Dans notre série consacrée aux salles de cinéma en France (cf ici), nous avons voulu nous écarter de tout parisianisme en nous intéressant à une salle de la banlieue parisienne, le Cyrano à Versailles qui existe toujours ! (au 7 rue Rameau, 78) mais pour combien de temps encore ? (cf ici).
D’après cet article, il s’agissait en 1929 de l’une des plus belles salles de France, après le fameux Paramount de Paris. Le Cyrano avait été inauguré en 1928.
Bonne lecture !
Le Bel effort d’un directeur de cinéma français
paru dans Cinémonde du 4 juillet 1929
Sait-on que Versailles possède l’un des plus beaux théâtres cinématographiques de France, le plus moderne sans doute, le mieux aménagé après le Paramount de Paris ? Il nous paraît intéressant de donner quelques détails sur ce bel établissement.
La façade, d’une architecture très pure, est construite entièrement en briques blanches et a été décorée par le maître Le Roy de Versailles.
La grande salle de théâtre et de cinéma peut contenir 2.000 spectateurs. L’entrée principale donne accès à un vaste vestibule flanqué, à droite et à gauche, d’un escalier conduisant à ceux galeries. L’orchestre est placé en contre-bas avec coffre de résonance afin d’obtenir une acoustique parfaite. La visibilité est excellente de toutes les places. La projection se fait horizontalement, à 20 métres, d’une cabine en ciment armé, très spacieuse, comportant trois appareils et une lanterne de projections fixes.
La salle, qui a été décorée par l’éminent artiste Laurent Heilbronn (Il doit s’agir de Lorant-Heilbronn. ndlr), a été aménagée de telle façon qu’elle peut servir à la fois comme cinéma-écran de 22 mètres carrés — et de théâtre — la scène étant spécialement disposée dans ce but. Un foyer spacieux, dans lequel se trouve un bar américain, est à la disposition du public pendant les entractes et un petit salon a été aménagé en fumoir. Les dégagements sont nombreux et vastes et un incendie est pratiquement impossible. La charpente, entièrement composée de fer et de ciment armé, joint la robustesse a cet énorme avantage pour un théâtre : l’incombustibilité.
Il va sans dire que l’équipement électrique de ce palace est en rapport avec son luxe intérieur. La façade est éclairée au néon et la pourvue de jeux d’orgues à quadruple effet. L’électricité alimente le moteur nécessaire au chauffage et à la ventilation, qui sont des plus perfectionnés. Dans la salle, c’est un air pur, filtré, maintenu à température régulière, chauffé en hiver, rafraîchi en été, bien hygro-métré en toutes saisons, qui vient donner aux spectateurs l’impression de respirer dans la meilleure des stations climatériques. Et une légère brise, issue du pourtour du cadre de scène apporte, chaque seconde, huit à neuf mètres cubes d’air frais qui assurent le renouvellement continu de l’atmosphère.
Cette brève description donne une idée du remarquable effort accompli par M. V. Petipas, propriétaire du « Cyrano. » C’est un magnifique exemple donné, dans le domaine de l’exploitation cinématographique, et le succès est venu récompenser une si intéressante initiative.
Une clientèle, jusqu’alors rebelle — la bourgeoisie de Versailles est parmi les plus provinciales et les plus conservatrices — a été gagnée au cinéma et cela vient à l’appui de la thèse que nous avons toujours défendue ; donner au public des salles spacieuses et confortables pour l’attirer et le retenir au cinéma. Souhaitons que l’exemple de M. Petipas soit suivi et que les directeurs épris de modernisme reçoivent tous les encouragements qu’ils méritent.
Gaston Thierry
Source : Collection personnelle Philippe Morisson
Pour en savoir plus :
Le site internet du Cyrano.
Une page sur le Cyrano sur le site sallesdecinemas.blogspot.fr
magnifique volonté de sauver et faire renaitre ce lieu construit avec intelligence et amour.
Dieu merci on est bien loin des multiplexes !