Les entretiens de Mireille Balin dans Pour Vous et Paris-Soir


Nous avions déjà rendu hommage par deux fois à Mireille Balin, la “femme fatale” du cinéma français à la destinée tragique.

Tout d’abord, avec sa notice biographique que Doringe publia dans le numéro du 31 octobre 1935.

Notice biographique de Mireille Balin (Pour Vous 1935)

Puis, par une série d’articles au titre affreusement ironique publié dans la revue Ciné-Mondial en 1941 :

La Vie Merveilleuse de Mireille Balin (Ciné-Mondial 1941)

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Cette fois-ci, nous avons voulu, avec un retard de quelques semaines, commémorer le cinquantenaire de sa disparition le 9 novembre dernier avec cette série d’articles et d’entretiens parus dans Pour Vous ainsi que dans le quotidien Paris-Soir entre 1933 et 1938.

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A la libération, elle fut violée, battue pour avoir été la compagne d’un officier allemand, comme Arletty, mais elle eut beaucoup moins de chances qu’elle. Sa carrière brillante fût stoppée net et elle finit sa vie dans la misère, ne subsistant que grâce à la charité de l’association La Roue tourne du comédien Paul Azaïs.

Elle meurt à 59 ans, oubliée de tous.

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Les débuts de Mireille Balin

paru dans Pour Vous du 6 Avril 1933

paru dans Pour Vous du 6 Avril 1933

paru dans Pour Vous du 6 Avril 1933

Elle a les épaules larges comme celles des danseuses ciselées dans la pierre des bas-reliefs égyptiens, la taille mince et des yeux couleur de la mer bretonne. Une voix grave comme celle de Greta Garbo — une Greta brune — à qui elle fait songer, qu’elle le veuille ou non…
Son prénom évoque la Provence : Mireille.
Car c’est de Mireille Balin que nous venons vous parler aujourd’hui. L’avez-vous vue dans
Don Quichotte de G. W. Pabst ? Elle y réussit à marquer un rôle de personnalité épisodique.

« Ainsi, à votre tour, vous avez été touchée par la grâce, vous avez voulu faire du cinéma ? lui avons-nous demandé.
Mais pas du tout, je n’ai jamais irrésistiblement eu envie de me voir à l’écran. Mais, j’y songe, peut-être serait-il mieux de dire d’un ton pénétré que j’ai été amenée à la caméra par une impérieuse vocation que j’ai ressenti le mystérieux appel de l’Art, avec un A majuscule et autres balivernes qui me feraient passer pour une créature d’élection… Eh bien, voyez-vous, il n’y a rien de tout cela dans mon cas ! C’est infiniment plus simple. Imaginez-vous que je connais Jean de Limur et qu’il s’est souvenu de moi lorsque Pabst cherchait une nièce pour Don Quichotte. Voilà tout le mystère de mes débuts à l’écran. »

Ainsi, voici une jeune fille moderne, que ses amis, peut-être même quelques-unes de ses amies et les miroirs disent jolie, qui n’a jamais eu envie de faire du cinéma. Surprenant, n’est-ce pas ? Mais laissons-la s’expliquer :

« Sincèrement, le cinéma ne me tentait guère. Je savais combien les studios sont encombrés de filles, toutes plus belles les unes que les autres et qu’il est très difficile de s’y tailler une place même modeste. Comme d’autre part, il m’est très désagréable de solliciter des faveurs… Vous voyez que dans ces conditions ma chance de jamais figurer dans un film était des plus problématiques. J’étais en train de me « rôtir » au soleil de Cannes quand l’appel de Jean de Limur me parvint…

paru dans Pour Vous du 6 Avril 1933

paru dans Pour Vous du 6 Avril 1933

— Et maintenant, êtes-vous conquise ?
Comment ne le serait-on pas quand on a débuté avec un metteur en scène comme M. Pabst ? Si je vous disais que je n’ai jamais eu l’impression de «travailler » ! Pabst m’expliquait ce que j’avais à faire, comme lui seul sait le faire, il me communiquait sa flamme, j’entrais dans le « champ » et j’étais la tendre Maria, nièce du Chevalier à la Triste Figure. Encore maintenant, je ne me rends pas exactement compte que j’ai tourné. Et j’ai éprouvé un sentiment très bizarre lorsque, pour la première fois, j’ai vu mon image sur l’écran. J’étais émue et encore plus surprise… »

Soudain, Mireille Balin consulta sa montre.
« Ma leçon de chant ! s’exclama-t-elle. Il faut que je vous quitte. »

A ce que les metteurs en scène exigent, de leurs vedettes, combien d’entre eux pourraient faire des acteurs sortables ? Leçon de chant, d’équitation, de diction.
La vie des artistes n’est pas une sinécure.
Méditez cela, jeunes filles ! 

Robert-E. Bré

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L’avenir souriant de Mireille Balin

paru dans Pour Vous du 2 Novembre 1933

paru dans Pour Vous du 2 Novembre 1933

paru dans Pour Vous du 2 Novembre 1933

Il est bien rare en ces temps maudits de trouver quelqu’un qui ne se plaigne pas. Partout ce ne sont que jérémiades… et chacun étale ses disgrâces — physiques ou monétaires — avec une emphase qui frise l’ostentation. Aussi se trouve-t-on réconforté par la rencontre de personnes qui, comme Mireille Balin, au lieu de se lamenter, assurent qu’elles sont parfaitement satisfaites de leur sort. Il est vrai que Mireille Balin a été particulièrement comblée par les dieux, qui l’ont dotée d’un fort beau physique et qui ont dessiné sur son front l’étoile de la fortune.

Promue vedette de cinéma presque malgré elle, elle a confirmé depuis ses qualités d’artiste que Pabst avait découvertes en elle. Dans moins d’un an, elle a tenu deux rôles importants, dans Don Quichotte et dans Le Sexe faible, et elle vient de terminer un nouveau film, L’Ecole des civils, dont elle est la vedette féminine. Que pourrait-elle souhaiter de mieux ? C’est ce que nous sommes allés lui demander, sûrs que ses désirs se réaliseraient un jour.

Dans son coquet appartement de la rue Spontini, Mireille Balin nous accueille fort aimablement et la conversation s’engage à bâtons rompus. Elle nous rappelle ses étonnants débuts dans le cinéma quand elle reçut un télégramme de Pabst la conviant à venir à Nice pour tenir le rôle de la duchesse dans Don Quichotte.

« Depuis, j’ai tourné dans Le Sexe faible et dans L’Ecole des civils que l’on a terminé hier soir.
« Vous dire mes projets ? Je n’en ai guère. J’ai des choses en vue, mais je ne peux pas en parler.

— Ne songez-vous pas à suivre l’exemple de quelques-unes de vos camarades qui font du théâtre entre deux films ?
Non, je n’en ai nulle envie. D’ailleurs, je suis trop timide pour paraître devant toute une salle. Le public m’impressionne. Je ne tremble pas devant une caméra, bien au contraire. J’oublie très aisément que je « tourne », ce qui n’est pas possible au théâtre. Et puis, au théâtre, on peut avoir des défaillances et le public ne vous les pardonne pas. Enfin, je ne pourrai jamais me résoudre à jouer une pièce tous les soirs pendant des mois et des mois. Cela doit être terriblement déprimant et ennuyeux. »

Henri Philippon

paru dans Pour Vous du 2 Novembre 1933

paru dans Pour Vous du 2 Novembre 1933

Mireille Balin, la femme nue retrouvée

paru dans Pour Vous du 17 Mai 1934

paru dans Pour Vous du 17 Mai 1934

paru dans Pour Vous du 17 Mai 1934

Comme je m’enquérais auprès de la concierge de l’appartement de Mireille Balin, une voix amusée dit derrière moi : « Inutile de chercher plus loin, me voilà ! » C’était en effet la charmante actrice, les bras encombrés de précieux vases de Chine.

« Vous arrivez à point, avec votre interview, me dit Mireille Balin en riant. Je suis en plein déménagement, et encore mon installation n’est-elle pas définitive. D’ici deux mois, je prends un appartement sur la rue, dans la même maison, heureusement. »

Nous étions arrivés à l’ascenseur et y pénétrâmes après maintes précautions. Au cinquième, les mêmes formalités se reproduisirent. Enfin, avec des gestes lents, les vases sont déposés dans un coin du salon. Et j’interviewe :

— Je viens de voir votre dernier film, On a trouvé une femme nue. Permettez-moi de vous dire que je vous y trouve en grand progrès.

Merci du compliment et, pour être aussi sincère que vous, je vous dirai que c’est le film que je préfère. C’est celui où mon rôle est le plus proche de ce que je voudrais faire. Dans Le Sexe faible, par exemple, on me faisait jouer un rôle de petite fille pleurnicheuse : ce n’est pas ma nature. Et je me rappelle Siodmak, le metteur en scène, qui me disait sans cesse : « Rentre davantage la tête dans les épaules… Personne ne croira que tu as du chagrin sans ça… allons, encore, toujours… Là maintenant tu peux sangloter, ça va. »

« Je suis tout d’abord d’une taille trop grande pour jouer les femmes martyres, et ensuite ça n’est pas mon tempérament.

— Racontez-moi vos souvenirs sur On a trouvé une femme nue.

Tout s’est très bien passé, sans histoires extraordinaires. Sauf, évidemment, pour les scènes où je me promène nue. Car les besoins de l’action ont réellement exigé que j’adopte cette tenue. Pas moyen d’y échapper, de truquer les scènes ; c’était à prendre ou à laisser. Ma foi, j’ai pris. Et vous pensez bien que tout le studio savait d’avance les jours où on devait tourner ces passages. Aussi les indiscrets étaient nombreux, les curieux se cachaient dans tous les coins. Mais Joannon se montra à la hauteur : il fut impitoyable et fit le désert sur le set. Ainsi, à part le froid de loup qui régnait et qui me glaçait littéralement, je n’ai rien de bien sensationnel à vous raconter. Mais vous-même, dites-moi ce que vous pensez du film ?

— L’histoire est amusante et le film plaît. J’ai aimé votre rôle et la façon dont vous l’interprétez, car vous arrivez à remettre sur le plan humain des scènes de pur vaudeville. Votre simplicité et votre naturel en sont la cause.

C’est gentil ce que vous me dites là. J’ai essayé en effet de jouer aussi « rentré » que possible à côté d’acteurs parfaits comme Saturnin Fabre. Son rôle, il l’a chargé comme son personnage le demandait et très souvent je me sentais intimidée par les extrêmes auxquels il allait. Alors, je tâchais de prendre mon air le plus naturel pour dissimuler ce que je pourrais appeler de la gêne. »

— Vos projets ?

Partir en croisière : Portugal, Espagne, Maroc. Ce sera d’ailleurs une année de voyages pour moi. L’Egypte et les îles de la Méditerranée avant mon film, un autre voyage après.

— Et le cinéma ?

Je vous en parlerai à mon retour !

— Entendu et bon voyage !»

George-Louis George

paru dans Pour Vous du 17 Mai 1934

paru dans Pour Vous du 17 Mai 1934

Mireille Balin voudrait incarner l’une des ‘Demi-vierges’

paru dans Pour Vous du 1 Août 1935

paru dans Pour Vous du 1 Août 1935

paru dans Pour Vous du 1 Août 1935

« Vous avez une certaine chance de me trouver ici, me dit Mireille Balin. Je dois partir en vacances très bientôt.

— Deauville, la Côte d’Azur ?

Je ne sais pas encore. »

Puis, avec un joli sourire :

« Je déciderai cela à la dernière minute. »

La pièce où nous bavardons est très vaste, claire au possible, avec quelques taches sombres dues à un piano, à un tapis et aussi à un portrait de la vedette par le peintre Marino.

Mireille Balin a tourné Don Quichotte, Le Sexe faible, Vive la compagnie, On a trouvé une femme nue, Si j’étais le patron et enfin Marie des Angoisses. De toutes ces productions, je crois qu’il faut surtout retenir, outre la dernière, Don Quichotte et Si j’étais le patron. Ils nous ont apporté diverses faces d’un véritable talent de jeune première. Le dernier, surtout, nous a incontestablement prouvé que l’artiste travaillait ses rôles selon des indications précises ; celles du metteur en scène et peut-être du scénariste. Pouvions-nous rêver autrement Marie de Quersac ?

« J’ai aimé ce rôle, me dit Mireille Balin, mais je ne l’ai pas aimé sur un même plan que les autres. Dans Marie, il y avait un tel caractère, de tels sentiments à extérioriser !… Pourtant ce personnage m’a semblé bien ingrat. Sa personnalité est imprécise, à peine définissable. Je me suis trouvée devant une femme qui n’avait aucun des caractères que l’on se plaît à accorder à l’une ou à l’autre. Cette femme n’était ni fatale, ni sensuelle, ni ingénue.

« Je me suis efforcée d’en faire une composition. C’est cela même : une composition.

« Je lis beaucoup et particulièrement les romans de Marcel Prévost. Et je voudrais bien qu’on adapte à l’écran la Maud des Demi-Vierges.

« L’avez-vous lu ? Je me sens attirée par ce personnage.

paru dans Pour Vous du 1 Août 1935

paru dans Pour Vous du 1 Août 1935

— Cette suggestion portera peut-être ses fruits. Une artiste telle que vous, complètement acquise à l’écran, doit lui devoir quelques avantages d’ordre artistique.

Des avantages… des joies aussi. Je sais ne considérer que le côté amusant du cinéma. Mais je l’aime surtout parce qu’il est souvent éducateur — à condition d’avoir un peu de logique en soi. Mais une logique sans prétention.

— Voilà qui fait plaisir à entendre. Des projets ?

— Je dois tourner en août un film dont le titre n’est pas encore arrêté.

Pierre Berger

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L’article suivant sur Mireille Balin s’intitule “Etre Belle” (11 juin 1936) que nous n’allons pas retranscrire vu son peu d’intérêt.

paru dans Pour Vous du 11 juin 1936

Mais pour vous donner une idée, voici un autre du même style, paru en 1937 :

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Avec Mireille Balin chez la modiste

paru dans Pour Vous du 20 Mai 1937

paru dans Pour Vous du 20 Mai 1937

paru dans Pour Vous du 20 Mai 1937

J’ai eu le plaisir, dernièrement, d’accompagner Mireille Balin, la délicieuse vedette de « Pépé Le Moko », chez sa modiste. Comment la charmante artiste choisit-elle ses chapeaux ? Se laisse-t-elle guider par la créatrice ou bien est-ce elle, au contraire, qui impose son goût personnel ?

Mireille Balin me confie :

« J’aime avant tout la simplicité. Les feutres à larges bords s’harmonisent avec ma coiffure. Comme j’ai beaucoup de cheveux, je les porte demi-longs et flous, aussi faut-il que j’en tienne compte en choisissant mes chapeaux.

« Dans mon prochain film « Gueule d’amour » (que je vais tourner dès la semaine prochaine) je porterai un adorable bibi ; tenez, le voici ! »

La jolie jeune femme me montre un feutre grège ressemblant à un casque colonial, doublé de cuir vert, assez long sur la nuque, et cachant en partie ses épaisses boucles couleur de cuivre.

Tout en continuant d’essayer, Mireille Balin me dit :

« Vous devriez conseiller à vos lectrices d’adopter, comme je le fais, un type, aussi bien pour leurs robes que pour leurs chapeaux.

« Dans la journée je n’aime que les feutres stricts et très clairs ; blancs, crème, ou grèges, d’allure un peu masculine. Je trouve  que les bords plus ou moins inclinés mettent infiniment plus en valeur les yeux que les bords relevés.

— Vous n’en portez jamais ?

Non, c’est dur eu visage et malséant. Cependant, avec mes ensembles habillés, tailleur de cocktail ou robe de thé, j’aime mettre de minuscules calots. Je les fixe très en arrière sur la tête et les aime largement agrémentés de voilettes. La voilette ronde retombant en souplesse tout autour de la tête est, à mon avis, le complément indispensable du chapeau habillé. J’ai par contre horreur de ces bibis fleuris que tant de femmes arborent aujourd’hui. Cela peut sans doute embellir une personne dont la coiffure est faite de boucles collées mais, moi, avec mes cheveux épais, un de ces chapeaux jardins ne pourrait que me rendre ridicule ! »

Gisèle de Biezville

paru dans Pour Vous du 20 Mai 1937

paru dans Pour Vous du 20 Mai 1937

Pour finir, nous vous proposons ces quelques articles sur Mireille Balin parus dans le quotidien Paris-Soir de 1933 à 1938..

Le « départ » foudroyant de Mireille Balin

paru dans Paris-Soir du 21 octobre 1933

paru dans Paris-Soir du 21 octobre 1933

paru dans Paris-Soir du 21 octobre 1933

Qui connaissait, il y a un an à peine, Mireille Balin ? Personne ! Se connaissait-elle elle-même ? Non plus, puisque l’idée qu’elle pût avoir un talent artistique quelconque, ne lui était encore jamais venue.

paru dans Paris-Soir du 21 octobre 1933

paru dans Paris-Soir du 21 octobre 1933

Cependant, lorsqu’au mois de mars dernier, parut sur l’écran le fameux « Don Quichotte », de Pabst, ce film où, dans le rôle de la nièce du célèbre chevalier, la jolie Mireille Balin faisait ses débuts, il y eut, dans les milieux intéressés, deux courants d’opinions diamétralement opposés : les uns reprochaient à Pabst d’avoir confié un rôle important à une quasi-débutante, les autres considéraient au contraire Mireille Balin comme la révélation de l’année.

Avant de tourner « Don Quichotte », me disait-elle encore l’autre jour, dans un bar des Champs-Elysées, je n’avais jamais eu la moindre intention de faire du cinéma, lorsque je fis par hasard la connaissance de Jean de Limur qui me présenta à G. W Pabst et me fit engager dans la version française de « Don Quichotte ». Inutile de dire que, depuis, séduite par le cinéma, je ne veux plus entendre parler d’autre chose.

— Et depuis « Don Quichotte », qu’avez-vous fait ?

J’ai tourné dans « Adieu les beaux jours », avec Jean Gabin et Brigitte Helm, ainsi que dans « Le Sexe faible », au côté de Victor BoucherOn vient du reste de présenter ce dernier film à la presse. Je viens de commencer un nouveau film, dont le titre est « Vive la compagnie », où je joue un rôle genre « vamp ». Nous avons tourné ces jours-ci, un peu partout aux environs de Paris, des scènes très amusantes, où Noël-Noël, pour lequel j’ai une très grande admiration, s’est montré étourdissant de brio. Et puis c’est la première fois que je tourne un film gai.

Jeune et jolie, Mireille Balin peut faire, à l’écran une très belle carrière. Le cinéma français a besoin de rénover ses cadres, de sortir des vedettes nouvelles. Espérons que la sympathique Mireille Balin justifiera largement les espoirs que son jeune talent, ses grands yeux et son sourire ravissant suscitent, en même temps que beaucoup de « sympathy-appeal ».

S. S.

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Mireille Balin nous parle de « Marie-des-Angoisses »

paru dans Paris-Soir du 2 mai 1935

paru dans Paris-Soir du 2 mai 1935

paru dans Paris-Soir du 2 mai 1935

Est-ce pur hasard, coïncidence, ou mystérieuse influence ? Mireille Balin, qui sera la farouche et inquiétante Marie des Angoisses, habite rue Spontini, comme tant d’héroïnes chères à Marcel Prévost.

Dans un petit salon éclairé de tableaux et de fleurs, elle m’entretient de sa future incarnation. Quand elle parle, le visage de Mireille Balin, a le curieux pouvoir de demeurer impassible. Seuls ses yeux lumineux expriment nettement résolument le fond de sa pensée, ce qui ajoute encore à son charme énigmatique.

Je me passionne pour mon rôle ! prononce-t-elle avec flamme. Il possède de la personnalité, du piquant, de l’originalité. Marie-des-Angoisses est volontaire, énergique, pitoyable, humaine, enfin tout ce que peut rêver une comédienne adorant le cinéma, ce qui est mon cas. D’ailleurs tous les interprètes de cette belle œuvre, même les plus petits, ont leur caractère particulier, bien déterminé, admirablement défini. Cela nous change agréablement des films, où exception faite des principaux acteurs, les autres ne sont que fadeur et banalité.

« Pour la première fois je jouerai un personnage dramatique et j’aurai le plaisir de chanter une « habanera » due au talentueux compositeur, Jane Bos. Je ne suis pas faite pour les rôles comiques dont on m’a gratifiée jusqu’ici. Maintenant je n’accepterai plus que des créations me plaisant complètement, humaines avant tout, quels que soient les sentiments extériorisés. C’est une erreur de se limiter dans un genre gai ou triste. Il n’y a pas au monde un être follement joyeux, qui n’ait ses instants de mélancolie, il n’existe pas de tempérament lugubre ne connaissant pas des moments de détente.

Jany Casanova

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Mireille Balin est engagée pour Hollywood

paru dans Paris-Soir du 23 juillet 1937

paru dans Paris-Soir du 23 juillet 1937

paru dans Paris-Soir du 23 juillet 1937

L’Amérique va-t-elle nous dépouiller complètement ? C’est presque au rythme de une par mois que nous apprenons maintenant qu’une vedette française est engagée pour tourner dans les studios d’Hollywood.

Hier, c’était Georges Rigaud. Aujourd’hui, c’est Mireille Balin. La colonie française sera bientôt la plus nombreuse dans la capitale cosmopolite du cinéma.

L’engagement de Mireille Balin constitue un événement d’importance, du fait que c’est la première fois que la Metro-Goldwyn-Mayer engage une artiste française pour interpréter des films anglais.

— Le contrat que vous avez signé est-il de longue durée ? avons-nous demandé à Mireille Balin en la félicitant.
Une durée illimitée. Je m’embarque au Havre le 1er octobre. Mais j’ai pris soin de faire stipuler dans le contrat qu’il me serait accordé tous les ans trois mois de vacances en France.

— Vous parlez couramment l’anglais ?
Je le comprends un peu ; mais d’ici le mois d’octobre, j’ai le temps de me perfectionner dans cette langue. Du reste, la M.G.M. me laissera pendant trois mois sans rien faire pour me familiariser avec l’Amérique, son dialecte, sa nourriture et ses habitants.

Plusieurs fois déjà, Mireille Balin a refusé d’aller tourner en Amérique.

Cette fois, la proposition est trop belle pour ne pas y répondre avec enthousiasme. Songez que mon contrat stipule avec précision l’importance des rôles qui me seront confiés. Et surtout, surtout, songez que je pourrai revoir Paris tous les ans. C’est magnifique ! 

paru dans Paris-Soir du 23 juillet 1937

paru dans Paris-Soir du 23 juillet 1937

— Et d’ici le 1er octobre, que ferez-vous ?
Je dois partir à Naples, où je serai la partenaire de Tino Rossi dans « Naples au baiser de feu », sous la direction d’Auguste GeninaPuis, le 10 septembre, je vais passer quelques jours à Londres : je reviens à Paris choisir mes robes, et je pars vers la grande aventure. 

D’où nous souhaitons tous que notre compatriote sorte victorieuse.

Georges Cravenne

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3 JEUNES STARS FRANÇAISES PARTENT POUR LA GRANDE AVENTURE

paru dans Paris-Soir du 1 août 1937

paru dans Paris-Soir du 1 août 1937

paru dans Paris-Soir du 1 août 1937

MIREILLE BALIN qui fut mannequin, posa pour des photographes publicitaires. avant de trouver le succès.

MICHELE MORGAN qui, à trois ans, découpait dans les journaux les photos d’artistes et, a quatorze ans, quitta sa maison pour conquérir la gloire.
BLANCHETTE BRUNOY filleule de Georges Duhamel, qui est engagée pour Hollywood sans avoir jamais paru sur l’écran.

Elles sont trois jeunes filles.

Voici leurs visages, surpris chacun dans l’éblouissante immobilité d’une expression : c’est l’autoritaire, la rusée et la tendre. Mais quelque chose les lie, une sorte de parenté dans l’attente : leurs yeux — ces yeux fardés et si naturels des stars — sont fixés au delà de nos murs, de notre ciel et de notre continent vers un même point : elles sont trois jeunes filles qui regardent vers l’Ouest et qui écoutent chanter en elles l’appel de Hollywood..
Mireille Balin, Michèle Morgan et Blanchette Brunoy viennent en effet de recevoir toutes trois le câble magique, dicté en son bureau de verre par quelque dieu du cinéma, qui les convoque à  déployer leurs talents et leurs grâces de petites Françaises dans la cité des artifices où le sourire même doit s’inscrire dans la courbe imposée par le redoutable code du sex appeal. Toutes trois, le cœur battant, se préparent à cette consécration solennelle. Et, au fond d’elle-même, un peu inquiète, chacune se demande : « Dans mon passé — passé de vie ou d’écran — quel signe a-t-il donc distingué, ce dieu d’Amérique, ce puissant entre les puissants qui a vu les plus grandes vedettes écouter ses ordres avec la docilité de petites filles, pour me choisir, moi Mireille, moi Michèle, moi Blanchette ? Et que va-t-il advenir de ce voyage ? »

A travers l’Atlantique couvert de brumes, vogueront, enfermées en trois silhouettes de jeunes filles, bien des angoisses mêlées à beaucoup de joie. Mais si la modestie des élues les empêche de connaître pourquoi Hollywood les appelle, à nous, peut-être, pour percer l’énigme, suffira-t-il de les considérer chacune un moment dans sa grâce, dans son caractère, dans sa vie.

paru dans Paris-Soir du 1 août 1937

paru dans Paris-Soir du 1 août 1937

MIREILLE BALIN, UN GARÇON MANQUE

Mireille Balin, qui a débuté à l’écran en 1934 est la plus connue des trois artistes-enfants, et sa vie est elle-même une belle histoire pour un film mi-gai, mi-tendre.

Mireille est née à Monte-Carlo en 1912. Son père était Français, sa mère Italienne. C’est à ce mélange de sang que la petite fille dut, sans doute, avec ce charme florentin qui lui donnait l’air et les gestes d’un vivant Donatello, la vivacité toute latine de ses passions. On eut beau, dès neuf ans, selon la tradition des bonnes familles aussi bien d’Italie que de France, placer la petite Mireille en pension : après un ou deux ans de tranquillité — l’être arraché à son foyer se repliait sur lui-même et apprenait silencieusement à connaître les étrangers qui l’entouraient :— ce fut une explosion extraordinaire : « Je ne m’explique pas moi-même, dit Mireille Balince qui vint bouleverser ma nature. Je me changeai tout à coup en démon. » La petite fille qui avait joué à la poupée se transforma en joueuse enragée de football. L’enfant sage en classe imagina des farces monumentales et devint la terreur de ses surveillantes. Ni les reproches, ni les conseils, ni les prières n’agirent sur cet être sauvage, éclatant d’une force trop vive. L’adolescence de Mireille fut proprement un enfer.

Mireille a gardé de ce temps-là quelques anecdotes édifiantes. Un jour, la directrice du pensionnat était attablée avec quelques amis chez elle, autour du café. On discutait à mi-voix de ces graves questions sans issue qu’adorent les pédagogues. Tout à coup, un fracas épouvantable, des bris de vaisselle, des cris d’horreur. Le lustre venait de s’effondrer sur l’aimable assistance, réduisant en miettes le service à café de la malheureuse directrice et couvrant de taches les invités. L’un de ceux-ci se tenait la tête à deux mains : le ballon de la terrible Mireille, cause du désastre, l’avait par ricochet aux trois quarts assommé.

Il est amusant aussi qu’une des jeunes femmes dont le charme est le plus sûr, dont le goût est sans défaut, eut l’adolescence la plus éloignée qui fût de la coquetterie. Mireille Balin, à douze ans, quand on lui offrit sa première robe longue (en dessous du genou), poussa des cris :
Moi ? J’aurais l’air d’une fille !

Il lui fallait absolument ressembler à un garçon. Elle roulait ses bas pour en faire des chaussettes. Une fois, elle cousit sa jupe par le milieu afin d’en faire un pantalon. Et mille autres sottises, mêlées heureusement de beaux moments — ses séances de musique en particulier — la portent en 1928. Elle a seize ans ! Jeune fille déjà jolie, mais malhabile encore à jouer de son charme, elle sort de pension.

La vie s’ouvre belle pour Mireille, belle et dorée : car son père est un industriel aisé qui, pour se faire pardonner, peut-être, ces longues années d’internat, comble sa fille de cadeaux. Mais voici  1929 et son cortège de ruines. Brusquement, la fortune de M. Balin est engloutie. La jeune fille, qui n’a appris aucun métier, se trouve tout à coup, près de parents désespérés, pauvre.

« JE SERAI QUELQU’UN »

C’est à cet instant, sans doute, qu’il faut chercher la réaction première, cette façon fière d’engager sa vie qui marquera tout son avenir. Mireille voit son bonheur évanoui. Elle ne pleure pas, elle se cabre.
Je travaillerai, je serai moi-même quelqu’un.

En attendant, courageuse, elle accepte la première place libre : elle devient mannequin dans une grande maison de couture. Puis, comme sa beauté s’affirme, tout à coup émouvante sur ce visage enfantin et déjà grave, des photographes la prient de poser, et, sans doute, sur les pages des magazines à la mode, sur les affiches publicitaires, avons-nous surpris, dès ce temps-là, son visage sans savoir que nous allions le retrouver, enrichi des mille expressions que sait créer de lui-même l’artiste.

Et comme si au travail répondait la récompense, voici que s’est levée la chance de Mireille Balin. Elle est seule au restaurant, elle est fatiguée, elle est un peu triste. Maintenant, la coquetterie est venue et Mireille a bien peu d’argent pour acheter ces jolies choses qui lui iraient si bien. Perdue dans sa rêverie, elle ne voit point deux messieurs qui, à une table voisine, la regardent avec insistance, un magazine à la main. Elle est bien près de les renvoyer vertement, lorsqu’ils lui demandent son nom, son adresse, mais elle reste clouée par la surprise quand elle lit, sur la carte qu’un dîneur lui remet, le nom d’un metteur en scène qu’elle admire : « Jean de Limur ».

Le surlendemain, Mireille Balin, présentée à Pabst, est devenue la nièce de « Don Quichotte ».

Et puis, la voici lancée dans le Sexe faible, Vive la Compagnie !, On a trouvé une femme nue, Si j’étais le patron, Marie des Angoisses, Le Roman d’un Spahi, Gueule d’Amour. Demain, ce sera Naples au baiser de feu. Après demain. »

Après demain, avec son cuisinier français,, son chauffeur, ses trois skyes-terriers, Mireille Balin confie aux magnats d’Amérique sa beauté précieuse. L’ancienne enfant qui jouait au garçon marche, avec l’énergie d’un homme, vers la suite brillante d’une vie qui n’a point toujours souri.

*

Mireille Ballin quitte Hollywood

paru dans Paris-Soir du 13 février 1938

paru dans Paris-Soir du 13 février 1938

paru dans Paris-Soir du 13 février 1938

(DE NOTRE ENVOYE SPECIAL PERMANENT)
HOLLYWOOD, 12 Février.

Mireille Balin, la belle vedette de « Pépé le Moko » et de « Gueule d’Amour », signait au début de l’hiver un magnifique contrat pour Hollywood et, ravie de cette consécration, elle partait peu après pour la ville du cinéma, pleine d’espoir, attendant beaucoup de cette expérience nouvelle.

Or, voici qu’après un séjour de quelques mois en Californie, Mireille Balin annonce qu’elle veut rentrer en France, sans tourner, parce qu’elle s’ennuie à Hollywood.

Non pas un ennui léger de jeune femme transplantée qui regrette quelques habitudes, mais un ennui grave, qui atteint sa santé, né de l’atmosphère irrespirable d’une ville.

Ici, tout gravite autour du cinéma. C’est le pays du travail et de l’argent. Comment résister ? On perd petit à petit sa personnalité et le sens des valeurs réelles. Je frémis à l’idée de la réadaptation qu’il me faudra faire lorsque je quitterai un jour Hollywood pour me retremper dans la vie normale de Paris.

« Hollywood, c’est une cité de puritains, une stupide potinière qui épie les gens et bâtit des romans impossibles sur deux êtres qui sortent ensemble par hasard ! 

« Voilà ce qu’est Hollywood et on y étouffe ! 

« Je veux revenir en France »

« Ma santé me donne des inquiétudes. Moi qui aime la vie plus que tout, devant cette atmosphère sans gaieté et ce climat sans saison, je perds ma joie et mon enthousiasme. Je lutte pour me sauver, parce que je ne veux pas devenir une « star » comme celles d’ici qui ne sont plus que de luxueux automates. Je veux vivre, aimer, respirer et rire, malgré Hollywood et ses dollars.

Je me suis trompée sur Hollywood. Ce n’est pas seulement la ville des mirages, c’est comme le disait Maurice Chevalier un ring de boxe.

Harold J. Salmson

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“J’étais méconnaissable, après mon premier maquillage à Hollywood” nous dit MIREILLE BALIN qui va tourner dans “Macao, enfer du jeu”.

paru dans Paris-Soir du 4 mai 1938

paru dans Paris-Soir du 4 mai 1938

paru dans Paris-Soir du 4 mai 1938

Bien que les circonstances l’aient empêchée de faire aucun film à Hollywood, elle est revenue de là-bas toute auréolée d’une gloire nouvelle, et les producteurs se la disputent pour leurs nouvelles productions.

A peine vient-elle de terminer La Vénus de l’or qu’on la voit en ce moment sur le plateau du studio de Montsouris.

Quatre films en quatre mois

Tout de suite après ce film, Mireille Balin tournera dans Macao, le film de Maurice Dekobra, puis probablement dans Météore 39 et dans Terre de feu. En somme, un beau programme auquel s’ajouteront vraisemblablement encore d’autres films.

On a raconté beaucoup de choses sur mon passage dans la capitale du cinéma. On a dit que si je n’avais rien tourné, c’était parce que ceci, parce que cela. Bref, parce que je n’avais pas plu aux Américains ! 
» Mais ce document, que je tiens à vous montrer, coupe court, je crois , à tous ces « cancans ». Je suis vraiment partie d’Hollywood parce que mon état de santé l’exigeait, et la meilleure preuve, c’est que le nouveau contrat que m’a signé Louis Mayer lui-meme, stipule que je pourrai retourner là-bas dès que je le pourrai ou le voudrai. Jamais aucune artiste étrangère n’a été traitée de la sorte. Ce document, j’y tiens ! »

Et, tandis que je jette les yeux sur ce contrat, qui expire le 31 décembre 1939, Mireille Balin me raconte le premier contact qu’elle eut avec les cinéastes américains.

La première visite qu’on lui fit faire au studio fut pour le maquilleur.

En arrivant dans les salons de maquillage, raconte Mireille, je fus dévisagée de haut en bas par plusieurs hommes à grandes blouses blanches.
» Oui, très bien, me dirent-ils, mais il faut rabaisser et rallonger un peu vos sourcils. Il faudrait aussi agrandir votre bouche mais votre front est un peu trop grand ; nous vous mettrons une  perruque pour le rapetisser. Ah ! Et puis, vos yeux aussi sont un peu trop en biais. Asseyez-vous, nous allons arranger tout cela ! 

paru dans Paris-Soir du 4 mai 1938

paru dans Paris-Soir du 4 mai 1938

Je ne me suis pas reconnue

» Je n’avais rien d’autre à faire qu’à obéir. Pendant quatre heures, je suis restée sur mon fauteuil, littéralement assaillie par le maquilleur, le coiffeur, leurs aides, leurs assistantes. Eh bien, croyez-moi, quand, ce supplice terminé, je me suis regardée dans la glace, je ne me suis pas reconnue ! J’étais devenue une autre femme… une star style américain. sans aucun des défauts qui font, en quelque sorte, ma personnalité.

» Et quand, le lendemain, on présenta ma photo à Louis Mayer : – Mais qui est-ce, demandai-t-il, je n’ai jamais engagé « ça » !
» Il ne me reconnaissait pas, lui non plus ! Et je vous jure qu’en voyant ces épreuves, j’eus moi-même une très forte envie de pleurer. »

Georges Cravenne

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“La pire des femmes peut dissimuler de réelles vertus” nous dit Mireille BALIN, qui sera une espionne sensible dans “Le Capitaine Benoît”.

paru dans Paris-Soir du 15 décembre 1938

paru dans Paris-Soir du 15 décembre 1938

paru dans Paris-Soir du 15 décembre 1938

A cause de ses beaux traits réguliers et de son élégance native, on offre toujours à Mireille Balin de jouer les femmes fatales, ces créatures irrésistibles qui, avec indifférence, traînent les coeurs  après elles. Mais tant qu’on n’a pas vu le visage de Mireille Balin s’étonner, sourire ou rire avec une adorable expression de petite fille malicieuse, on ne connaît point encore les possibilités de cette actrice intelligente, qui sait garder à travers les complications quotidiennes tout son bon sens et sa personnalité.

Dans quelques jours, nous la verrons devenir espionne dans Le Capitaine Benoît, un film de Maurice de Canonge, inspiré des œuvres populaires de Charles-Robert Dumas.

Jean Murat incarne le superbe capitaine Benoît, lequel eut déjà affaire, lors de réalisations antérieures, à de séduisantes conspiratrices : Véra Korène, Renée Saint-Cyr, Viviane Romance.

Comme la plupart de celles qui m’ont précédée, je tombe amoureuse du célèbre capitaine, membre actif du Deuxième Bureau, me confie Mireille Balin.

Vêtue de satin rose, les cheveux libres de toute attache, elle se blottit sur un divan avant de poursuivre :

Le capitaine Benoît ayant épousé Madeleine Robinson dans L’Homme à abattre, je dois, au dénouement, me résigner à mon triste sort, c’est-à-dire oublier cet impossible amour et redevenir 
honnête ! 

» Aucun tableau n’est poussé au noir dans ce film d’action mouvementée, comme le public les aime, à en juger par leurs succès. Certaines scènes ne sont pas dénuées d’humour. Par exemple celle où Jean Murat, en plein bal, met le pied sur ma traîne afin de m’empêcher de commettre un crime abominable. A un autre moment il découvre — à ma grande confusion — un stylet dissimulé dans un odorant bouquet de violettes.

paru dans Paris-Soir du 15 décembre 1938

paru dans Paris-Soir du 15 décembre 1938

— Vous êtes sans doute une espionne non encore très convaincue ?

Les hasards de la vie m’ont fait tomber entre les mains d’une bande de terroristes oustachis, lesquels en veulent, au prince Jean MercantonIls profitent des facilités que peut avoir, pour lier connaissance avec des gens intéressants, une jeune femme livrée à elle-même sur la Côte d’Azur.

» J’aime cette manière humaine d’envisager les choses ! On a beaucoup abusé de ce mot facile : « humain » ; cependant, il traduit à merveille les hésitations, les sursauts, les repentirs d’un être  dont le « climat » normal n’a pas encore été situé.

» Je n’admets pas les personnages tout d’une pièce : la meilleure des femmes peut avoir ses instants de faiblesse et la pire dissimuler des vertus réelles.

» Rien n’a pu me faire plus de plaisir après Gueule d’amour, que de recevoir des lettres de spectateurs me disant en conclusion : « Au fond, cette aventurière était plutôt victime de son destin que foncièrement pervertie ».

Jany Casanova

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Source :
Pour Vous : Bibliothèque numérique de la Cinémathèque de Toulouse
Paris-Soir : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Pour en savoir plus :

L’entretien passionnant de Pierre Philippe : MIREILLE BALIN, ou vous avez aimé cette femme… paru dans Cinéma 61 (septembre 1961) et retranscrit sur le blog Mon Cinéma à Moi.

Le site sur Mireille Balin.

L’article de Françoise Giroud, Une Femme Fatale, paru dans L’Express du 18 novembre 1968.

La biographie de Mireille Balin sur le site de l’Encinémathèque.

La page Facebook Mireille Balin le documentaire fiction.

La chronique Mireille Balin, l’une des plus belles actrices des années 1930-1940 sur France Inter par Dominique Besnehard (25 février 2018).

Un beau diaporama avec de nombreux documents sur Mireille Balin.

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La bande-annonce de Pépé le Moko de Julien Duvivier.

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La bande-annonce de Gueule d’amour (version restaurée) de Jean Gremillon.

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Extrait de Macao l’enfer du jeu de Jean Delannoy avec Erich von Stroheim.

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