Une nouvelle venue MILA PARÉLY (Pour Vous 1936)


Il y a quelques jours, c’était un 14 janvier 2012, nous quittait Mila Parély, née Olga Perzinsky, celle qui jouait le rôle de Geneviève de Marras dans La Règle du jeu de Jean Renoir (l’un des grands films du cinéma français).

Nous avons donc voulu rendre hommage à cette comédienne qui fut inoubliable autant dans une comédie comme Circonstances atténuantes  de Jean Boyer, que chez Sacha Guitry (Remontons les Champs-Élysées, Donne-moi tes yeux ), et bien évidemment comment l’oublier dans le rôle de Félicie, la soeur de Josette Day, dans La Belle et la Bête de Jean Cocteau.

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Malheureusement, elle mit fin à sa carrière à l’âge de 34 ans, pour des raisons personnelles, avec Le Plaisir de Max Ophüls (même si elle reviendra épisodiquement au cinéma et à la télévision).

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Nous avons donc trouvé dans Pour Vous, un premier article alors qu’elle n’a que 18 ans. Elle évoque son expérience à New York dans l’école de cinéma de la Paramount et ses projets. Puis, un second en 1938 où elle se plaint d’avoir à supporter “un terrible handicap”, elle a “un trop grand petit nom”, vous comprendrez en le lisant.

Il n’y aura pas d’autres entretiens avec Mila Parély dans cette revue.

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Nous avons quand même trouvé l’unique couverture dont elle eu l’honneur en 1939 (voir ci-dessous).

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Bonne lecture et à suivre !

 

Une nouvelle venue MILA PARÉLY

paru dans Pour Vous du 18 juin 1936

paru dans Pour Vous du 18 juin 1936

paru dans Pour Vous du 18 juin 1936

« Savez-vous que j’ai été à l’école avec Fred Mac Murray ? » me dit Mila Parély.

Comme je m’étonne, elle précise :

« A une école de cinéma, à New-York. Lorsque je suis arrivée en Amérique, j’ignorais presque totalement l’anglais. Or, j’y étais allée pour faire du théâtre et j’en fis tout de suite. Dans la première pièce, je parlais un charabia qui amusait les gens, et dans la deuxième, où je parlais déjà mieux, je jouais une Polonaise (je crois vous avoir dit que je suis née en France, mais de parents polonais). Mais comme j’étais mineure on me mit dans une école de théâtre et cinéma, où j’apprenais la comédie, le drame, etc. C’était l’école de la Paramount et les cours avaient lieu au sixième étage ; au premier étage du même building, il y avait l’orchestre de Paramount qui répétait. Parmi les musiciens, il y avait un jeune saxophoniste qui s’appelait Fred Mac Murray. Un jour on lui fit jouer un solo : lorsqu’il fut éclairé par la lumière des projecteurs, on lui trouva un visage expressif. « Faites venir ce boy au sixième » dit un des directeurs. On le fit donc travailler et le hasard voulut même que nous jouions une scène ensemble, à titre d’essai. Maintenant, lorsque je le vois en vedette sur les écrans, je songe au temps où il était mon camarade de classe. C’était un temps bien difficile — je suis sûre que peu de gens se doutent du travail que doivent fournir en Amérique ceux qui veulent vraiment arriver. J’y ai fait beaucoup d’expériences et je pense écrire un livre qui décrira tout cela, toutes ces difficultés, toutes ces misères…

Quand on entend parler Mila Parély, on a l’impression qu’elle possède déjà une profonde connaissance de la vie. Pourtant, elle n’a que dix-huit ans (dix-neuf en octobre, m’a-t-elle confié) et toutes les raisons pour être pleine d’espoir dans l’avenir.

« Quand avez-vous commencé à faire dû cinéma ?

A l’âge de seize ans, un petit rôle dans Liliom : j’étais l’ange-dactylo. Mais j’avais déjà fait du théâtre : à quinze ans, j’ai débuté dans Lysistrata, à Bruxelles.

— Était-ce une… vocation ?

Je le crois, car toute petite je m’amusais à m’attifer et à faire des grimaces devant la glace. Mes parents ne m’encouragèrent pas dans cette voie et me firent faire des études. Mais, brusquement, le malheur arriva : ils perdirent toute leur fortune dans une affaire de bourse : du jour au lendemain j’étais pauvre. On proposa à mes parents de me laisser faire du théâtre… vous savez le reste.

paru dans Pour Vous du 18 juin 1936

paru dans Pour Vous du 18 juin 1936

— Et après Liliom ?

— Cartouche. Et deux jours après avoir terminé ce dernier, je partais pour l’Amérique où, en plus du théâtre, j’ai fait aussi des tours de chant avec Rudy Vallée et Paul Whiteman. A mon retour d’Amérique, j’ai fait Valse royale, Pattes de mouche et Les Jumeaux de Brighton.

— Des projets ?

En attendant de tourner un film au mois d’août, je me perfectionne dans le chant et la danse, je fais un peu de sport… Et puis, je rêve au jour où j’aurai assez d’argent pour vivre six mois par an à la campagne, au milieu des vaches et des poules… Croyez-vous qu’il existe un plus grand bonheur ? 

Marguerite Bussot

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MILA PARELY

servante de Marat dans “Remontons les Champs-Elysées”

paru dans Pour Vous du 27 juillet 1938

paru dans Pour Vous du 27 juillet 1938

paru dans Pour Vous du 27 juillet 1938

Elle est mince, son visage est modelé d’une façon caractéristique, elle ne ressemble à personne mais il ne faudrait pas grand’chose, un truquage léger dans le maquillage, pour la faire ressembler à Katherine Hepburn.

Si vous saviez comme je voudrais jouer des rôles dans le genre des siens !… Tantôt dramatiques, tantôt fantaisistes, tantôt nette ment comiques… Je sais très bien que je le pourrais, que je pourrais jouer des rôles de fantaisie comme Arletty… des secrétaires drôles mais sans vulgarité, comme Una Merkel… C’est difficile, ici… Je voudrais tellement., je ne sais comment vous dire cela… je voudrais ne pas être cantonnée dans les « petites poules » !…

Elles sont nombreuses celles que « les petites poules » exaspèrent et lassent : Colette Darfeuil, Thérèse Dorny… On comprend que Mila Parély souhaite ne pas entrer dans cette voie : une fois que les producteurs vous y ont fait pénétrer, rien ne les persuadera plus que votre vraie route est ailleurs ! Une Irène Dunne, une Katherine Hepburn, une Ginger Rogers ont le droit de changer. En Amérique !

paru dans Pour Vous du 27 juillet 1938

paru dans Pour Vous du 27 juillet 1938

Pour l’instant Mila Parély, bonnet phrygien en tête, est la servante de Marat et sort de la Convention. Si j en crois le scénario, cette servante fut vraiment bonne à tout faire…

Je supporte un terrible handicap, j’ai un trop grand petit nom ! Les gens disent : « Mila Parély ? Mais il y a cinq ans qu’elle tourne ! On la connaît trop… et pas assez… » Tout de même, à vingt et un ans, si on a le courage de faire une croix sur ses débuts sur ses erreurs, et de débuter à nouveau, il ne doit pas être impossible de se faire une voie ? Mais mon nom, trop peu connu pour être utile, l’est trop pour me permettre de re-débuter dans de bonnes conditions. J‘ai du métier pourtant, j ai passé deux ans à l’école Paramount de cinéma à New-York, et je vous assure qu’on y travaille et qu’on y apprend la profession.

Doringe

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paru dans Pour Vous du 21 juin 1939

Mila Parély en couverture (verso) du Pour Vous du 21 juin 1939

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Source : Bibliothèque numérique de la Cinémathèque de Toulouse

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Pour en savoir plus :

La notice biographique sur Mila Parély sur le site de l’Encinémathèque.

L’article MILA  PARELY Un charme venu d’ailleurs sur le site Les Gens du Cinéma.

L’hommage à Mila Parely sur le site L’aide-memoire.

La Bande-annonce du documentaire “Mila, un reflet de soleil sur les nuages” avec Mila Parély.

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La bande-annonce de La Règle du Jeu de Jean Renoir.

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