte le deuil en rouge.
La veuve !

Alors, il y eut des applaudissements, des rappels, votre geste abandonné d’une seconde, pendant que le rideau tombait. Ensuite, ce fut la complainte du Fou, vos bercements de démente :

Elle dort
Sous la bruyère…
Sous la bruyère…

Et, quelques minutes plus tard, dans cette cellule qui vous servait de loge, la découverte de votre voix loin de la scène, de votre rire, de vos yeux. La découverte de votre personnalité humaine…

Vos yeux changeants, verts, gris, bleus, votre visage avide, orgueilleux et amer, je les voyais dans la glace de votre table de maquillage, durement éclairés. Vous égreniez des images de votre enfance, de vos débuts : la naissance à Paris, malgré l’origine vosgienne de vos parents, vos premières années à Rueil, votre indépendance d’alors, demeurée celle d’aujourd’hui. Comment rendre la couleur de ces souvenirs et la verdeur juteuse et charnue de vos paroles ?

Cinémonde du 16 Mars 1933

Cinémonde du 16 Mars 1933

J’étais une gosse insupportable, dont l’unique passion était de f… le camp. Tout m’était bon : le passage d’un cirque, celui d’un régiment. Dès que j’entendais de la musique, je la suivais, jusqu’à ce que mes pieds en sang me forcent à m’arrêter. Ma mère avait coutume de dire : « J’ai passé ma vie à te chercher ! ». Elle la passait aussi à me flanquer des tatouilles pour me faire perdre ce goût des fugues. Mais allez donc lutter contre le tempérament d’un enfant ! Je suivais mon instinct et les gifles que j’ai reçues en nombre incalculable ne m’ont jamais empêchée de rôder autour de toutes les roulottes qui s’arrêtaient sur la place du marché de Rueil, en suppliant leurs occupants de m’emmener avec eux. Malheureusement, j’entraînais ma petite sœur dans ces escapades et, épuisée moi-même, j’étais bien incapable d’assurer son retour à la maison… La route et l’eau me fascinaient : il ne doit pas y avoir un coin des bords de la Seine, entre Rueil et Port-Marly, qui ne m’ait vue toute gosse. Et ces bois de la Malmaison !…

« Inconsciemment d’abord, consciemment ensuite, je n’ai jamais pu supporter l’idée d’être attachée quelque part, enfermée dans une chambre ; j’en ai conservé l’impossibilité absolue d’habiter dans une seule pièce, à l’hôtel, par exemple… Il faut que je puisse sortir, entrer, marcher, échapper à quatre murs.

« Adolescente, je voulais être danseuse ; quand j’appris, à dix-sept ans, que Max Dearly cherchait une partenaire toute jeune pour l’accompagner à Londres et y danser la chaloupée avec lui, j’allai le trouver. Il essaya son numéro avec moi, m’engagea. J’étais tellement souple qu ‘il me pliait en deux, comme du caoutchouc. Il arrivait même souvent qu’à force de me plier, il me tapait la tête par terre !

« De retour en France, un garçon que je connaissais remarqua les tonalités inaccoutumées de ma voix et me fit travailler. Je chantais alors n’importe quoi, n’importe comment, mais à tue-tête, comme j’avais toujours chanté enfant. Plus ça faisait de bruit, mieux ça valait : ni le sens des paroles, ni l’air n’avaient d’importance. Je me souviens qu’à douze ou treize ans, ma chanson favorite faisait allusion au ciel, aux étoiles, et notamment à Vénus se levant à l’horizon. Pendant des mois, j’ai hurlé stupidement :

Fémur se lève à l’horizon

pour Vénus se lève à l’horizon. Un beau jour, je m’entendis prononcer ce baroque fémur que j’avais répété jusqu’alors machinalement… Je fus horrifiée de ma bêtise !

« C’est à ce premier et bénévole professeur que je dois d’avoir abandonné la danse pour le chant. Il m’emmena un soir chez Sacha Guitry, me fit chanter. Le directeur du Petit Casino était là, il m’entendit, m’engagea pour un tour de chant, à raison de trois francs par jour. Au Petit Casino, le directeur de l’Alhambra m’entendit à son tour, me fit venir dans son établissement, Deux mois plus tard, en juin 1910, je faisais l’ouverture du Concert Mayol, à deux cent francs par jour !

« Mes véritables débuts datent pourtant d’avant le Petit Casino : la première fois que j’ai chanté en public, ce fut dans une petite boîte devenue un cinéma: la Pépinière. »

Cinémonde du 16 Mars 1933

Cinémonde du 16 Mars 1933

Le cinéma ! C’est Damia, artiste de cinéma que je suis venue voir, au fond… Elle vient de camper une étonnante figure de vieille épave humaine dans La tête d’un homme, que Duvivier a réalisé avec Inkichinoff et Gina Manès ; elle espère entreprendre bientôt un autre film, en premier plan de la distribution cette fois.

Etre une Pauline Frederick, dit-elle. Etre la femme de quarante ans, qui a vécu, souffert, roulé, qui a de la gueule ! Il me semble que je pourrais faire ça. J’aimerais dessiner dans ma tête et dans mon cœur un personnage vivant, de longue haleine. Les silhouettes que je compose pour mes chansons sont des pochades seulement…

— Comment les préparez-vous ? Il y a tant de symboles dans vos attitudes.

En commençant à travailler une chanson, je n’apprends jamais par cœur les paroles que j’ai à dire. J’absorbe leur sens qui s’incorpore lentement à moi. Quand il s’agit de chanter ensuite, ce n’est plus moi qui agis, mais la seconde personnalité que j’ai ainsi créée. Je crois fermement au dédoublement de l’artiste : dès que j’entre en scène, j’ai l’impression d’évoluer dans une zone feutrée, étanche, d’être dans une sorte, d’état de grâce.

« Préparer mes attitudes ? Ça vient comme ça, instinctivement. Si je devais travailler mes gestes devant une glace, je me trouverais ridicule et je n’oserais jamais ! Et puis, je crois que je rigolerais trop! »

Damia rit. D’un rire cuivré commue ses cheveux. Et elle recommence à parler sans ordre, tout à fait en confiance maintenant. Il n’est pas vrai que les cœurs humains soient toujours impénétrables : l’admiration, une longue affection, la tendresse de l’âme, cela se lit dans les yeux…

Damia parle. D’elle, de ses amis, du cinéma, de ce qu’elle aime, de qui elle aime.

Quand je pense, dit-elle, à toutes les femmes qui souffrent de l’amour sans avoir comme nous la consolation d’un métier… Comment peuvent-elles tenir ? Le meilleur amant, le seul fidèle, le seul qui ne soit pas décevant, c’est le travail. Nous sommes des privilégiées.

Tout sentir, tout aimer : la campagne, l’eau, les maisons qui bougent — roulottes ou péniches — l’amour, le travail, la souffrance, avoir la chance de posséder un art pour métier, ah ! oui, Damia, quel immense et précieux privilège…

Odile D. Cambier

Source : Collection personnelle Philippe Morisson

Pour en savoir plus :

Le page sur le documentaire ‘Damia la chanteuse était en noir‘ sur Arte.

La page biographique sur Damia du site Du Temps des cerises aux feuilles mortes.

Une belle page quoique succinte sur Damia sur le site artistes1940.free.fr.

Inoubliable scène dans La Tête d’un homme de Julien Duvivier dans laquelle Damia chante “Complainte”.

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Damia chante “La Veuve” dont parle l’article de mars 1933.

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La chanson phare du film de Henri Diamant-Berger : Tu m’oublieras.

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Damia chante la version française de Gloomy Sunday, chanté par Billie Holiday, Ray Charles et tant d’autres.

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Enregistrement rare de Damia en 1948 qui présente puis chante sa chanson “La Chaîne”.

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Suite de cet enregistrement avec son titre fétiche “Les Goélands”.

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L’un de mes morceaux préférés de Damia dont le texte n’a rien perdu de sa puissance : “Tout fout l’camp”, enregistré en 1939.

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En 1953, Damia chante le bouleversant “Les Croix”, puis “y’a tant d’amour”, invitée dans une émission de radio par Mouloudji.

 

 

 

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