Ladislas Starewitch, Le Roman de Renard (Cinémonde 1929)


C’est dans le n°60 daté du 12 décembre 1929 de la revue Cinémonde que parait cet article sur le pionnier du cinéma d’animation Ladislas Starewitch au moment du tournage de son chef d’oeuvre : Le Roman de Renard.

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Nous publions cet article à l’occasion de l’exposition au Musée de Nogent-sur-Marne « LA FABRIQUE DU CINEMA Une histoire des studios dans le Val-de-Marne » (du 2 février 2016 au 31 mai 2017). En effet, cette exposition (sur laquelle nous reviendrons) présente plusieurs marionnettes de Ladislas Starewitch ainsi que ses films sur bornes de visionnage.  La raison est simple, Ladislas Starewitch s’était établi à Fontenay-sous-Bois (dans le Val-de-Marne) dès 1924 et y avait créé son propre studio.

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Même si l’article de Cinémonde écrit Starevitch, nous avons changé son orthographe tel qu’il est communément admis, avec un “w” au lieu d’un “v” : Ladislas Starewitch.

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Pour finir, signalons que malheureusement Le Roman de Renard ne sortira en France que bien plus tard en… 1941.

 

 

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

Les Poupées animées deviennent sonores

Ladislas Starevitch, le patient réalisateur de nombreux films, dont les interprètes sont … des poupées, va tourner un film sonore inspiré du long poème du XII° siècle, Le roman de Renard.

Ce ne sera point son premier film sonore, car La Petite Parade, bande muette tirée du conte d’Andersen : Le brave petit soldat de plomb, va être « sonorisée ».

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

— Comment concevez-vous la partie sonore de vos films ? demandons-nous à Starevitch.
Les paroles, et très souvent la musique, seront stylisées. Je m’explique. dorsque, au début du Roman du Renard, on verra les grenouilles manifester leur joie d’assister au renouveau de la nature, on entendra ces paroles : « Beau printemps ! beau printemps ! » prononcées d’une voix qui rappelle quelque peu le cri de ces animaux.
« Il en sera de même pour l’accompagnement musical. Quand on verra un chien, qui semble gronder, le spectateur entendra une sorte de roulement de tambour qui imitera ce bruit ; le braiment de Maître Aliboron sera rendu par des notes de violoncelle, la surprise du renard, par un saxophone, etc…
« A côté de cela, la partie musicale de mes films comportera de véritables morceaux composés spécialement pour ces œuvres. De plus, pour Le Roman du Renard, des parties du Carnaval des animaux de Saint-Saëns seront sans doute introduites dans l’adaptation musicale, d’enregistrement des bruits, des paroles et de l’adaptation musicale, que l’on entendra en voyant mes productions, sera fait non sur pellicule, mais sur disques.

 

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

— Etes-vous satisfait de réaliser maintenant des films sonores ?
Pas entièrement. Je suis obligé de délaisser certains effets visuels, que j’aimais, pour en obtenir d’autres, moins agréables à l’œil que les précédents, mais qui permettent d’utiliser certains bruits vraiment frappants, le son a donc parfois la primauté sur l’image.
« Je précise du reste qu’il ne faudra nullement comparer La Petite Parade, mon premier film sonore, au second, Le Roman du Renard, le scénario de ce dernier film a été découpé en vue de faire une œuvre sonore et parlante ; tandis que La Petite Parade est un film muet, que l’on pourvoit aujourd’hui d’une partie sonore nullement prévue lors de sa réalisation.
« De plus, Le Roman du Renard est un grand film de 2.000 mètres, alors que La Petite Parade est une bande assez courte.
« Jusqu’à présent, les poupées, dont je m’étais servies dans tous mes films précédents, étaient de très petite taille. Il n’en sera plus de même maintenant… »

… Et Starevitch nous montre les futurs interprètes du Roman du Renard : le plus grand d’entre eux, le Lion, mesure près d’un mètre.

 

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

« Les têtes de ces poupées étant assez grandes, poursuit Starevitch, je pourrai souvent les montrer en premier plan. Ces acteurs auront des jeux de physionomie qui feront comprendre aux spectateurs ce qu’ils pensent. Aussi Le Roman du Renard ne comportera pas de sous-titres.
« Utilisant maintenant des interprètes de bien plus grande taille que ceux de mes autres films, — notamment La Petite Parade, — je devrais tourner dans un studio assez vaste et avec des décors et des meubles de dimensions très supérieures aux précédentes. »

Un homme pourrait en effet s’asseoir sur le trône du roi Lion, que me présente Starevitch.

« Le Roman du Renard comprendra quelques scènes tournées avec des acteurs vivants. Ils représenteront les hommes tels que les voient les animaux. Il va sans dire que les paysans apparaissent comme des êtres malfaisante au loup, au Renard, etc. » Le jeu des artistes ou figurants sera volontairement très simplifié.

 

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

— Où tournerez-vous ces scènes vraiment « humaines » ?
Aux studios de Billancourt et en Bretagne.

— Dans combien de temps aurez-vous achevé Le Roman du Renard ?
Dans huit mois. Mais la préparation et l’exécution de ce film auront demandé quatorze mois. »

Louis Saurel

Cinémonde du 12 décembre 1929

Cinémonde du 12 décembre 1929

Source : Collection personnelle Philippe Morisson

Pour en savoir plus :

Le site officiel sur Ladislas Starewitch.

Le site du Musée de Nogent-sur-Marne.

[youtube width=”420″ height=”315″]https://www.youtube.com/watch?v=MeX_vF3l54w[/youtube]

Le générique de début du Roman de Renard.

[youtube width=”420″ height=”315″]https://www.youtube.com/watch?v=gcznvlBTQFk[/youtube]

Un extrait du Roman de Renard : Miaou.

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